Le Pr John Banzhaf de la George Washington University Law School vient de porter plainte devant le Bureau des droits de l’homme de Washington D.C contre la Catholic University qu’il accuse de discrimination à l’égard des étudiants non catholiques, précisant que la présence de nombreux crucifix sur le campus les empêche de pratiquer leur foi. Les musulmans sont, selon ce professeur sans religion qui n’a aucun lien avec la Catholic University, les premiers touchés puisqu’ils ne peuvent dire convenablement leurs prières. Dans le même temps, regrette-t-il, les juifs étudiant à l’université catholique sont autorisés à former une association confessionnelle.
Type même de la procédure idéologique, la plainte du Pr Banzhaf remplit 60 pages serrées où il décrit l’environnement « offensant » et « intimidant » pour les musulmans qui en perdent leur respect à l’égard de leur propre religion ; d’autant qu’il n’y a pas de lieux de prières aménagés pour eux comme on peut en trouver dans d’autres universités.
Crucifix et chapelles pèsent sur les musulmans, empêchant leurs prières, selon le professeur Banzhaf…
Il faut noter que ce ne sont pas les étudiants musulmans eux-mêmes inscrits à la Catholic University qui ont engagé cette procédure : mieux, aucun musulman n’est impliqué et les responsables de l’université n’ont jamais reçu la moindre réclamation.
Non : c’est un laïciste, en pleine continuité idéologique avec le sécularisme ambiant, qui vient ainsi défendre les revendications imaginaires des musulmans pour porter atteinte aux droits des catholiques.
Parmi les motifs de colère exprimés dans la plainte de Banzhaf, on retiendra sa dénonciation de la présence de bannières et d’images catholiques sur les murs de la Catholic University ; la vue des chapelles sur le campus ne peut que porter atteinte aux étudiants musulmans dans leurs croyances, tandis que leurs âmes sont sûrement broyées par la vue de la « cathédrale qui domine tout le campus – la basilique du Sanctuaire national de l’Immaculée Conception ».
Etats-Unis : les universités catholiques doivent-elles se laisser accuser au nom des droits des musulmans ?
Il faut de toute urgence que les étudiants musulmans puissent disposer de locaux de prières à l’abri de ces spectacles délétères pour leur foi, affirme la plainte : « Cela leur pèse énormément d’avoir à rechercher une classe vide pour essayer d’y faire leurs prières musulmanes au pied d’une grande croix, ou d’une image de Jésus ou du pape, tout cela n’est pas très favorable à leur religion. »
Les responsables de la Catholic University tout comme les représentants d’associations catholiques ont dit leur étonnement devant ces accusations portées contre une institution ouvertement catholiques où les étudiants d’autres religions sont accueillis mais dont l’identité est connue de tous.
Pour ahurissante et même risible que soit la plainte, elle va provoquer la mise en place d’une enquête qui pourrait durer jusqu’à 6 mois et qui aura d’elle-même des effets pesants pour l’université catholique – que ce soit en termes de perte de temps ou de frais à engager.
Et si Banzhaf gagne ? On devine les effets sur les institutions religieuses de plus en plus soumis au contrôle des pouvoirs publics et de la justice. On notera simplement en passant qu’aux Etats-Unis comme en Europe, les « droits » des musulmans sont volontiers invoqués pour limiter ceux des chrétiens, sans que les institutions ouvertement islamiques ne subissent le même type de brimades.
Anne Dolhein