Faute de réduire le chômage, le gouvernement s’occupe des limitations de vitesse à 80 kilomètres à l’heure sur les routes à deux voies. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a décidé d’expérimenter la limitation de vitesse à 80 kilomètres à l’heure, par souci « pédagogique ».
Autrement dit, on prend des gants, mais on arrivera à imposer le résultat décidé. Pourtant, aucune étude sérieuse n’a été communiquée par la sécurité routière ni par le ministère pour justifier la mesure. Un récent colloque organisé au printemps au Sénat sous le patronage de Gérard Longuet avec des experts de toutes compétences avait même pour le moins établi que cette limitation de vitesse à 80 kilomètres à l’heure est arbitraire et comporte des inconvénients.
Limitation de vitesse à 80 kilomètres à l’heure : ce qu’en pensent les experts
Stéphane Meunier, rédacteur en chef de L’Automobile Magazine, a montré comme le progrès des véhicules permet d’éviter l’accident à vitesse constante : « Entre une Clio de 1990 et de 2012, on gagne plus de cinq mètres en distance de freinage à 90 km/h ! »
Pierre Calvin, président de l’Association Technique de la Route, a de son côté rappelé le rôle fondamental joué par l’infrastructure en matière de sécurité routière. Alors qu’on met souvent en cause la vitesse dans les accidents, en réalité, en cas de revêtement usé, la distance de freinage peut ainsi être multipliée par deux.
Alors pourquoi cet acharnement des pouvoirs publics contre la vitesse ? « C’est devenu une doctrine » a répondu le polytechnicien et mathématicien Bernard Beauzamy, dont l’étude critique réalisée en juillet 2013 à la demande de la Ligue de Défense des Conducteurs avait déjà démontré l’absence de fondement scientifique des calculs utilisés par la Sécurité routière pour relier la vitesse et la mortalité sur les routes.
Le pire, c’est que diminuer la vitesse sur les routes aurait un impact désastreux sur les finances de notre pays : selon Rémy Prud’homme, économiste et professeur émérite à l’Institut d’Urbanisme de Paris, le coût économique d’une réduction des limitations de vitesse atteindrait la somme colossale de 44 milliards d’euros par an.