Depuis cinquante ans, Rome fait des risettes à l’organisation mondialiste sise à New York. Elle est payée en retour de violentes attaques : dernière en date, la pédophilie. C’est normal puisque les maçons qui pilotent les institutions internationales visent le leadership moral de la planète. L’Eglise suicidaire embrasse sa rivale l’ONU.
Les Papes, depuis Jean XXIII (1958-1963) au moins, ont manifesté une constante bienveillance envers l’ONU, comprise comme le rassemblement des « hommes de bonne volonté » chers à ce pontife, comme à ses successeurs. Paul VI (1963-78), Jean-Paul II (1978-2005), Benoît XVI (2005-2013), ont célébré son programme officiel d’instauration de la paix entre les nations humaines, ou d’aide humanitaire massive, pour la survie immédiate, en particulier après les catastrophes naturelles ou causées par l’homme – dont les famines liées aux guerres -, l’éducation, la promotion du développement. Le Saint-Siège a d’ailleurs adhéré comme observateur, avec droit à la parole mais non de vote, à l’ONU en 1964, année de la spectaculaire visite de Paul VI à l’Assemblée générale.
Jean-Paul II a seulement émis quelques réserves sur des points précis de l’action de l’ONU, dans les années 1990, notamment les programmes liant réduction de la pauvreté – approuvée en soi par le Saint-Siège – et réduction des naissances, basées sur la contraception chimique et l’avortement – un meurtre pur et simple pour l’Eglise.
Une confiance globale…
Nonobstant ces réserves, très justes, les Papes ont maintenu une confiance obstinée globale en l’ONU. Le pape François (depuis 2013) paraît même manifester plus que jamais une convergence avec l’ONU, en insistant sur l’ouverture des frontières, en particulier en Europe, à tous les flux migratoires. Or, le Saint-Siège se trouve souvent mal récompensée de son soutien général, jusqu’à une attaque récente massive et inédite de l’ONU, prétendant ordonner des modifications doctrinales à l’Eglise catholique.
Le problème que beaucoup ne veulent pas voir est que l’ONU n’est pas constituée d’une coalition aussi neutre que possible d’hommes animés des meilleurs intentions pour leurs semblables. Elle n’est pas non plus dans ses services centraux une assemblée là encore neutre de purs experts, aux recommandations seulement techniques :comment lutter contre les épidémies, la malnutrition, etc. Elle est imprégnée d’un esprit identifiable qui n’est pas chrétien mais fondamentalement basé sur une philosophie utilitariste héritée de Bentham – faire moins d’enfants réduit la pauvreté des familles, donc tout est bon pour diminuer le nombre d’enfants -, doublée depuis les années 1980 de la promotion des « minorités sexuelles » au nom de l’extension de la lutte contre toute discrimination prévue par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Elle suit de manière assez servile les évolutions des laboratoires éthiques de la franc-maçonnerie ; il faudrait quand même le reconnaître.
Mal récompensée
Ainsi, en février 2014, une émanation officielle de l’ONU, le « Comité pour les droits de l’enfant », attaque violemment le Saint-Siège, invité à « réviser complètement son droit normatif, en particulier le droit canon ». On retrouve des théories nébuleuses, mélange de marxisme et de freudisme post-1968, comme la « conscientisation des droits de l’enfant », thème incompréhensible pour non-initiés. Des recommandations plus explicites sont formulées : la publicité absolue des plaintes des enfants contre tous les « abus » – violences ou pédophilie -, de la part de parents ou de prêtres, soit la porte ouverte à toutes les calomnies – les enfants sont ô combien manipulables et affabulateurs, même si certains drames sont trop réels -, la fin des « tabous sur la sexualité adolescente », avec « éducation sexuelle obligatoire » – vraisemblablement à la mode de la déséducation nationale en France dès 12 ou 13 ans -, la « promotion du planning familial et la contraception »… Ne manque pas l’ordre de cesser la « stigmatisation » – vocabulaire de sociologue gauchiste typique – des homosexuels, et précisément la « violence (psychologique ?) à l’encontre des adolescents lesbiens, gays, transgenres »… Obsession de civilisation décadente, décidément. Bref tout le contraire, absolument, point par point, de l’enseignement de l’Eglise, sommée ni plus ni moins de se soumettre.
Le devoir de rompre ?
Il n’y a eu que de timides protestations des autorités ecclésiastiques, au nom de la liberté reconnue aux religions par la charte de l’ONU. Ce type de rappel courtois possède aussi peu d’effets que ceux effectués jadis en URSS au nom de la même liberté garantie formellement par des constitutions mensongères. Les déclarations reprenant les référents de l’adversaires, comme celle du porte-parole de l’épiscopat espagnol, Mgr Gil Tamayo, dénonçant une « inquisition laïque », affaiblissent en fait l’Eglise, confirmant implicitement que le mal absolu serait l’inquisition, institution catholique historique… Le Saint-Siège devrait rompre énergiquement, solennellement définitivement avec l’ONU, qui sous couvert de philanthropie, attaque l’Eglise, et au-delà la dignité humaine véritable. Davantage que la réponse immédiate à l’insulte reçue, il s’agirait du devoir d’éclairer tant de fidèles égarés qui croient encore de leur devoir de coopérer avec l’ONU. L’ONU dont l’intention affichée est de prendre la direction morale du monde, donc de supplanter Rome. L’Eglise suicidaire embrasse sa rivale l’ONU, comme pour mieux s’étouffer elle-même.