Parmi les thérapies « New Age » et des systèmes de méditation orientale, le Reiki est aujourd’hui une des plus populaires. Si en France, il suscite encore quelque méfiance, cela ne l’a pas empêché de faire son entrée dans nombre d’hôpitaux, comme celui de la Timone à Marseille. En Espagne, ce sont désormais les mairies et d’autres institutions publiques qui le rendent accessible à tout un chacun. Loin d’être une lubie pour dames patronnesses en mal d’exotisme, le Reiki séduit de plus en plus avec ses promesses de guérison au moyen de la canalisation de « l’énergie universelle ».
Le magazine féminin Marie Claire vantait dans un récent numéro le « Reiki traditionnel, rencontre entre relaxation et méditation », expliquant que cette technique japonaise inventée par un maître japonais de la méditation mort en 1926, Mikao Usui, permet de se « reconnecter à soi-même » par le truchement d’un accompagnateur qui médite auprès du patient en lui touchant diverses parties du corps.
Le Reiki, une pseudo-thérapie orientale qui a le vent en poupe
« C’est grâce à l’alliance de cette méditation et du contact avec ces quelques points clefs que la relaxation peut avoir lieu », explique l’article, avant de citer un professeur à l’institut de Reiki de Paris, Christian Mortier : « Le consultant entre alors dans sa propre résonance méditative, ce qui lui permet d’accéder aux solutions qu’il avait en lui pour régler ses problèmes. Le Reiki reconnecte le consultant à lui-même et l’aide à régler ses problèmes avec ce qu’il a en lui et non avec des solutions extérieures. »
Voilà qui fleure bon le mystico-gazeux avec toujours cette même idée, vieille comme la kabbale, selon laquelle notre guérison se trouve au fond de nous-mêmes. On est loin, très loin de la spiritualité chrétienne. Mais une spiritualité, ça l’est évidemment et d’ailleurs, chez Reiki à Paris, on est content de recevoir Christophe André, ce psychologue bouddhiste promoteur de la « méditation pleine conscience ».
Sur l’Internet hispanophone, un réseau d’études des sectes (RIES, Red Iberoamericana de Estudios de las Sectas) s’interroge sur le succès actuel du Reiki en Espagne à l’heure où des municipalités n’hésitent pas à organiser, comme celle de Fabero dans la province du León) des foires ésotériques avec Reiki, tarot, pseudo-thérapies et chamanisme.
Le Reiki se pratique avec la bénédiction des mairies en Espagne
A Grenade, un centre municipal de Huétor Tájar accueillera pendant toute l’année scolaire des ateliers gratuits de Reiki pour des personnes présentant quelque pathologie comme la fibromyalgie ou désireuses, simplement, de se relaxer, le tout sous l’égide des services sociaux, et on pourra venir se faire « soigner » les lundis, mardis et mercredis, gratuitement. Il paraît – car nous vivons dans des temps de détresse et de stress – que des centaines de personnes du voisinage sont déjà passées par là pour « calmer quelque douleur et se trouver mieux ». Quant à la conseillère municipale chargée du « bien-être social », elle a salué « la manière totalement altruiste » dont les bénévoles travaillent pour « améliorer la qualité de vie de nos voisins ».
A Valladolid, c’est au cours du mois d’octobre que des conférences sur le Reiki, théorique et pratique, ont été organisés dans des centres civiques, avec une séance spéciale sur la méditation dans les temples japonais de la montagne Kurama, et une autre sur les « techniques de méditation Reiki et bouddhisme ésotérique ».
De la méditation pleine conscience au Reiki, une même spiritualité non chrétienne
Et d’autres exemples abondent. Depuis la foire des animaux domestiques d’Argamasilla de Calatrava (Ciudad Real) jusqu’au festival alternatif de Santa Croce de Tenerife, sous couleur de culture à Gijon, ou sous l’égide de la Croix-Rouge, à Cordoue, d’aide aux personnes s’occupant de proche dépendants, les massages, le yoga, le Reiki et autres pratiques transcendantales se multiplient. La province profonde espagnole, jadis terre de chrétienté, se livre pieds et poings liés à des spiritualités qui n’ont rien à voir ni avec l’Europe, et encore moins avec la vérité.
C’est certainement signe une grande confusion des esprits. Mais aussi la preuve que la soi-disant laïcité s’efface volontiers devant cette pratique fondamentalement religieuse comme l’est la méditation – qu’on se prenne soi pour dieu ou qu’on se contente de quelque esprit (mauvais), avec la bénédiction des institutions publiques.
La laïcité, qu’on se le dise, est fondamentalement hypocrite.