La révolution ukrainienne menée sous les slogans de la démocratie européenne nous donne l’occasion d’examiner ce qu’est devenu la démocratie, ou plutôt la chose qu’on désigne par ce mot.
Dans nos esprits modernes admirateurs obligés de la démocratie, le totalitarisme est nécessairement violent, destructeur des libertés élémentaires et opposé aux procédures électives. Pourtant les élections existent en Chine, comme elles existaient précédemment en URSS.
Le totalitarisme est en fait une prétention de l’Etat à régenter la vie sociale, économique, morale et spirituelle en plus de la vie politique dont il a la charge. C’est la contestation de toute liberté individuelle qui est un signe de totalitarisme, lorsque l’Etat veut régner sur les âmes elles-mêmes.
Par l’histoire de Créon et sa nièce Antigone dans la ville de Thèbes, le dramaturge grec Sophocle a mis en scène le conflit entre la loi passagère des hommes et la loi naturelle non-écrite inscrite dans le cœur des hommes, qu’il déclare supérieure. Nos démocraties modernes n’en jugent pas ainsi. L’article 3 de la Déclaration des Droits de l’Homme stipule que : « Le principe de toute souveraineté réside dans la nation. Nul corps, nul individu ne peux exercer d’autorité qui n’en émane expressément », son article 6 que : « La loi est l’expression de la volonté générale ».
Dès lors l’unique fondement de la légitimité est dans la désignation par l’élection : nulle personne ne pourra se prétendre légitime sans avoir été élu par la majorité, quand bien même l’élu ou ceux qui l’élisent seraient incapables de poursuivre le Bien commun.
Le vote populaire seul contrepoison à la démocratie
Il ne s’agit plus de légiférer en conformité avec l’ordre naturel ou la volonté divine, mais bien en conformité avec un état de la volonté populaire déclarée souveraine mesuré par le vote : le peuple n’est plus soumis à la justice, mais la justice soumise à la volonté majoritaire du peuple… Les seules normes supérieures à cette volonté populaire sont la Constitution et les Droits de l’Homme, qui ne tiennent pourtant leur légitimité que de leur adoption démocratique.
Il est donc évident que la démocratie moderne tend au totalitarisme, et les espaces de « libertés » qui nous sont encore accordés ne sont que la preuve d’un totalitarisme inachevé. Les récentes attaques contre la famille en sont une preuve. Il est dit dans la déclaration précitée que nulle légitimité ne peut venir d’une personne non élue : in fine, l’autorité du père sur ses enfants est illégitime, comme celle du chef d’entreprise sur ses employés, ou celle du curé sur ses fidèles…La seule chose qui résiste encore aux aspirations totalitaires de la démocratie, c’est la volonté majoritaire elle-même qui vivrait mal de voir la famille très officiellement détruite, le culte catholique interdit ou la disparition de la Nation française.
On utilise alors des moyens détournés : on n’interdit pas directement la famille, on la dilue en légalisant le « mariage » homosexuel, en promouvant le féminisme radical ou en encourageant l’avortement… Le moyen qu’a trouvé la démocratie moderne pour parvenir au règne de l’Etat sur les âmes n’est pas la force, mais la propagande.
A lire :
La démocratie peut-elle devenir totalitaire, actes de l’université d’été de Renaissance Catholique
Les deux démocraties, de Jean Madiran