Le zoo de Buenos Aires ferme :
« La captivité est dégradante »

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Le maire de Buenos Aires, le ménémiste Horacio Rodriguez Larreta, vient d’annoncer son intention de fermer le zoo de la ville et de le transformer en « parc écologique ». La décision a été prise au nom des « droits animaux », alors que le parc zoologique, vieux de 140 ans, a été impliqué dans divers scandales de mauvais traitements, faute d’environnements adaptés aux différentes espèces. « La situation de captivité est dégradante pour les animaux, ce n’est pas de cette manière qu’il faut prendre soin d’eux », a déclaré Rodriguez Larreta la semaine dernière.
 
Le parc, passé entre des mains privées depuis les années 1990, était jusqu’à présent l’une des principales attractions touristiques de la capitale argentine, mais perdait néanmoins de l’argent. La concession devait expirer à la fin de 2017. La situation a été considérée comme trop urgente pour attendre cette échéance.
 

Le zoo de Buenos Aires et les droits animaux

 
La plupart des 2.500 animaux qu’abrite actuellement le zoo seront peu à peu déplacés vers des réserves naturelles en Argentine, mieux adaptés à leurs besoins spécifiques. Plusieurs oiseaux seront lâchés dans l’importante Réserve écologique en bord de fleuve à Buenos Aires. Une cinquantaine d’animaux, trop vieux ou trop faibles, resteront sur place, mais ils ne seront pas visibles pour le public.
 
Le nouveau parc écologique devrait ouvrir ses portes avant la fin de l’année. Il y aura tout de même des animaux : ce sera « un lieu où les enfants peuvent apprendre à prendre soin et entrer en relation avec les différentes espèces », a déclaré le maire : « Ce que nous devons mettre en valeur, ce sont les animaux. La manière dont ils vivent ici n’est certainement pas la meilleure façon de le faire. (…) Cet endroit engendre davantage de malheur que de bonheur ». Dans un tweet, il a ajouté : « Les animaux doivent vivre dans leur habitat, et non au milieu des bâtiments. »
 

La « captivité dégradante », comme si les animaux étaient des êtres humains

 
Le zoo a été épinglé ces dernières années à la suite de décès rapprochés de plusieurs otaries : des décès « évitables » selon les employés du zoo qui se sont plaints de la maltraitance des animaux mais aussi des travailleurs. Les ours blancs y ont eu particulièrement à souffrir grandes chaleurs de l’été austral : le dernier d’entre eux, Winner, est mort il y a trois ans et demi.
 
Tout cela mérite évidemment d’être pris en considération : les hommes ont une responsabilité à l’égard des créatures inférieures et la cruauté ou la négligence délibérée mérite d’être sanctionnée.
 
Mais la focalisation sur les droits des animaux pose elle aussi un problème dès lors qu’elle brouille la définition de la nature humaine et de la nature simplement animale. Le mouvement écologiste se saisit ainsi de la légitime compassion à l’égard d’animaux maltraités pour favoriser un discours sur la « souffrance animale », et pour faire multiplier les actes et les réglementations qui s’imposent pour mettre hommes et animaux sur une sorte de pied d’égalité.
 

On ferme le zoo de Buenos Aires pour des motifs ambigus

 
Gerardo Biglia, avocat spécialisé dans les droits animaux, milite ainsi depuis longtemps pour la fermeture du zoo de Buenos Aires. Il a dit toute sa satisfaction à la presse en affirmant : « La chose la plus important est de rompre avec le modèle de la captivité et de l’exposition. Je crois qu’un changement est en train d’intervenir auquel nous sommes déjà préparés, parce qu’aujourd’hui les enfants considèrent qu’il est évident que c’est un mal que de mettre des animaux en cage. »
 
Le zoo de Buenos Aires s’est déjà fait connaître il y a deux ans lorsque Sandra, un orang-outan défendu devant les tribunaux par des militants des droits animaux, avait obtenu un statut de « personne non humaine » dotée de droits. Où l’on voit parfaitement la dérive à laquelle peut conduire cette forme d’idéologie. Au demeurant, Sandra fera parti des animaux qui resteront dans l’enceinte du parc : « Le problème, c’est que Sandra est une hybride d’orang-outan de Bornéo et de Sumatra, elle refuse donc la socialisation », explique Gerardo Biglia. Serait-elle un peu raciste ?
 
Alors que la ville de Buenos Aires prend ainsi des mesures pour la défense animale, elle est aussi en pointe pour imposer le « droit » à l’avortement.
 
Quant aux êtres humains vivant dans des cages à lapins, plongés dans des mondes indignes à plus d’un titre, dans des conditions de grisaille et de désespérance induites non seulement par l’environnement mais par la mise au ban de la société de l’espérance surnaturelle, ils attendront longtemps qu’on s’intéresse à leurs véritables droits.
 

Anne Dolhein