Zuckerberg prêt à se soumettre à la censure du régime communiste pour faire entrer Facebook en Chine

Zuckerberg censure Facebook Chine
 
On connaît le célèbre slogan lancé par Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, à propos de son utopique projet d’entreprise – « Rendre le monde toujours plus  ouvert et connecté » –  utopie  mondialiste et séculariste d’une unité retrouvée. Pourtant le jeune milliardaire ne recule pas devant quelques entorses à ses bons sentiments. Le New York Times révèle que le réseau social a élaboré en secret un logiciel empêchant les contributions d’apparaître sur les profils des participants en fonction de zones géographiques déterminées, en particulier en Chine où l’attendent 600 millions d’usagers d’internet. Le quotidien fonde ses propos sur des confidences d’employés de Facebook qui ont exigé l’anonymat. Mark Zuckerberg, sinophile averti pratiquant le mandarin, a personnellement soutenu l’élaboration de ce « logiciel-flic », qui attend toutefois d’être mis en service.
 
 M. Zuckerberg tente ainsi par tous les moyens d’obtenir la levée de la censure qui frappe Facebook en Chine depuis que la dictature communiste a imposé son contrôle, en 2009. Le prétexte était de lutter contre l’espionnage, la réalité était de bâillonner l’opposition. Au demeurant, Facebook a déjà installé des filtres sur ses données publiées dans les très islamistes Pakistan et Turquie, mais aussi en Russie, dans la grande tradition des entreprises de la toile qui se soumettent volontiers aux exigences des gouvernements. Le New York Times évalue à 55.000 le nombre d’éléments bloqués par Facebook au cours du seul second semestre 2015, la mesure touchant une vingtaine de pays. Mais le nouveau logiciel constitue un pas supplémentaire, visant la Chine en tout premier lieu.
 

Zuckerberg serait d’accord pour que la censure de Facebook soit sous-traitée à une société chinoise !

 
Car avec ce nouveau système, Facebook ne supprimerait pas le « post » lui-même, mais autoriserait une tierce partie – dans ce cas précis très probablement une société chinoise – à contrôler les textes et les sujets partagés par les utilisateurs. Ce « partenaire » se verrait confier ainsi un pouvoir total pour décider si tel ou tel élément peut ou non apparaître sur les écrans des usagers.
 
L’élaboration de ce logiciel n’a pas été confirmée par Facebook. Mais on sait que Zuckerberg a rencontré en mars dernier le chef de la propagande chinoise, Liu Yunshan. La porte-parole de Facebook, Arielle Aryah, avait alors déclaré à Reuters : « Nous sommes intéressés depuis longtemps par la Chine et nous consacrons beaucoup de temps aux efforts pour comprendre et en apprendre toujours plus sur ce pays. Pour autant, nous n’avons pas encore pris de décision concrète le concernant. Notre objectif  consisterait, grâce à notre plateforme, à accompagner les entrepreneurs et développeurs chinois dans leur croissance hors de Chine »
 
En septembre 2015, six mois après que Pékin eut décrété de nouvelles règles encore plus strictes que les précédentes pour contrôler et censurer l’Internet, le président chinois – et secrétaire général du comité central du parti communiste – Xi Jinping, avait effectué un voyage aux Etats-Unis au cours duquel il s’était longuement adressé aux  dirigeants des géants de la technologie. Il avait eu un tête à tête avec Zuckerberg qui avait échangé avec lui en mandarin.
 

Pas de Facebook en Chine sans se soumettre au régime communiste

 
En mars 2016, rappelle le site The New American, Zuckerberg avait posté ce commentaire béat sur Facebook au sujet d’un jogging matinal à Pékin : « C’est géant d’être de retour à Pékin ! Je démarre ma visite par une course dans le square de Tienanmen, le long de la Cité interdite et vers le Temple du Paradis. » « On peut se demander, commente le journaliste du site C. Mitchell Shaw, si en courant à travers Tienanmen, le fondateur de Facebook a eu la moindre pensée pour les centaines de Chinois qui ont été abattus par la police communiste en 1989 tandis qu’ils défilaient pour la liberté politique. » Il relève aussi que Zuckerberg, ce matin-là, a pu poster son commentaire sans rencontrer la moindre censure alors que Facebook est interdit en Chine : « Il a probablement utilisé un VPN (réseau privé virtuel) pour contourner l’interdiction d’accès aux sites non homologués. » L’ironie lui a probablement échappé.
 
Mais qu’importent les entorses à la morale de l’Histoire, fût-elle sanglante. Zuckerberg paraît prêt à tout pour revenir sur le marché chinois, même à donner les clés du contrôle et de la censure de ses propres activités au cyber-espionnage du régime communiste. Avec un seul objectif : faire de Facebook un réseau social vraiment « global ».
 

Matthieu Lenoir