Espagne : la mairie de Móstoles veut faire taire les cloches des églises

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La mairie socialiste de Móstoles, dans la banlieue de Madrid en Espagne, vient de dresser un procès-verbal d’amende à l’encontre de l’église Notre-Dame de l’Assomption, la paroisse du lieu la plus ancienne et la plus importante, pour « faute grave » en raison du bruit de ses cloches, dont la sonnerie dépasse les 55 décibels. Et ce n’est qu’un début : deux autres paroisses sont dans le viseur du conseil municipal et pourrait se voir infliger de semblables sanctions.
 
Le conseil municipal a agi à la suite d’appels de plusieurs voisins, a indiqué un conseiller municipal, Eduardo Gutiérrez. « Lorsque nous avons mesuré les décibels ils s’élevaient à 84 ; dans cette zone, il est interdit de dépasser les 55 », a-t-il expliqué. Le diocèse aura quinze jours pour se justifier, après quoi, en cas de désaccord persistant, l’amende sera ratifiée. On inflige aux responsables catholiques l’amende minimale, précise-t-on à la mairie : pour des « fautes graves » cela représente tout de même 16.000 euros, la peine maximale étant fixée à 300.000 euros. C’est ce qu’on appelle leur sonner les cloches.
 

Faire taire les cloches : un rêve de laïcistes en Espagne

 
L’élu, qui a peut-être lu le dernier livre de Philippe de Villiers, a précisé qu’il n’y avait pas eu d’avis préalable, puisque la norme municipale ne le prévoit pas : « On mesure, on constate, et on déclenche les formalités. » Eduardo Gutiérrez insiste sur le fait qu’il s’agissait simplement de faire respecter les normes relatives au bruit, « quelle que soit » son origine : « Il existe un plan d’inspection au titre duquel se fait le suivi, de même qu’on répond aux plaintes de voisinage. »
 
Bref, dans la municipalité de Móstoles, « la loi est la même pour tous » et la mairie est déjà intervenue pour mettre fin au bruit excessif dans les bars d’une rue du centre, proclament les autorités. Mais c’est plutôt la laïcité en action.
 
De son côté, le curé de Notre-Dame de l’Assomption s’est dit « surpris » et même « bouleversé » par ce qui lui arrive. « Nous n’avons jamais eu aucun problème par rapport à cela. Le son des cloches a fait partie de Móstoles depuis des temps immémoriaux », observe-t-il, soulignant que même si la procédure peut se déclencher sans avis préalable, il ne comprend pas que personne n’ait prit contact avec la paroisse pour lui faire part des plaintes, établir un dialogue et parvenir à une solution amiable.
 

A Móstoles, près de Madrid, les cloches sonnent depuis 800 ans…

 
On ne peut pas dire que les cloches de Móstoles sonnent de manière abusive. Elles marquent seulement l’Angélus de midi, et trois brefs coups de cloche précèdent la messe de 19 heures chaque jour. Au maximum, la sonnerie ne dure que 20 secondes : « Ce n’est pas un bruit de machinerie ou de gens qui se divertissent, un bruit qui dure », se défend le curé.
 
C’est pourquoi il est persuadé que l’affaire cache « une composante idéologique ». Une manière de faire taire l’église, car, assure-t-il, il n’a aucune idée de la manière dont la paroisse pourrait payer une amende de 16.000 euros. « Je suppose qu’il faudra sortir la somme du budget de la paroisse, je ne sais pas. Je tâcherai de parler avec l’évêché pour qu’il m’aide et me conseille… »
 

La mairie de Móstoles veut infliger aux églises une amende de 16.000 euros sans préavis

 
La branche locale du Partido Popular est du même avis, l’affaire est idéologique : la municipalité « ne résout pas les problèmes de bruits nocturnes dans la ville, pour elle, la priorité est de sanctionner l’église pour le bruit des cloches », note un responsable. A quoi s’ajoute le fait que le son des cloches « fait partie des traditions et de la culture historique de la ville » : « Nous somment sûrs qu’il y a des solutions qui permettraient de réduire la gêne, si toutefois elle existe, mais le manque de dialogue de la part de ce gouvernement est prémédité. »
 
Le beffroi de l’église paroissiale de Notre-Dame de l’Assomption de Móstoles, qui a 800 ans, ainsi que les cloches, sont classés patrimoine historique.
 

Anne Dolhein