11 septembre : Zacarias Moussaoui accuse l’Arabie Saoudite d’avoir financé Al-Qaïda

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Un rapport du Congrès américain sur le 11 septembre comporte 28 pages demeurées secrètes, malgré l’appel pressant de nombre de parlementaires à les publier.
 
Certains en ont déjà parlé à demi-mots : ces pages renfermeraient la preuve d’une participation saoudienne aux attentats du 11 septembre 2001.
 
Mais dans le cadre de l’instruction d’une plainte déposée contre l’Arabie Saoudite par des victimes du 11 septembre ou leurs proches, le prisonnier de nationalité française Zacarias Moussaoui vient d’être entendu par la justice américaine. Cet ex-membre d’Al-Qaida, pressenti pour être l’un des pirates de l’air des attaques de 2001, vient d’attester sous serment que d’éminents princes d’Arabie Saoudite ont financé des actions menées par Al-Qaïda et participé à la préparation d’une attaque sur le sol américain.
 
Cette audition a eu lieu l’an dernier, mais le tribunal de New-York a rendu ses résultats publics mardi dernier.
 

L’argent de l’Arabie Saoudite « crucial » pour Al-Qaïda

 
Dans les 127 pages de retranscription des auditions, Zacarias Moussaoui est formel : l’argent de riches donateurs saoudiens était « crucial » pour Al-Qaida à la fin des années 1990. « Sans l’argent des Saoudiens, on n’aurait rien eu » a-t-il déclaré avant de préciser que l’argent servait à acheter des armes, de la nourriture mais également de payer les salaires des membres d’Al-Qaïda.
 
Dans ses déclarations, Zacarias Moussaoui explique également qu’Oussama Ben Laden lui avait demandé de dresser une base de données de tous les donateurs de l’organisation terroriste. « Cheikh Oussama voulait garder une trace de qui donnait de l’argent… de qui on devait écouter ou qui avait contribué au djihad ».
 

Zacarias Moussaoui évoque des sommes allant de 2 à 3 millions de dollars

 
Il cite alors le prince Turki Al-Faisal, ancien chef du renseignement saoudien, ou encore le prince Bandar ben Sultan, ex-ambassadeur à Washington et décrit des sommes allant de 2 à 3 millions de dollars versées « à chaque fois qu’ils étaient en contact avec quelqu’un là-bas, car la plupart des hauts responsables proches d’Oussama Ben Laden venaient aussi de grandes familles d’Arabie saoudite ».
 
Un soutien saoudien jusque sur le sol américain puisque Zacarias Moussaoui affirme également avoir été l’envoyé personnel de Ben Laden et avoir été en contact avec un responsable religieux de l’ambassade d’Arabie saoudite aux Etats-Unis « pour une attaque terroriste sur le sol américain ».
 

Des parlementaires accusent l’Arabie Saoudite d’avoir eu un rôle le 11 septembre 2001

 
Le prisonnier a également évoqué avoir étudié la possibilité d’abattre l’avion présidentiel, avant d’abandonner ce projet.
 
Parmi d’autres témoins cités devant le tribunal, l’ex-sénateur Bob Graham se dit « convaincu qu’il y a un lien direct entre au moins certains des terroristes du 11-septembre et le gouvernement d’Arabie saoudite ». Avec quelques autres parlementaires, il réclame une enquête approfondie sur le rôle des Saoudiens dans les attentats du 11 septembre 2001.
 
De son côté, l’Arabie Saoudite a jugé que ces déclarations n’avaient « aucune crédibilité », s’appuyant sur le déséquilibre mental de Zacarias Moussaoui.
 
Pourtant en 2006, lors de son procès, ce dernier avait été jugé pénalement responsable de ses actes. La juge Leonie M. Brinkema, qui préside à son procès, a déclaré qu’il est « un homme extrêmement intelligent » ayant « une meilleurs compréhension du système judiciaire que certains juristes que j’ai vu dans les prétoires ».