Les gènes composés d’ADN sont responsables d’un grand nombre de maladies incurables.
L’idée de remplacer un gène malade par un gène sain comme dans la myopathie, a été depuis 35 ans un échec complet ; ceci en raison de difficultés techniques liées à la nécessité de synthétiser les enzymes nécessaires pour couper les chromosomes qui rassemblent les gènes. Tel a été l’immense revers des laboratoires payés avec l’argent du Téléthon.
Or depuis 1987, il avait été repéré dans le génome des séquences régulières appelées CRISPR. On pensait qu’elles étaient inutiles comme d’ailleurs 93 % du génome tel qu’il a été séquencé. Une Française du nom d’Emmanuelle Charpentier (Université Umea en Suède) a mis au point une enzyme de synthèse appelée Cas9 qu’elle a joint aux CRISPR. L’ensemble réalisant une sorte de couteau permettant d’extraire un gène, de le transformer, de le réinsérer. Une sorte de chirurgie polyvalente du gène.
En 2012, un chercheur de l’Université de Berkeley du nom de Jennifer Doudna a mis en pratique ces techniques. À ce jour celles-ci ont été utilisées avec succès sur des bactéries, des insectes, des poissons, des mammifères et même en Chine sur des singes. Ce sont alors des êtres vivants correspondant à la définition du mutant. Toutefois cette découverte devrait permettre de soigner un certain nombre de maladies.
Pour comprendre ce que sont les CRISPS, imaginons un historien qui dans ses écrits aurait déformé complètement par erreur ou incompétence la vision événements. Il suffira de changer quelques mots d’une phrase pour retrouver la vérité historique.
Quoiqu’il en soit plusieurs laboratoires de recherches et notamment celui de Berkeley ont investi des capitaux importants pour mettre en œuvre cette technologie sur le plan médical.
Les dangers de la chirurgie du gène
Mais plusieurs églises américaines ont mis en garde contre les possibilités de faire muter génétiquement l’homme pour le meilleur ou pour le pire. En effet cela pose de gros problèmes éthiques. De telles mutations se transmettront aux générations futures et on ne sait pas dans quelles conditions et quelles seront leurs influences lointaines. Il s’agit en effet de créer des hommes différents par des modifications héréditaires permanentes ou à terme tomber dans la sélection eugénique totale.
Déjà les fœtus sont triés par l’échographie et la détection de la trisomie par un prélèvement sanguin pour être éventuellement avortés ; les embryons sont tamisés par le diagnostic préimplantatoire, dans le cadre de la fécondation in vitro lors des PMA. La science pourrait ainsi créer une sorte d’homme parfait débarrassé de toute maladie ; l’Humanité serait alors constituée de robots biologiques uniformisés.
Mais pour l’instant il ne s’agit que de traiter les maladies. Par exemple modifier un virus ou une bactérie pour supprimer des caractères dangereux ; mais aussi avec le risque de bouleverser un équilibre écologique. Quant au remplacement d’un gène par un autre ce n’est pas pour demain… Hélas !
Dr Jean-Pierre Dickès