Royaume-Uni : des élections pour un Brexit doux ou pour un faux Brexit ?

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Le pari raté de Theresa May, qui disait vouloir se procurer une majorité solide et durable pour négocier le Brexit en position de force face à Bruxelles et aux 27, aura-t-il pour conséquence un Brexit « doux » ou même un Brexit de façade uniquement ? Les avis divergent dans les milieux conservateurs, certains soupçonnant le Premier ministre britannique, qui avait fait campagne contre le Brexit avant de promettre un Brexit « dur », d’avoir orchestré sa propre défaite électorale pour empêcher une réelle sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Pourquoi en effet organiser des élections anticipées quand on dispose de la majorité absolue pour encore trois ans au Parlement ?
 

La crainte d’un faux Brexit : Nigel Farage s’inquiète pour la réelle indépendance du Royaume-Uni après la sortie formelle de l’UE

 
Condamnant dans une interview pour la BBC la décision de convoquer des élections anticipées, Nigel Farage, l’ancien chef du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) sans qui le référendum pour le Brexit ne serait jamais arrivé, a promis de se réengager en politique s’il le fallait pour assurer une vraie sortie de l’UE. « Je suis très en colère ce matin », a-t-il déclaré après le vote de jeudi : « Nous étions sur la voie du Brexit, et soudain nous ne le sommes plus ».
 
Car pour gouverner, Theresa May ne pourra désormais pas se passer des voix des 13 députés Tories écossais, favorables au maintien d’une pleine liberté des échanges avec l’UE, ni du soutien d’un autre parti minoritaire. Tout porte à croire que c’est le Parti unioniste démocrate (DUP) d’Irlande du Nord qui apportera, avec ses dix députés, ce soutien pour le vote de confiance et le vote du budget sans toutefois participer au gouvernement « conservateur ». Or le DUP, s’il avait milité pour le Brexit, exige un Brexit doux avec comme priorité le maintien de l’absence de contrôles à la frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord.
 

Le Brexit doux comme conséquence involontaire des élections anticipées ?

 
Cette perspective réjouit en revanche le journaliste Christopher Booker, qui a pourtant toujours été extrêmement critique vis-à-vis de l’UE. Mais le journaliste, qui est un eurosceptique et climatosceptique notoire avec sa propre colonne dans le Sunday Telegraph, considère qu’un Brexit dur serait pure folie et qu’il est indispensable pour les entreprises britanniques que le Royaume-Uni reste dans l’Espace économique européen (EEE), même si cela implique de conserver le droit européen et certaines autres contraintes. Christopher Booker s’interrogeait déjà il y a quelques mois sur la stratégie adoptée par Theresa May. Selon lui, loin d’être le fruit d’un complot contre le Brexit, le mauvais résultat des Tories aux élections du 8 juin est une expression du « génie politique inconscient du peuple britannique » qui vient de sauver le pays d’un désastre bien pire encore que les décennies d’appartenance à l’UE.
 

Olivier Bault