En recevant les deux chefs des Etats de fait qui se partagent la Terre Sainte, le Saint Père a voulu débloquer des négociations dont chacun sait qu’elles sont dans l’impasse. Un geste symbolique qui illustre la politique du pape François. Il manquait cependant à cette prière pour la paix le plus important : sa dimension religieuse.
L’olivier qu’ont planté ensemble Pérès, Abbas et le Saint Père abrite une forêt de symboles. L’âge et le parcours des trois bêcheurs sont un éloge des grands pères pacifiques face aux pères guerriers. Autre détail important, le rabbin et l’imam qui ont chanté sont tous deux argentins, tous deux vieux amis du souverain pontife. La politique du pape François se sert beaucoup de rencontres, de relations personnelles, d’images inhabituelles. Cette prière pour la paix peut-elle avoir des effets ? Sans aucun doute, mais de quel type ? Dieu seul le sait. Il est souvent où on ne l’attend pas.
Diplomatie ou prière pour la paix
Le discours sur les difficultés de la paix et le courage qu’elle demande ne mange pas plus de pains qu’il n’en multiplie. Il peut donner un peu d’espoir à un Proche-Orient à la dérive d’où les chrétiens, on le voit cruellement en ce moment dans la province de Mossoul, sont chassés manu militari.
On reste cependant sur sa faim. Le patron de la custodie franciscaine de Terre Sante, le père Pierbattista Pizzaballa, a résumé la situation de façon très claire : « nous sommes ensemble pour prier, nous ne prions pas ensemble ».
Il ne saurait en être autrement, puisqu’on ne peut prier ensemble que le même Dieu.
Cette « prière pour la paix » est une initiative politique du pape François peut-être utile, dictée par son amour naturel de la paix et des habitants du Proche-Orient, non une manifestation de Charité, de l’amour surnaturel du prochain. C’est donc un acte du chef d’Etat du Vatican, et non à proprement parler du siège de Pierre.
Le porte-parole de la communauté juive de Rome, Fabio Perugia, vient d’annoncer que le Saint Père aurait accepté l’invitation à se rendre à la grande Synagogue de Rome qui lui a été faite comme à ses deux prédécesseurs : en quelle qualité s’y rendra-t-il ? En chef de la diplomatie vaticane ou en successeur de Pierre ?