Alors que les débats parlementaires sur la proposition de loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie approchent, une consultation citoyenne nationale inattendue a vu jour sur le site de l’Assemblée nationale à l’initiative de son président, Claude Bartolone. Une initiative de dernière minute qui donne la parole au peuple dans un débat largement escamoté. On peut se rendre en ligne depuis lundi pour commenter chacun des 11 articles de la loi : la consultation restera accessible jusqu’au 16 février. Les avis recueillis seront versés au débat de la commission des Affaires sociales qui devrait examiner le texte les 17 et 18 février prochains.
Sera-ce un moyen de mettre des bâtons dans les roues d’un projet qui fait entrer l’euthanasie dans le droit français de manière sournoise et trompeuse ? La question se pose, alors que les lobbies qui favorisent l’euthanasie sous son vocable et sa pratique habituels – l’administration d’une piqûre létale – se mobilisent pour obtenir un texte plus radical. Bartolone avait choisi de faire une apparition au récent colloque des écologistes de l’Assemblée nationale mobilisés autour de la proposition Massonneau, et ne cachait pas qu’il n’était pas fondamentalement hostile à cette légalisation de l’acte mortel.
Dénoncer l’euthanasie contenue dans la proposition Leonetti et Claeys
Mais quoi qu’il en soit de ses objectifs plus ou moins explicites, la consultation citoyenne nationale sur la proposition Claeys-Leonetti est une occasion de mettre au jour les points les plus inquiétants de la loi – et ils sont fort graves, créant un véritable droit à la mort accéléré et certaine, y compris pour des personnes qui ne sont pas en « fin de vie ».
Et il va bien falloir augmenter la pression, à l’heure où les élus de la nation ne se montrent guère intéressés par le débat. Lors de la première prise de contact à l’Assemblée nationale le 21 janvier, où Manuel Valls était venu soutenir la proposition Leonetti-Claeys, seuls quelques dizaines de députés avaient jugé utile de se rendre dans l’hémicycle et le « consensus » s’annonçait large. On ne compte guère que les parlementaires de l’« Entente pour la famille » parmi les opposants, et encore s’abstiennent-ils de mots forts.
Le faux consensus autour de la vraie euthanasie
Ce fut toute la force de la première loi Leonetti sur la fin de vie, votée à l’unanimité en 2005. Rêve de tout démocrate en qui sommeille un président plébiscité ou un chef de république bananière : si tout le monde est d’accord, eh bien plus personne n’a le droit à la parole pour contester. Or la première loi Leonetti met déjà en place la possibilité de l’euthanasie avec l’autorisation de cesser tout « traitement » pour une personne qui, sans être en fin de vie – et parfois même à des années de sa fin prévisible – peut demander à ne plus être soigné, et le devoir du médecin d’éviter l’« obstination déraisonnable ». Le cas Vincent Lambert a montré que la mise en œuvre de la loi Leonetti envisage et approuve l’arrêt des soins comme l’alimentation et l’hydratation « artificielles » (administrées directement dans l’estomac du patient, par exemple) avec l’objectif de faire mourir. La loi Leonetti-Claeys veut graver cette possibilité dans le marbre, introduisant au bénéfice du patient un « droit » d’être plongé dans le coma par sédation profonde et sans retour, accompagnée de l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation quelle qu’ait été la manière de l’administrer avant cet « arrêt de traitement ».
Consultation citoyenne nationale : se mobiliser contre l’euthanasie
Les manœuvres, les mots, les concepts sont compliqués, et il y a fort à parier que la moyenne des Français n’y verront rien d’inquiétant : seulement une manière de pallier les souffrances les plus atroces de l’agonie – c’est le versant acceptable de ce type de sédation. Expliquer qu’il s’agit d’étendre et de multiplier cette pratique afin qu’elle soit accessible aux personnes qui ne sont pas sur le point de mourir, voire qui sont simplement atteintes d’une maladie « grave et incurable », ou en état végétatif, ou démentes et incapables d’exprimer leur volonté, voilà qui sera plus difficile.
L’enjeu est là pourtant : ce que proposent Alain Claeys et Jean Leonetti, c’est une loi d’euthanasie lente, axée sur le « droit » du patient de décider du temps de sa mort et de ne pas en faire l’expérience consciente, en obligeant le médecin à respecter cette volonté.
La Fondation Jérôme-Lejeune, très en pointe dans le combat pour le respect de toute vie, appelle à participer à la Consultation citoyenne et fournit un argumentaire, clair et remarquablement réalisé, qui montre de manière synthétique et précise tous les problèmes posés par la loi Claeys-Leonetti. Il débrouille ce que le gouvernement a volontairement rendu obscur.