Vladimir Poutine annonce que la Russie peut décider du redéploiement de ses forces vers la Syrie si nécessaire

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Le président russe Vladimir Poutine, lors d’une réunion au Kremlin, à Moscou, le 17 mars 2016.

 
Le retrait des forces russes de la Syrie a pris tout le monde de court, mais leur redéploiement sur le sol pourra se faire « en l’espace de quelques heures » si la Russie l’estime nécessaire, a déclaré Vladimir Poutine jeudi, ajoutant que les bases russes sur le terrain sont bien protégées.
 
Il s’exprimait au cours d’une cérémonie solennelle à la gloire des militaires russes qui ont pris part à la campagne aérienne en Syrie, saluant leur « efficacité » et assurant que l’opération avait créé les conditions indispensables au processus de paix.
 
Le désengagement reste relatif puisque par la même occasion Poutine a confirmé la volonté de la Russie de « soutenir le gouvernement légitime de la Syrie ». Renseignement et appui aérien restent à l’ordre du jour, tout comme l’aide financière, la fourniture d’armes et la formation militaire.
 

La Russie de Vladimir Poutine reste actrice en Syrie

 
C’est notamment dans le domaine des frappes aériennes que la Russie reste en état d’alerte – c’est du moins ce qu’entend faire comprendre le président russe en déclarant que toute situation qui le justifierait verrait une réponse éclair de l’aviation russe appuyée sur « tout l’arsenal » dont dispose la force militaire qu’il commande. « Nous ne souhaitons pas en arriver là car l’escalade militaire n’est pas notre choix, et c’est pourquoi nous faisons confiance au bon sens de toutes les parties, a l’engagement des autorités (de Damas) et de l’opposition quant au processus de paix », a déclaré Poutine.
 
Ìl s’agit notamment de « riposter » aux agressions à l’encontre du personnel militaire russe sur place, quelle qu’en soit l’origine. D’après les paroles du président russe, on comprend qu’il vise en particulier les Américains et leurs alliés : « Nous agissons en accord avec les normes internationales fondamentales, personne n’a le droit de violer l’espace aérien souverain. Un mécanisme efficace pour prévenir les incidents aériens a été mis en place avec la partie américaine, mais tous les partenaires en ont été avisés et savent que nos systèmes de défense aérienne seront déployés contre toute cible que nous considérerions comme une menace pour les membres des forces russes. J’insiste : il s’agit de n’importe quelle cible. »
 
Où la Russie incarne le pouvoir souverain syrien…
 

Le redéploiement des forces aériennes russes vers la Syrie peut se faire en quelques heures

 
Poutine, assurant que Damas possède maintenant une armée suffisamment renforcée pour « conduire une offensive victorieuse contre les terroristes », a salué « la retenue, le désir sincère de paix et la volonté d’arriver à un compromis » de Bachar el-Assad. Celui-ci ne combattra plus les groupes armés de l’opposition syrienne, a-t-il assuré.
 
Bref, tout en affirmant la profonde entente entre le régime syrien et la Russie, Poutine s’accorde tout le bénéfice d’une éventuelle amélioration sur le terrain à la suite du cessez-le-feu conclu fin février. Il faut dire que les événements et les choix des Etats-Unis et de leurs alliés lui auront servi cela sur un plateau, avec une sorte de légitimité pour prendre des décisions en Syrie, indispensable « regard » de la Russie sur la Méditerranée.
 
Aux prises avec le désastre économique provoqué par la chute des cours du pétrole, la Russie doit composer dans le même temps avec des caisses qui se vident. L’opération syrienne a coûté quelque 480 millions de dollars, a précisé Poutine, fournis pour l’essentiel par le ministère russe de la Défense qui a alloué des fonds destinés à la formation en 2015 à son financement.
 
Il faut croire que l’objectif est atteint : asseoir le rôle de la Russie en Syrie. La question de l’Etat islamique et des réfugiés, c’est tout autre chose.
 

Anne Dolhein