Manuel Valls a dévoilé mardi un plan pour doper l’embauche dans les petites entreprises. Si la déclaration du premier ministre a été saluée par le patronat, elle risque, en revanche, de relancer la contestation au sein de sa majorité, et notamment au sein du Parti socialiste, au lendemain d’un congrès qui ne lui a déjà pas épargné, malgré une concorde de façade, les crispations. Surtout, le plan de Manuel Valls arrive bien tard, alors que la France, par démagogie et volonté d’uniformiser la question de l’emploi au niveau européen, a accumulé en ce domaine un retard difficile aujourd’hui à résorber.
Si Manuel Valls a pris soin de ne pas s’attaquer de front à certaines oppositions, notamment syndicales, sur une multitude de points, tel le contrat de travail à durée indéterminée, il n’en a pas moins, suivant l’exemple de certains de nos voisins, annoncé des mesures – dix-huit précisément – qui vont au-delà de ce qui était généralement attendu, voire espéré.
Manuel Valls décidé à doper l’embauche
« Comme d’autres l’ont fait à côté de nous, il faut décider des mesures fortes : c’est ce que nous avons fait ce matin », a déclaré, satisfait, le premier ministre à la presse.
Possibilité de renouveler deux fois au lieu d’une les contrats à durée déterminée ou en intérim, plafonnement des indemnités accordées par les juges prud’homaux pour les licenciements abusifs, sanctions réduites pour certains vices de forme, aide de 4.000 euros pour un premier recrutement, etc. telles sont quelques-unes des mesures que le premier ministre entend désormais mettre en œuvre, gageant, tel qu’il est effectivement raisonnable de le penser, qu’en réduisant le carcan administratif et certains coûts dissuasifs, il parviendra à redonner du souffle à l’embauche et tout spécialement dans les petites et moyennes entreprises.
De fait, les 140.000 PME et les 2,1 millions de très petites entreprises représentent aujourd’hui 50 % des salariés de France, et donc l’un des principaux gisements d’emplois du pays.
Evidemment, ce bol d’air donné par Manuel Valls à une partie du patronat a immédiatement crispé sa gauche. Les frondeurs notamment, malgré leur succès mitigé au congrès, ont dénoncé dans ces annonces une politique trop libérale.
Quant au Front de gauche, il a tout simplement évoqué des mesures de « régression sociale » dignes de la droite.
Un plan correct, mais tardif
Pour autant, le gouvernement n’avait guère le choix. Même si cette décision promet de nouvelles difficultés lors du débat sur la loi Macron, le mauvais score de la gauche sur le front du chômage, qui était pourtant l’un des principaux chevaux de bataille du président de la République, l’oblige à prendre de telles mesures d’assouplissement, d’assainissement.
En fait, on doit à la vérité de dire, non sans une certaine surprise, que le gouvernement a fait preuve d’audace. Il était temps d’agir. Mais n’est-ce pas trop tard ? Nos entreprises se vident, se vendent aux plus offrants, d’où qu’ils viennent, et quelque langue qu’ils parlent. Celles qui essayent encore de tenir ont bien du mal, et beaucoup mettent la clef sous la porte.
Il ne suffit pas de prendre, un jour, les bonnes décisions. Il faut aussi avoir le courage de les prendre à temps.