Jean-Claude Juncker a sauvé sa tête, et sa Commission. Face aux soixante-dix-sept signataires d’une motion de défiance à son encontre, le Parlement européen, malgré le débat qu’il a dû subir lundi dernier de la part des alliés de Nigel Farage et des proches de Marine Le Pen, n’a pas voulu, ce jeudi, comme il était vraisemblable, remettre en cause la nouvelle équipe de la Commission européenne. Par 461 voix contre, la motion a été rejetée.
Il est important, tout de même, de s’arrêter un instant sur les chiffres. Les signataires de la motion n’étaient que soixante-dix-sept. Lors du vote de ce jour, cent un députés l’ont voté. Et quatre-vingt-huit se sont abstenus.
Autrement dit, près de deux fois et demi plus de députés ont voté une motion contre Jean-Claude Juncker que ceux qui l’avaient signée. Si c’était évidemment insuffisant pour renverser l’actuelle Commission, la chose est cependant loin d’être anodine.
Un Parlement européen aux couleurs eurosceptiques
D’abord, parce que les eurosceptiques du Parlement européen, qu’ils gravitent autour de la Française Marine Le Pen, du Britannique Nigel Farage, ou de l’Italien Beppe Grillo, ont donné de la voix. Cela ne suffira sans doute pas à prouver leur unité. Mais du moins sont-ils apparemment capables de voter ensemble en certaines circonstances.
Mais, plus important peut-être encore, ces eurosceptiques sont capables de réunir d’autres députés européens autour de certaines de leurs interrogations. Il s’agissait en l’occurrence du scandale LuxLeaks auquel le nom de Jean-Claude Juncker se trouve mêlé. Mais cela pourrait sans doute se retrouver demain… 189 voix, ce n’est pas rien !
Que se passe-t-il dans la tête de Jean-Claude Juncker ?
Comme l’a déclaré Marine Le Pen, reprenant en cela une précédente déclaration de Bruno Gollnisch, « c’est aussi crédible d’avoir Juncker à la tête de la Commission que d’avoir nommé Al Capone président d’une commission sécurité et éthique ».
La formule est assurément amusante, mais sans doute a-t-elle moins frappé que celle, pourtant moins marquante, des députés écologistes Emmanuelle Cosse et Eva Joly, qui ont lancé au nouveau patron de la Commission européenne : « Agissez ou partez ! »
Jean-Claude Juncker ne partira donc pas. Ce qui ne préjuge aucunement de ce que sera son action…