Ashers Bakery, condamné pour discrimination en Irlande du Nord pour avoir refusé de faire un gâteau de promotion du « mariage » gay

Ashers Bakery, condamné pour discrimination en Irlande du Nord pour avoir refusé de faire un gâteau de promotion du mariage gay
 
L’étau se resserre. Les propriétaires d’une entreprise de boulangerie-pâtisserie qui emploie 80 personnes et vend ses produits dans l’ensemble du Royaume-Uni et en Irlande, vient d’être condamnée à 500 livres d’amende (environ 700 euros) par un tribunal de Belfast où le Mme le juge, Isobel Brownlie, les a déclarés coupables de « discrimination ». Daniel McArthur, 25 ans, et sa femme Amy étaient poursuivis pour avoir refusé de créer un gâteau orné du slogan : « Soutenez le mariage gay » pour le groupe bénévole QueerSpace de Belfast, qui se mobilise pour les droits LGBT. Ashers Bakery est ainsi puni pour refus de vente au motif de l’« orientation sexuelle ».
 
Une telle condamnation peut sembler futile, voire anecdotique, mais elle est en réalité extrêmement grave : dans le même temps, elle méconnaît le droit des chrétiens d’exercer leur métier en cohérence avec leur foi, dans un pays traditionnellement chrétien, et elle apporte une nouvelle preuve de la collusion du pouvoir avec un lobby qui impose sa relecture de la réalité et son refus de toute morale traditionnelle.

Un jugement historique contre Ashers Bakery qui se revendique chrétien

 
Aussi la presse irlandaise voit-elle dans ce jugement une décision « historique » : il est vrai qu’elle brille comme beaucoup de jurisprudences au service de l’idéologie de la non-discrimination par l’originalité de ses développements dans lesquels le droit ne joue pas le premier rôle.
 
Pour comprendre, il faut revenir aux faits : en mai 2014, Gareth Lee s’était présenté à l’Ashers Bakery pour commander un cadeau orné des figurines enlacées de Bert and Ernie, deux personnages masculins du très populaire programme pour enfants de maternelle, Sesame Street, avec le slogan favorable au « mariage » gay évoqué plus haut. Le gâteau devait être servi lors de la réunion de QueerSpace pour marquer la célébration d’une fête privée à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie.
 
La commande avait été prise normalement et Gareth Lee avait payé d’avance. Deux jours plus tard, Ashers Bakery prenait l’initiative de l’annuler, prenant soin de restituer aussitôt le paiement reçu. Amy McArthur a expliqué qu’elle avait accepté dans un premier temps pour éviter de mettre le client dans l’embarras d’une confrontation publique, mais qu’elle savait déjà qu’en tant que chrétienne, elle ne pourrait exécuter cette commande.
 

Gareth Lee, citoyen de seconde zone ? Il a subi une discrimination

 
Gareth Lee, s’estimant traité comme un citoyen de seconde zone, à qui l’on aurait refusé un bien ou un service au motif de son homosexualité, devait aussitôt saisir la Commission pour l’égalité de l’Irlande du Nord, chargée de vérifier le respect des lois de non-discrimination en vigueur dans la province.
 
C’est cette commission publique, financée par des fonds publics, qui a engagé une action en son nom.
 
Les lois de non-discrimination pénalisent le refus de ventes ou de services au motif de la race, de la religion, de la nationalité, du sexe… Mais aussi de l’orientation sexuelle. Il s’agit, du moins en apparence, de protéger les individus de toute discrimination injuste qui pousserait des commerçants à rejeter un client potentiel dont la tête ne leur reviendrait pas. Si Gareth Lee s’était vu refuser la vente d’un petit pain à la viande – autre spécialité de la maison Ashers – en raison d’une supposée apparence homosexuelle, on peut imaginer que le refus de vente fût sanctionné.
 

Refuser de faire un gâteau de promotion du « mariage » gay, c’est enfreindre la loi

 
Mais c’est là qu’intervient l’entourloupe politique et judiciaire. Rien ne permettait aux responsables de l’Ashers Bakery de connaître l’orientation sexuelle de leur client et s’ils ont récusé la vente, c’est parce qu’il leur demandait de participer indirectement à la revendication de « droits » LGBT et à la promotion du « mariage » gay qui n’est même pas légal en Irlande du Nord, alors qu’ils y sont viscéralement, intellectuellement et religieusement opposés.
 
Le juge a décrété qu’ils ne pouvaient ignorer l’orientation sexuelle de Gareth Lee qui « selon toute probabilité » était gay, et que le refus des McArthur était donc bien relatif à l’orientation sexuelle. Le juge a semble-t-il suivi l’avocat du jeune homme pour qui le slogan refusé, « soutenez le mariage gay » indiquait bien que tel était le cas. « Si le mot gay n’avait pas figuré dans la commande elle aurait été exécutée. »
 

En Irlande du Nord, le « mariage » gay n’est même pas légal

 
Voilà une argumentation qui justifie d’emblée toute demande formulée par une personne homosexuelle, dont les droits permettent donc de passer outre à ceux de tous les autres qui ne feraient pas partie de cette communauté protégée. Gareth Lee a bien pu se lamenter d’avoir été traité comme un citoyen de seconde zone, mais il est clair que ce sont les McArthur qui se trouvent désormais dans cette situation, ou plutôt que l’appartenance à telle ou telle communauté s’accompagne de privilèges exorbitants.
 
Des privilèges qui vont jusqu’à obtenir une sorte de droit de contrainte sur des personnes hostiles à la cause LGBT : si c’est dans le cadre d’une activité commerciale, du moins. Seules les institutions religieuses peuvent prétendre à être dispensées de ces obligations nouvelles et inquiétantes.
 
Tout cela fait bien sûr penser aux grains d’encens qu’il fallait jadis jeter à l’idole en signe de soumission aux dieux de la Rome antique : trois grains pour une véritable apostasie que beaucoup ont refusée au prix du martyre.
 
Le martyre, à l’heure présente, n’est pas sanglant. Mais la volonté de soumission est bien là. Et il est caractéristique qu’elle s’exerce sur ceux qui font le pain et nourrissent les fêtes humaines – aux Etats-Unis également, les pâtissiers spécialisés dans les gâteaux de mariage sont en première ligne face aux militants LGBT : c’est tout une symbolique de la nourriture, du festin et des noces qui est à l’œuvre. Vous avez dit singerie infernale ?
 

Anne Dolhein