Nigel Farage, président du parti indépendantiste UKIP et co-président du groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe au Parlement européen, a prononcé mardi devant ses pairs un discours sur l’après-Brexit qui fera date :
« N’est-ce pas amusant ? Lorsque je suis venu ici il y a 17 ans, et que j’ai dit vouloir faire campagne pour que la Grande-Bretagne quitte l’UE, vous vous êtes tous moqués de moi. Eh bien, laissez-moi vous dire que vous ne riez plus maintenant, n’est-ce pas ? (…)
« Avec votre projet politique, vous êtes dans le déni. Vous êtes dans le déni alors que votre monnaie sombre. Regardez la Méditerranée ! Votre politique pour imposer la pauvreté à la Grèce et à la Méditerranée, elle, elle a parfaitement réussi.
« Vous êtes dans le déni à propos de l’appel de Mme Merkel à ce que le plus de gens possible traversent la Méditerranée, ce qui a entraîné de profondes divisions à l’intérieur des pays et entre les pays.
Après le Brexit, Nigel Farage interpelle le Parlement européen
« Votre plus gros problème et la raison principale pour laquelle le Royaume-Uni a voté comme il l’a fait, c’est que par ruse et tromperie, et sans dire la vérité aux autres peuples d’Europe, vous leur avez imposé une union politique. Lorsqu’en 2005, les peuples des Pays-Bas et de la France ont voté contre cette union politique et rejeté la constitution, vous les avez tout simplement ignorés et fait entrer le traité de Lisbonne par la petite porte.
« Ce qui s’est passé jeudi dernier constitue un résultat remarquable… Un résultat sismique. Et pas seulement pour la politique britannique, pour la politique européenne, mais peut-être même pour la politique globale.
« Car qu’ont fait les petites gens, les gens ordinaires – ceux qui ont été opprimés au cours de ces dernières années, et qui ont vu leur niveau de vie baisser – c’est de rejeter les multinationales, les banques marchandes, la grosse politique, et en fait ils ont dit : “Nous voulons récupérer notre pays, nos zones de pêche, nous voulons retrouver nos frontières.”
« Nous voulons être une nation indépendante, souveraine et normale. Voilà ce que nous avons fait, et c’est ce qui doit maintenant se faire. Ce faisant nous avons créé une balise d’espoir pour les démocrates sur le reste du continent européen. Je ferai une seule prédiction ce matin : le Royaume-Uni ne sera pas le dernier Etat-membre à quitter l’Union européenne.
Le discours de Farage accuse l’Union européenne d’avoir méconnu les petites gens
« La question est désormais : qu’allons-nous faire à présent ? C’est au gouvernement britannique d’invoquer l’article 50 et cela, à mon avis, ne devrait pas trop tarder. Je suis entièrement d’accord pour dire que le peuple britannique a voté, et nous devons nous assurer que cela se fasse.
« Ce que j’aimerais voir, c’est une attitude mûre et intelligente à propos de la relation différente que nous devons négocier. Je sais que pratiquement aucun de vous n’a exercé un métier digne de ce nom dans sa vie, ni travaillé en entreprise ou dans le commerce, ni même créé un seul emploi. Mais écoutez, écoutez simplement.
« Vous avez tout à fait raison, M. Schultz : l’UKIP a protesté contre l’establishment et maintenant l’establishment proteste contre l’UKIP. Quelque chose s’est produit. Ecoutons quelques règles simples d’économie pragmatique : mon pays et le vôtre partagent une quantité d’échanges de biens et services considérable. Ce commerce nous assure un bénéfice réciproque, il est important. Si par dépit vous coupiez la branche sur laquelle vous êtes assis en rejetant toute idée d’un accord commercial sensé, les conséquences seront bien plus graves pour vous que pour nous. (Rires de parlementaires)
Farage veut des accords post-Brexit – mais leur absence est moins catastrophique que l’EU
« L’absence d’accord vaudra toujours mieux pour le Royaume-Uni que l’accord pourri que nous avons actuellement. Mais si nous devions réintroduire des droits de douane sur des produits comme les voitures, alors des centaines de milliers d’Allemands risqueraient de perdre leur emploi.
« Pourquoi ne pas être adultes, pragmatiques, sensés et réalistes pour trouver entre nous un accord intelligent sans droits de douane, et à partir de là reconnaître que le Royaume Uni sera votre ami, que nous commercerons avec vous, que nous coopérerons avec vous et que nous serons vos meilleurs amis au monde ? Faites cela, faites-le de manière sensée, et permettez-nous d’aller de l’avant à la poursuite de notre ambition et notre avenir. »
Le discours de Farage est celui d’un homme connu pour son franc-parler : en 2010, il n’a pas hésité à critiquer le président du Conseil européen Van Rompuy, l’accusant d’être « l’assassin de la démocratie européenne et de toutes les nations européennes ».