Dans un entretien accordé au journal allemand Welt am Sonntag, le président de la Bundesbank allemande, Jens Weidmann, a vivement critiqué la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de lancer un plan d’achats d’actifs incluant des obligations. Ce plan de relance est une « décision grave », a-t-il affirmé.
Il juge qu’une telle décision risque notamment de remettre en cause l’indépendance de l’institution et comporterait « des désavantages et des risques » pour la monnaie unique, qualifiant au passage cette décision d’« instrument de politique monétaire anormal ».
Le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, parle d’une « décision grave »
Interrogé pour savoir si cette décision de la BCE, qui va à l’encontre des souhaits exprimés à de multiples reprises par les autorités financières allemandes, marquait un tournant dans les relations entre la BCE et l’économie européenne la plus solide, Jens Weidmann a répondu qu’elle ne constituait pas un « tournant », mais « une décision grave ».
Jens Weidmann conteste le plan de relance de la BCE
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Jens Weidmann, qui fait partie du Conseil des gouverneurs de la BCE et qui a voté contre ce programme, élève la voix contre la politique menée par la BCE.
Il avait déjà déclaré en décembre dernier, à Francfort : « Vous ne pouvez pas appliquer simplement à l’Europe la formule qui a fonctionné aux Etats-Unis ou au Japon… Aux Etats-Unis, il y a un Etat central qui fournit des actifs très sécurisés. Nous n’avons pas d’Etat central ici. »
Une défaite financière et « politique » infligée à l’Allemagne par la BCE
Jens Weidmann estime que la faiblesse de la croissance au sein de l’Union européenne est d’abord liée au degré d’endettement et au manque de compétitivité de certains pays membres, et affirme qu’il appartient « aux gouvernements concernés de corriger cela ». Il a également mis en cause la faiblesse des prix pétroliers pour souligner l’aspect « temporaire » de certains taux d’inflation.
Le président de la BCE, Mario Draghi, a précisé que le rachat d’actifs renforcé porterait sur 60 milliards d’euros par mois, jusqu’à fin septembre 2016, soit une enveloppe de 1.140 milliards d’euros jusqu’à « un ajustement durable » conforme à l’objectif de l’institution en termes d’inflation.
Une décision qui marque d’abord une usurpation de pouvoir de la part de la BCE, mais également une sévère défaite financière et « politique » infligée à l’Allemagne. Se rebiffera-t-elle ?