Le chef du groupe paramilitaire d’hindouistes radicaux Rashtriya Swayamsevak Sangh a récemment accusé Mère Térésa, fondatrice des petites sœurs de la Charité en Inde, d’avoir « servi les pauvres pour les convertir au christianisme ». Ses accusations ont provoqué de vives réactions dans le pays, notamment parmi les chrétiens.
Le jugement d’un hindouiste radical sur Mère Térésa et les pauvres
« Il est possible qu’il y ait eu une sorte de bien dans les services rendus par mère Térésa, mais il y avait une motivation derrière. Celle de convertir ceux qu’elle servait au christianisme » a encore affirmé l’hindouiste radical Mohan Bhagwat lors de l’inauguration d’un orphelinat en Inde.
« Les mots de Mohan Bhagwat sur mère Térésa sont petits, condamnables et plus que scandaleux. Toute personne saine en Inde les rejette » a répondu John Dayal, secrétaire général du All India Christian Council (AICC) et membre du gouvernement.
Les chrétiens d’Inde répondent que Mère Térésa ne servait pas d’abord le Christ
Le président du Global Council of Indian Christians (GCIC), Sajan George a quant à lui affirmé : « La plus pauvre des pauvres, Mère Térésa est considérée comme une sainte. Elle et ses missionnaires de la charité ont fondé des maisons pour ceux qui en ont besoin, les malades, les orphelins, les personnes âgées, les lépreux, les handicapés, les nécessiteux et les victimes du Sida. Elle voyait la beauté dans chacun de ces individus qui étaient abandonnés, marginalisés et mourants. (…) Mère Térésa a toujours encouragé les personnes qui venaient à elle à être de bons hindous, musulmans, chrétiens ou sikhs. Ce commentaire blasphématoire sur une sainte, une personne sainte, aimée et vénérée par des millions de personnes de toutes castes, croyances ou nationalités, révèle la nature dangereuse Mohan Bhagwat, qui sème la division. »
De son côté, un porte-parole sikh des missionnaires de la Charité, Sunita Kumar a répondu : « J’ai travaillé avec Mère Térésa pendant 36 ans et je peux dire que les allégations de Chagwat n’ont aucune raison d’être. Son amour était seulement pour les pauvres. »
Arguments aussi absurdes dans l’accusation hindouiste que dans la défense des chrétiens
Une discussion surréaliste tant du côté des accusations que de la défense. S’il est absurde de reprocher à Mère Térésa d’avoir voulu servir le Christ à travers les plus pauvres, il est plus absurde encore de le nier. Ce ne sont pas la pauvreté ni les pauvres qu’elle aimait par dessus tout, mais bien le Christ qu’elle réussissait à voir dans chacune des personnes qu’elle servait.
C’est bien dans la prière – qui occupait une grande partie de son temps –, l’adoration et lors de la messe qu’elle puisait la force d’accomplir sa mission, et non dans un « bien » commun à toutes les religions.