Vladimir Poutine choisit un très proche, Vyacheslav Volodin, comme président de la Douma

Vyacheslav Volodin président Douma proche Vladimir Poutine
 
Le président russe, Vladimir Poutine, a pris acte de l’importante victoire de son parti, Russie unie, aux dernières élections législatives, et semble bien vouloir pousser son avantage. Il vient de nommer un de ses très proches amis et conseillers, le directeur délégué du cabinet du Kremlin qui avait été précisément chargé de l’organisation de la surveillance du scrutin, au poste influent de président de la Douma : à 52 ans, Vyacheslav Volodin reçoit ainsi une promotion notable qui fait dire à certains que Poutine vient de l’adouber comme son successeur. Volodin reçoit en tout cas un pouvoir visible, après avoir été, pendant cinq ans, l’architecte de la politique intérieure russe qui s’est caractérisée par un resserrement du pouvoir.
 

Vladimir Poutine imposte Vyacheslav Volodin comme président de la Douma

 
En fait, ce n’est pas Poutine qui a directement nommé le nouveau président de la chambre basse. Il a plutôt demandé aux législateurs de l’élire lors de la première session du Parlement qu’il a convoquée en urgence, comme l’y autorise la constitution, avant le 5 octobre. Vendredi, lors d’une rencontre avec les chefs des partis parlementaires et les responsables de l’élection, il a précisé qu’il venait de nommer l’ancien président de la Douma, Sergueï Naryshkine, à la tête du service du renseignement étranger, le SVR. Affirmant avoir le plein accord du Premier ministre Dimitri Medvedev pour la nomination de Volodin, il a insisté pour dire que les députés devaient en prendre la responsabilité. Mais alors que Russie Unie a obtenu 343 sièges sur les 450 que compte au total la Douma, l’issue de cet épisode ne fait aucun doute, le parti s’étant dit prêt à obtempérer. Poutine a la situation bien en mains.
 
Si le Parlement se réunit en urgence, c’est pour finir de boucler et de voter le budget d’État, tâche que le précédent parlement n’avait pu mener à bien avant sa dissolution. Ce sera donc sous un allié fidèle de Vladimir Poutine, au terme d’un processus électoral dont les responsables eux-mêmes ont reconnu qu’il avait été entaché d’irrégularités avérées, certaines étant même « graves », mais pas assez significatives toutefois selon eux pour justifier la mise en cause du résultat. Le taux de participation était quant à lui extrêmement bas, fruit, selon la responsable de la Commission des élections centrales, d’une campagne d’information insuffisante. Mais cela non plus ne change rien.
 

La Douma sommée d’adouber un homme du pouvoir de l’ombre

 
Avec sa majorité prépondérante et un président qui fut un si proche collaborateur, Poutine assoit son pouvoir en choisissant parmi un cercle d’intimes un peu remanié, qui a vu d’anciens alliés perdre de leur influence au profit de « jeunes loups » fidèles. Volodin, en particulier, va trouver dans sa nouvelle position une occasion de montrer de quoi il est capable, lui qui a travaillé à la réorganisation du système des partis politiques russes, à la surveillance des élections et aux relations du Kremlin avec les régions.
 
Volodin est notamment présenté comme le maître d’œuvre de la loi de 2012 obligeants des entités indépendantes à s’enregistrer comme « agents étrangers » dès lors qu’ils reçoivent des fonds non russes au profit d’une « activité politique » largement définie. Devant le refus de nombre de groupes qui pouvaient entrer dans ces nouvelles catégories de remplir leurs obligations, le Parlement russe devait décider en 2014 de les enregistrer sans leur consentement. Parmi eux, de nombreux groupes de gauche de militantisme LGBT ou de défense des droits de l’homme, mais les groupes religieux sont également des cibles potentielles.
 
Selon FoxNews, Volodin, qui est entré en politique en 1990 après une carrière d’universitaire, est également la tête pensante qui a travaillé sur des lois sanctionnant sévèrement les participants à des manifestations interdites.
 

Lois contre les manifestations et contre les associations étrangères : le rôle de Vyasheslav Volodin

 
Tout cela est à mettre en perspective avec les déclarations de Poutine, vendredi dernier, devant les leaders des partis qui ont obtenu des représentants à la Douma. A cette occasion, il a regretté l’effondrement de l’Union soviétique : « Vous savez ce que je pense de l’effondrement de l’Union soviétique, il n’était absolument pas inévitable. Une transformation était possible, y compris de nature démocratique. » Il répondait aux observations du chef du parti communiste – 43 sièges dans la nouvelle formation de la Douma – qui venait de dire à Poutine que celui-ci avait deux fois plus d’autorité que le secrétaire général du parti à l’époque soviétique et deux fois plus que le président des Etats-Unis. « Votre pouvoir est si grand qu’il ne devrait pas servir les intérêts d’un seul parti », a déclaré Guennadi Zyuganov. Venant d’un communiste, cela laisse rêveur. Retenons simplement que le contrôle du pouvoir, ça le connaît…
 
La réponse de Poutine au leader communiste est intéressante. L’actuel président russe n’aurait pas vu le mauvais œil que le parti communiste d’avant 1991 réorganise l’Union soviétique pour assurer sa pérennité. « Je veux souligner que le parti communiste avait la charge de notre précédente patrie, l’URSS, et personne d’autre », a-t-il ajouté. Manière de justifier la prépondérance de son propre parti qui ne se pose pas en ennemi, on le comprend, de ce qu’était la Russie soviétique.
 

Anne Dolhein