La promesse de Fatima vue depuis la Russie – et utilisée contre les catholiques

promesse Fatima Russie contre catholiques
 
Et si on regardait, pour une fois, l’histoire et la promesse de Fatima avec des yeux russes ? En ce centenaire des apparitions de Notre-Dame, on peut être sûr d’une chose : ce que nous, catholiques, disons de la Russie et des erreurs qu’elle allait répandre dans le monde est connu aussi des Russes eux-mêmes. Et aujourd’hui, l’Union soviétique étant désormais un vieux souvenir, et le communisme russe apparemment enterré avec lui, on assiste à une situation – pour ne pas dire une opération – où la Russie apparaît comme le rempart du christianisme, le dernier défenseur de la morale traditionnelle face à la folle idéologie LGBT présentée comme une conséquence logique de l’« hyperlibéralisme » venu d’« Occident », imposée au nom d’un individualisme que plus rien n’arrête.
 
C’était tout le thème du colloque « L’Occident contre l’Europe » évoqué ici.
 
Ainsi ce n’est plus la Russie qui répandrait ses erreurs sur le monde, mais le monde occidental. Et ce sont des erreurs que l’on peut juger plus graves encore que le communisme, en ce sens qu’elles déshumanisent l’homme de l’intérieur à travers un nihilisme total, qui nie jusqu’à l’identité sexuelle elle-même et contredit chaque loi de Dieu. Nihilisme moral, dictature absolue du relativisme : c’est une révolte suprême contre Dieu, contre la vérité, instillée dans les âmes avec une perversité qui dépasse celle de la tyrannie marxiste-léniniste et athée. Elle a réussi à porter la majorité des Occidentaux, en tout cas en Europe, à concevoir l’assassinat des enfants à naître dans le ventre de leur mère comme un « droit », à accepter le principe des unions homosexuelles et de l’euthanasie, à justifier le démantèlement du mariage (avec près de 60 % de naissances hors mariage en France, c’est devenu un modèle de dissociété)… La liste ne s’arrête pas là.
 

La Russie de Poutine se penche sur le message de Fatima

 
Face à ce désastre, la Russie, la Russie de Poutine, apparaît comme un havre de salut, un point de départ pour le redressement moral et intellectuel, en même temps qu’un champion des chrétiens d’Orient persécutés. Ainsi la présentent de nombreux catholiques, notamment en France où la Russie apparaît comme le soutien des forces « conservatrices ». Marine Le Pen et sa nièce Marion n’ont-elles pas fait le voyage de Moscou, sous les applaudissements de la presse russe francophone ? (On oublie que Marine elle-même affirme le « droit » à l’avortement, que Marion ne le conteste guère, et que le programme de la candidate à la présidentielle comporte une belle part de jacobinisme socialiste…)
 
Et tant pis si la Russie continue de connaître l’un des taux d’avortement les plus élevés au monde, que la gestation pour autrui y est légale et profite notamment aux homosexuels, que le divorce y est endémique… Il y a certes une loi qui interdit la propagande homosexuelle en direction des mineurs. Et le « mariage » gay n’y est pas légal (alors que la licence sexuelle absolue était l’une des premières réalités accompagnant la révolution bolchevique en 1917…). Les églises sont pleines et les sacrements sont distribués – ce sont de vrais sacrements, l’Eglise orthodoxe n’étant « que » schismatique – et de ce point de vue la situation des chrétiens russes est moins terrible qu’elle ne le fut du temps de l’URSS. Mais parler d’une nation redressée intellectuellement et moralement est un abus de langage – et peut-être même une manipulation.
 
J’ai entendu des prêtres et des laïcs catholiques français affirmer que les promesses de Fatima ont été remplies grâce à la consécration du monde (et non de la Russie nommément comme la Vierge de Fatima l’avait demandé) au Cœur Immaculé de Marie, et que la Russie s’est « convertie » en retrouvant sa foi… orthodoxe.
 

Le message de Fatima évoquait la Russie, non le communisme

 
Mais que dit Notre Dame à Fatima à propos de la Russie ? Ce sont ces paroles prononcées juste après la terrifiante vision de l’enfer :
 
« Vous avez vu l’enfer, où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire, de nombreuses âmes obtiendront le salut et auront la paix. La guerre va finir, mais si on ne cesse pas d’offenser Dieu… une autre, bien pire, commencera. Lorsque vous verrez une nuit éclairée par une lumière inconnue, sachez qu’il s’agit du grand signe que Dieu vous donne qu’il va punir le monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Eglise et le Saint-Père. Pour l’empêcher, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si on répond à mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix; sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Eglise. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. Finalement, mon Cœur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera accordé au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi. Etc. Cela ne le dites à personne. A Francisco, oui, vous pouvez le dire. »
 
Dans la situation où se trouve le monde aujourd’hui, est-il raisonnable de dire que le monde connaît un « certain temps de paix », que le « Cœur immaculé de Marie » a déjà « triomphé ? » Si ce n’est pas le cas, la Russie aurait-elle cessé de répandre ses erreurs sur le monde… pour les voir remplacées par des erreurs bien pires encore, dont la Sainte Vierge n’aurait pas parlé ? Et quelles sont ces erreurs, au juste ? Le communisme ? On l’a toujours pensé. Et s’il y avait autre chose ?
 
De fait, le refus de la loi de Dieu et la culture de mort – avortement, destruction du mariage et de la famille… ont été mis en place en Russie en même temps que le marxisme-léninisme ; les attaques contre la famille ont été théorisées par Engels. Aujourd’hui, les défenseurs de la famille en Russie accusent l’Occident, à travers Marx et Engels, d’avoir importé ces erreurs dans leur pays. Mais c’est bien Vladimir Illitch Oulianov, dit Lénine qui a, si l’on peut dire, « théorisé » la praxis de la Révolution russe, cette Roue rouge qui ne cesse de tourner, toujours différente, toujours la même comme l’avait compris Soljenitsyne. L’Ecole de Francfort a fait le reste : écouter et lire à ce sujet la passionnante intervention d’Anca-Maria Cernea au Rome Life Forum de 2016, c’est par là.
 
N’oublions pas en passant que l’avortement est « le plus grand destructeur de la paix aujourd’hui », pour reprendre les paroles de Mère Teresa lorsqu’elle reçut son prix Nobel. Cette paix dont la Vierge de Fatima nous donne les clefs…
 
N’oublions pas non plus que la libération sexuelle imposée en mai-68 l’était par des maoïstes – des communistes.
 

Les erreurs répandues par la Russie : du communisme à l’avortement

 
Et ces erreurs-là – tout comme les réformes pédagogistes qui ont été instituées en Russie à la faveur du communisme – se sont dès lors, dès 1917, répandues dans le monde. Comme un insidieux acide, elles ont attaqué les nations catholiques ou chrétiennes comme les Etats-Unis, elles les premières, provoquant à la fois un décervelage généralisé (sans quoi le relativisme ne peut trouver prise) et un effondrement moral.
 
Cette révolution culturelle théorisée par Gramsci est une autre forme de communisme, plus efficace que la dictature sanglante… Si bien qu’aujourd’hui, les « erreurs de la Russie », son matérialisme athée, certes fortement aidé par le libéralisme philosophique qui s’est si largement imposé, prospèrent dans de nombreux pays. Comment prétendre venir éteindre cet incendie sans précédent tout en refusant de renier réellement le passé soviétique – comme le fait aujourd’hui Poutine pour qui la chute de l’Union soviétique a été un « désastre géopolitique majeur » ? En Russie, il est à la mode de répéter avec lui que Lénine, avec « l’autonomisation » des Républiques soviétiques, a posé la bombe qui a fini par désintégrer l’URSS. Staline, lui, est toujours bien vu et à l’honneur dans les discours, y compris les discours pro-famille qui lui attribuent un redressement (très relatif, nous l’avons vu) de la société russe sur ce plan. Tout cela est vu sous l’angle de la puissance de la Grande Russie. Ailleurs, les sociétés en déliquescence se précipitent vers l’autodestruction, à tel point que les plus lucides sur ce fait en viennent à se tourner vers la Russie qui chez elle, semble vouloir inverser le cours de ce suicide collectif.
 
Viendra peut-être le jour où l’expansion de la Russie vers l’Ouest – n’a-t-on pas entendu parler de manière répétée d’une « confédération de Brest à Vladivostok » lors du colloque « l’Occident contre l’Europe », l’Union eurasiatique de Poutine en posant les premières bases – sera accueillie comme une « libération » en Europe occidentale. Mais est-il franchement raisonnable d’y voir… l’apport d’un temps de paix, le triomphe du Cœur Immaculé qui n’est en aucun cas une dévotion orthodoxe ? Aveuglé par la « renaissance orthodoxe », largement financée par des oligarques et forte de l’orthodoxie affichée par Poutine, l’Occident catholique pourrait s’y laisser prendre. « Il aimait Big Brother »…
 

Konstantin Malofeev et Katehon, porte-paroles de la Quatrième théorie politique

 
Il est temps, pour y voir plus clair, de se tourner vers ce que disent, ou font dire, les proches de Poutine lui-même. Un « proche entre les proches » : il s’agit de Konstantin Malofeev, le multimilliardaire auquel Valeurs actuelles attribuait cette qualité en lui consacrant, en 2014, un article élogieux sous le titre « L’homme qui parle à l’oreille de Poutine ». Grand bâtisseur d’églises, de séminaires et de monastères orthodoxes, Malofeev brandit sa foi comme un étendard.
 
Mais Malofeev a d’autres cordes à son arc – il serait plus exact de parler de flèches pour son arc. Il est le fondateur et le président du think-tank Katehon (et son financier ? – on n’a pas de détails à ce sujet), un site qui diffuse des analyses géopolitiques en sept langues au moins, et qui donne une grande place aux théories, aux articles et aux vidéos d’ Alexandre Douguine le gnostique, chantre de l’eurasisme, adepte d’un vocabulaire évidemment maçonnique, inventeur de la Quatrième théorie politique au service d’un « monde multipolaire » dont la Russie constitue la grande force « traditionnelle » (cette « Tradition » étant celle qui est antérieure aux grandes religions, qui ne sont que des déclinaisons de cette spiritualité gnostique). La fille de Douguine, Daria (qui signe également Daria Platonova) est une collaboratrice habituelle de Katehon.
 
Il y a quelques semaines, dans une série de trois textes publiés les 27 et 28 mars, (premier article, deuxième article, troisième article) Katehon donnait la parole à Charles Upton qui exposait l’analyse du Purgatorio de Dante par son épouse, Jennifer Doane Upton, sous le titre : « La prophétie de Dante sur la chute de l’Eglise catholique romaine. » Charles Upton se présente comme un ancien catholique romain converti au soufisme islamique. Et il explique d’emblée que sa femme a réalisé cette analyse non pas du point de vue de saint Augustin ou de saint Thomas d’Aquin, mais de celui des Pères d’Orient et surtout des « philosophes traditionalistes René Guénon et Frithjof Schuon », ce dernier étant un ésotériste syncrétiste. La série d’articles affirme clairement qu’il appartient à Moscou, la « Troisième Rome », à l’Eglise orthodoxe russe, donc, de sauver l’Eglise d’Occident, gangrénée par Vatican II, du modernisme et du libéralisme. Le texte cite amplement les prophéties de La Salette et de Fatima pour expliquer que Rome perdra la foi. Et que par conséquent, la religion orthodoxe est la vraie religion chrétienne qui doit se méfier des rapprochements avec la Rome apostate.
 

Katehon et l’ésotérisme d’Alexandre Douguine

 
En voyant ce qui se passe au Vatican aujourd’hui, avec un pape qui fait des déclarations et pose des actes de plus en plus aberrants aux yeux des catholiques traditionnels, l’analyse peut paraître séduisante.
 
Mais il faut en poser le contexte, comme le fait Upton lui-même dans son introduction : « Lorsque le grand schisme entre l’église catholique romaine et l’église orthodoxe orientale a eu lieu en 1054, l’église occidentale a perdu beaucoup de ceux qui étaient jusqu’alors la tradition chrétienne universelle. Cependant – à l’inverse de la plupart des chrétiens orthodoxes – je ne crois pas que l’église catholique romaine soit pleinement entrée dans l’apostasie avant le concile Vatican II et ses suites, commencés en 1963, puisque jusqu’à cette époque le catholicisme produisait encore des saints. Bien que je sois musulman et soufi depuis 1988, je dis cela en tant qu’ex-catholique, quelqu’un qui n’a pas tant l’impression d’avoir déserté l’église que d’avoir été déserté par elle. »
 
Il présente ensuite le concile Vatican II comme ayant « catapulté l’Eglise catholique dans la grande apostasie prédite dans la 2e épître aux Thessaloniciens en détruisant ce qui pouvait subsister de cohésion organique et spirituelle en Europe occidentale après deux guerres mondiales – une unité donnée par Dieu que l’union européenne ne peut d’aucune façon restaurer ». De là, de cette chute, viendrait selon lui l’effondrement de la natalité en Europe occidentale qui a eu pour résultat l’arrivée des masses déculturées de plusieurs nations musulmanes. « Et nul n’a aidé et applaudi ce désastre de manière plus enthousiaste que Jorge Bergoglio, autrement connu comme le pape François. »
 
Que la Russie ait subie une dénatalité semblable, un effondrement de sa population, ne l’effleure même pas. Il est vrai qu’elle est curieusement préservée des flux migratoires depuis le Sud…
 

Dante annoncerait le naufrage de l’Eglise catholique – si on le lit avec les yeux de René Guénon

 
Mais continuons avec Upton. « Ce prochain 13 mai marquera le centième anniversaire de l’apparition de la Theotokos à trois enfants dans la ville de Fatima, au Portugal. (Tout se passe comme si, à mesure que l’Eglise d’Occident lui a laissé de moins en moins de place spirituelle, elle a été obligée d’apparaître “sur les routes et les chemins” », écrit-il).
 
L’Eglise catholique, qui a proclamé deux dogmes mariaux si récemment ! Celui de l’Assomption que peu ou prou les Orthodoxes professent sans qu’il soit défini, et celui de l’Immaculée Conception, qu’ils rejettent, estimant que si Marie n’a pas commis de péché personnel, elle n’a pas été exempte de la tache originelle…
 
Charles Upton poursuit son raisonnement : « La dernière de ces trois témoins à mourir était Lucie, qui est décédée en 2005 – même si, comme nous le verrons plus loin, la vraie Lucie a pu un moment donné être remplacée par un imposteur. En tout cas, la préparation de sa canonisation en tant que sainte Lucie est déjà en route à l’Ouest. Beaucoup croient que cela pourra ouvrir le chemin à la consécration de la Russie par le pape au Cœur sacré de Marie que la Vierge a demandée à Fatima. D’autres au contraire disent que cette consécration a déjà eu lieu, ayant été menée à bien par l’un des papes d’avant Vatican II, peut-être le pape Pie XII – et en tout cas, le retour de la Russie à la vénération et à la protection de la Theotokos a déjà été accompli, en termes entièrement orthodoxes, par la chute de l’Union soviétique et l’émergence de l’Eglise orthodoxe russe à l’issue de trois quarts de siècle de persécution communiste. Vu la menace croissante que représentent pour la Russie les globalistes occidentaux, on ne peut s’empêcher de se demander si cette “consécration” proposée, si elle devait en effet avoir lieu – une consécration qui, du point de vue de la Tradition chrétienne, serait très probablement effectuée par un faux pape à la tête d’une Eglise apostate – ne pourrait pas faire parti du grand dessein des élites globalise en vue de “remettre la Russie à sa place”. »
 
L’analyse révèle plusieurs choses. D’abord, la haine ontologique, plus ou moins cachées selon les époques et les lieux, de l’orthodoxie à l’égard de l’Eglise catholique et du pape. Mais aussi et peut-être surtout, une sorte de détournement du message de Fatima qui sert précisément la cause de ceux dont il dénonçait les erreurs qui allaient « être répandues dans le monde ».
 

La promesse de Fatima utilisée contre les catholiques

 
La présentation du message est évidemment boiteuse. C’est dans l’Eglise catholique, avec une insistance forte sur la personne du pape pour lequel tout catholique est appelé à prier et à offrir des sacrifices, que la Vierge sans tâche, l’Immaculée Conception, a prononcé ses paroles de paix. Elle a nommément désigné la Russie comme destructrice de cette paix et elle n’a pas annoncé son retour comme l’œuvre de la Russie, mais comme celle de son Cœur immaculé touché par les prières et les sacrifices des chrétiens.
 
L’insistance à présenter l’Eglise catholique comme apostate est frappante. C’est une insistance que l’on retrouve dans d’autres articles du site Katehon, et notamment un éditorial non signé de 2015 qui appelle à une vision œcuménique pan-chrétienne qui se traduirait notamment par la renonciation de l’Eglise catholique à convertir les autres chrétiens. Cette apostasie est celle que les catholiques ont en effet pu constater chez nombre de leurs chefs spirituels, donnant force à l’argument russe. Mais les catholiques savent que l’Eglise est bâtie sur le roc qu’est Pierre, et que les portes de l’enfer ne prévaudront pas sur elle, quelles que soient les tempêtes.
 
Un peu de politique-fiction ? Si j’étais russe, et que je connaissais le message de Fatima, je pourrais y voir un levier pour faire avancer ma cause, comme le font aujourd’hui avec le recul de plusieurs décennies d’apostasie silencieuse de l’Occident les écrivains et journalistes consacrés et diffusés par Katehon. Allons plus loin : si j’étais le KGB, et que j’avais les moyens de monter un gigantesque montage, j’aurais favorisé de toutes mes forces l’effondrement de la liturgie catholique, la montée du relativisme et pour finir j’aurais fait constater l’échec de Rome. J’aurais pris la précaution de favoriser une renaissance orthodoxe. Je vous livre le scénario pour ce qu’il vaut. Quoi qu’il en soit, c’est un appel à dire la vérité, mais toute la vérité : oui, l’Eglise catholique semble discréditée, mais quelles que soient les défaillances de certains de ses prêtres, de ses évêques, de ses cardinaux, quelle que soit l’évidente confusion semée même par le pape, il nous faut nous accrocher à l’Eglise du Christ, l’Eglise romaine, une, sainte, catholique et apostolique.
 
L’ironie de cette histoire, c’est que l’un des principaux reproches que l’on fait en Occident au pape François est d’avoir ouvert les portes à quelque chose qui existe depuis très longtemps chez les orthodoxes : la possibilité pour les divorcés de se remarier et communier. Les mêmes qui évoquent la conversion « acquise » de la Russie sont les premiers à dénoncer cette dérive qui ne concerne pas seulement la discipline mais le sens des sacrements et tout le sens moral. L’Eglise catholique semble en cela se rapprocher de l’orthodoxie ; on n’a peut-être jamais été aussi proche d’une fausse entente œcuménique. D’une grande entente dont la Russie mènerait le jeu.
 
On notera enfin que les reproches adressés à l’Occident en pleine décadence des mœurs sont les mêmes, qu’ils viennent de ces tenants de la « révolution conservatrice », mais plus exactement de la « Tradition » ésotérique prête à s’allier avec l’islam, ou de l’islam radical lui-même qui veut tuer des « croisés » à la fois parce qu’ils sont du Christ et parce qu’ils ont abandonné toute décence.
 

Jeanne Smits