Visite à Cuba : le pape François condamne plus durement le capitalisme que le communisme, regrettent des opposants

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L’affirmation de son « respect » à l’égard du tyran communiste Fidel Castro, la rencontre qu’il eut avec lui et le caractère très sibyllin de ses critiques (si tant est qu’il y en ait eues…) à l’égard du communisme cubain a suscité de nombreuses interrogations à propos du pape François. « Comment se fait-il qu’il condamne si durement le capitalisme… mais que nous ne voyons jamais une pareille condamnation du communisme athée ? », demande le P. Cutié, ancien prêtre catholique et opposant cubain installé à Miami.
 
Les critiques émanent bien souvent des Etats-Unis, ce qui suffit aux yeux de beaucoup à les disqualifier comme symptomatiques de l’ultralibéralisme.
 

Les opposants au communisme « contenus »

 
Il n’empêche. Les discours du pape François à Cuba n’ont en rien écorné le régime responsable aussi bien de décennies de misère et de totalitarisme qui ont fait souffrir tout ce qui, dans l’île pourtant paradisiaque, n’était pas de la Nomenklatura propre à tout régime communiste, que de la persécution des catholiques. L’« accident » suspect qui coûta la vie au dissident Oswaldo Paya semble avoir été passé par pertes et profits, et les « Dames en blanc » qui souhaitaient rencontrer le pape lors de sa visite ont été « contenues » à la manière communiste. Elles ne demandaient pourtant pas que le pape change la réalité cubaine – seulement un peu de « solidarité »
 

Les « reproches de fond » adressé par le pape François lors de sa visite à Cuba

 
La Croix – comme d’autres médias conformistes – a décelé des « reproches de fond » adressés au régime par le pape lors de ses discours à Cuba, « avec délicatesse » précise le quotidien. Ainsi son salut adressé à « tous ceux que, pour des motifs variés », il ne pourrait « rencontrer » devient une mise en cause du régime qui a écarté des dissidents.
 
Dans l’avion qui l’amenait aux Etats-Unis, les paroles du pape François n’ont pas conforté cette interprétation : expliquant qu’il n’y avait eu aucune audience, et que la nonciature l’avait bien clairement annoncé au préalable, il a dit à propos des dissidents http://infocatolica.com/?t=noticia&cod=24921 qu’il ne savait pas si certains d’entre eux avaient assisté à ses prestations publiques. « Je ne sais pas s’il y en avait ou s’il n’y en avait pas », a-t-il répondu : « Aucun ne s’est identifié. » Aimerait-il rencontrer des dissidents ? « J’aime rencontrer tout le monde, je considère d’abord que toute personne est enfant de Dieu et y a droit », a-t-il répondu.
 
Mais il y eut bien une audience : la rencontre « cordiale » avec Fidel Castro, dont on chuchote parfois qu’il serait en voie de conversion. Mais la chose n’est pas établie et, interrogé sur le fait de savoir si le vieux dictateur avait manifesté quelque repentir, le pape François a répondu : « Le repentir est quelque chose de très intime, qui regarde la conscience. »
 
Certes. Mais il a aussi insisté sur le caractère « informel, spontané » de la rencontre. « Nous n’avons parlé que du collège de jésuites et comment ils le mettaient au travail. Après nous avons beaucoup parlé de l’encyclique Laudato si’. Il est très intéressé par le thème de l’écologie et il est préoccupé par l’environnement. »
 
Bref, ils se sont bien entendus sur le sujet qui domine aujourd’hui la marche vers la supranationalité et la réglementation universelle. Est-il impertinent de faire le parallèle avec le rôle de Cuba dans le bloc supranational communiste et sa prétention à tout régenter ?
 
Cette amitié affichée choque, et la volonté diplomatique de ne pas aggraver la situation des catholiques à Cuba ne suffit pas à l’expliquer.
 
La volonté de rendre obsolète les étiquettes n’est pas mieux reçue par ceux qui vivent encore en leur chair l’oppression communiste. Le pape a déclaré dimanche : « On ne sert pas les idées, on sert les personnes. » Comme critique, c’est léger, et comme dénonciation d’une idéologie aux millions de victimes, c’est plus qu’insuffisant.
 

Raoul Castro s’associe aux condamnations du capitalisme de François

 
Si Raoul Castro l’a accueilli en rendant gloire aux critiques qu’il a exprimées contre le capitalisme en prônant le « changement des styles de vie, de production et de consommation », c’est qu’il y a trouvé un écho réel. Il est vrai que le communisme n’a pas son pareil pour soumettre le peuple à l’austérité grise et à la diminution de la production et de la consommation…
 
Devant les jeunes Cubains, le pape a lancé un appel à « ne pas nous enfermer dans les immeubles étroits des idéologies ou des religions ».
 
S’enfermerait-on dans la religion catholique ?
 

Anne Dolhein