COMEDIE Loue-moi ♥

 
Loue-moi est une comédie française, et ce seul énoncé nous fait habituellement frémir. Non, pour une fois, un film de cette catégorie n’est pas un ramassis tout sauf drôle d’obscénités ou de grossièretés. Tout certes n’est pas toujours très fin et repose sur le comique connu qui confronte un menteur à ses mensonges : il en devient parfaitement ridicule. La recette est tout sauf neuve, mais l’exercice s’avère plaisant, du moins pour un public bien disposé. La morale à en tirer sur ce point est bonne : il ne faut pas mentir ! Loue-moi n’est certainement pas un chef d’œuvre, mais il s’avère un petit divertissement honnête. Le film tient aussi par le charme irrésistible de l’actrice principale, Déborah François.
 
Loue-moi entend décrire un nouveau fait de société qui arrive du Japon, ou devrait arriver du Japon, d’où en principe l’effet de surprise pour le spectateur. Au pays du Soleil-Levant, et c’est très vrai, il est possible depuis plusieurs années, voire bien davantage, de louer des « accompagnateurs ». Ils se font passer pour des amis ou des parents du client, selon les circonstances. Il est mal vu au Japon d’être seul, sans famille ni amis, ce qui dans un pays touché par la solitude générale qui frappe les individus dans toute société moderne, advient nonobstant. Les amis ou parents loués permettent de conserver la face, et de ne pas paraître « asocial ». Un marié par exemple, lors du grand jour, doit avoir une bonne trentaine d’amis au moins, donc il en loue au besoin. Ces accompagnateurs n’ont rien à voir avec la prostitution. Les deux accompagnatrices françaises du film, pionnières de cette activité, sont donc prises souvent pour ce qu’elles ne sont pas. Est-ce si drôle ? Pas toujours. Mais ce thème de l’achat d’amis nous a fait penser à des passages célèbres du Petit Prince, et en dit beaucoup sur le monde moderne. Ce qui est aussi vrai est que les jeunes gens peinent en France à trouver du travail bien souvent, donc sont tentés parfois de suivre des idées un peu loufoques, comme celle du film. Ce qui étonne le plus est que ce scénario est loin d’être impossible, en supposant qu’un tel marché existe dans notre pays, à la culture très différente de celle du Japon.
 

Loue-moi, un petit coup de cœur inattendu

 
En fait Loue-moi relève bien davantage du sous-genre de la comédie romantique que de la comédie pure. Suite à des péripéties que nous ne détaillerons pas ici, liées à son métier singulier – un homosexuel qui a besoin d’une fausse fiancée pour rassurer sa mère -, l’héroïne retrouve le grand amour de sa vie qu’elle avait connu au lycée. Elle avait brusquement rompu sans explications. On en saura davantage au fil du récit, bien construit. Est opposé un quasi-cynisme de façade en situation initiale, les relations amoureuses étant ramenées à une approche consumériste du sexe – que l’on voit fort heureusement très peu à l’écran -, à un retour sur soi avec la recherche de l’amour véritable et de l’estime de soi en situation finale, les deux étant liés. Aussi, le film est-il plutôt moral, chose trop rare dans les comédies françaises.
 
Nous avouerons avoir éprouvé une forme de petit coup de cœur inattendu pour Loue-moi, rien de plus.
 

Hector JOVIEN

 
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