Wikileaks lâche de nouveaux emails : où John Podesta parle de « jeter » les courriels de Clinton sur Benghazi

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WikiLeaks augmente la pression sur Hillary Clinton : dans une nouvelle fournée d’emails mis dans le domaine public, on constate comment son directeur de campagne, John Podesta, écrivait en mars 2015 à l’équipe « Team Clinton » : « Nous allons devoir jeter ces courriels… mieux vaut le faire et le plus tôt sera le mieux. » On était à deux jours de l’injonction adressée à Hillary Clinton par la commission spéciale de la Chambre des représentants des Etats-Unis sur Benghazi. Le même jour, le New York Times avait sorti l’affaire de l’utilisation d’un serveur privé par la candidate à la présidence alors qu’elle était à la tête du département d’État, poste clef pour la sécurité des Etats-Unis.
 
Dès cet instant-là, alors que le New York Times soulignait déjà que Mme Clinton n’avait pas utilisé d’adresse mail officielle pendant ses quatre années comme secrétaire d’État, et que ses assistants n’avaient pris aucune mesure pour archiver ses échanges, en contravention avec les règles fédérales, l’équipe de campagne était visiblement inquiète de ce que l’on pourrait trouver sur ses serveurs personnels et cherchait à effacer des échanges potentiellement gênants.
 

Les emails de Wikileaks mettent en cause John Podesta et Hillary Clinton

 
Si Hillary Clinton a cherché à se protéger en refusant de soumettre aux archives des échanges hautement sensibles que par ailleurs elle n’a pas pris la peine de sécuriser, son équipe a donc voulu prendre les devants pour éviter que l’on ne découvre son action comme celle de la candidate.
 
Il était urgent d’agir puisque le 4 mars 2015, deux jours après ce courriel de Podesta, Clinton se voyait sommée de transmettre tous les documents et communications ayant transité par ses adresses personnelles et relatives à l’affaire de Benghazi sur la période 2011-2012.
 
Cherchait-t-elle à gagner du temps ? Hillary Clinton ne s’exécuta pas, allant jusqu’à affirmer que personne ne lui avait adressé d’injonction. La commission parlementaire a riposté le 18 juillet 2015 en publiant le texte de l’injonction que dans un premier temps elle n’avait pas voulu rendre publique, apportant la preuve que l’ex-secrétaire d’Etat avait menti. Le communiqué, aussi ferme qu’agressif, accusait celle-ci d’avoir gravement manqué à l’obligation de communication de ces documents qui lui incombait avec ou sans injonction de la commission d’enquête, soulignant que Mme Clinton avait déjà délibérément détruit les courriels à l’automne 2014, 20 mois après son départ du département d’Etat.
 

Pourquoi jeter les courriels sur Benghazi s’il n’y avait rien à cacher ?

 
Voilà qui complique l’interprétation du courriel de John Podesta. S’il est acquis que Hillary Clinton avait déjà détruit de nombreux e-mails à la fin de 2014, comme elle l’avait dit elle-même, à quoi pouvait donc faire référence son directeur de campagne en mars 2015 ? Quels sont ces courriels si gênants qu’il fallait les faire disparaître d’urgence sous la menace d’une enquête de la Chambre des représentants ? Pourquoi Hillary Clinton a-t-elle fait « nettoyer » son serveur avec le très efficace programme « Bleachbit »? Et dans la mesure où ce type de nettoyage n’efface que l’ordinateur auquel il est soumis, ne pourrait-on pas retrouver ces courriels chez leurs destinataires ou émetteurs ? Est-ce à ces derniers que Podesta faisait (aussi) allusion ?
 
Question subsidiaire : pourquoi WikiLeaks cherche-t-il à ce point à gêner la candidate démocrate, sous les applaudissements des médias russes qui sont pourtant loin de se positionner à droite ?
 

Anne Dolhein