Dimanche, au Grand Jury de RTL, Michel Sapin s’est engagé – une nouvelle fois… – à ne pas mettre en place de nouveaux impôts cette année. Les efforts à venir porteront donc, de préférence, sur la réduction des dépenses. « La croissance reprend tout juste, trop lentement ; tout doit être mis au service d’une croissance plus forte », a précisé le ministre des Finances, qui a en outre précisé que, après la baisse de 10 milliards d’euros des charges en 2014 pour les entreprises, une nouvelle baisse de 12 milliards aurait lieu en 2015. A l’approche d’une nouvelle échéance électorale, le gouvernement fait donc en sorte de multiplier les « bonnes » nouvelles…
Bien sûr, il y a de « nouvelles » dépenses. Ainsi en va-t-il des nouveaux moyens engagés dans la lutte contre le terrorisme, ou dans le développement du service civique. « Tout ceci au total, c’est 940 millions d’euros », souligne Michel Sapin.
Mais à l’heure où, tout à la fois, Bruxelles tique sur la situation économique de la France, et où le gouvernement promet de ne pas augmenter les impôts, alors même qu’il admet que la croissance reprend trop lentement, y aurait-il un miracle ? « L’intégralité de ces dépenses nouvelles est compensée par des économies nouvelles », répond le ministre des Finances.
Michel Sapin, souverainiste économique
Et de préciser : « Vis-à-vis de l’Europe, nous avons des responsabilités particulières parce que la France représente 25 % du PIB européen. (…) Le Parlement a voté une trajectoire budgétaire convergente avec celui de la Commission européenne. Il faut donc mettre en œuvre ce que nous avons décidé et réaliser 21 milliards d’euros d’économies pour cette année. »
Le ministre parle bien de décision de la France. L’air martial, il ajoute même : « Nous mettrons en œuvre tout ce que nous avons décidé souverainement ! »
Impressionnant ! On se demande cependant pourquoi il a besoin de lire des notes pour affirmer quelque chose qui paraît si sûr…
De « bonnes » nouvelles ?
Quoi qu’il en soit, tout cela ne nous dit pas où le gouvernement va trouver l’argent qui manque tout de même. Ah si ! tout de même, il y a la réserve budgétaire. Et puis, le gouvernement « devrait de toute façon faire quatre milliards de ventes d’actifs pour désendetter l’Etat » et le plus grand bonheur du grand capital.
Ça tombe bien, même si Michel Sapin n’a pas précisé quelles seraient les entreprises qui feraient l’objet de ces « privatisations partielles ». Il y a assez de manifestations ces temps-ci pour n’en pas provoquer davantage !
Enfin, il y a la lutte contre l’optimisation fiscale de certaines entreprises, et contre l’évasion fiscale des comptes à l’étranger. Cette lutte contre la fraude fiscale devrait rapporter cette année quelque deux milliards d’euros, estime le ministre, soit sensiblement la même somme qu’en 2014.
Et d’assurer : « Il n’y a plus un seul espace pour un fraudeur qui voudrait cacher son argent à l’étranger. Il vaut mieux que, dès maintenant, il se présente pour régulariser sa situation. »
Plus de fraude ? Jamais ? Soit nous vivons dans l’état le plus policier qui ait jamais été – ce qui n’est pas impossible. D’autant que Bruxelles annonce une nouvelle directive sur la question. Soit le ministre se leurre – ou nous leurre. Les deux sont d’ailleurs envisageable concomitamment…