L’arrivée de Trump rend très sérieux l’espoir d’organiser un audit de la Réserve fédérale des Etats-Unis

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Réclamée depuis des années devant le Congrès des Etats-Unis, l’initiative visant à organiser un audit de la réserve fédérale a désormais de bonnes chances d’aboutir. Cet espoir très sérieux est lié, bien sûr, à l’arrivée prochaine au pouvoir de Donald Trump, et il correspond à une volonté populaire réelle. « Audit the Fed », une idée lancée au départ par Ron Paul, veut faire la lumière sur les pratiques et les agissements secrets de la banque centrale américaine.
 
Aux termes de cette proposition de loi sur la « transparence de la réserve fédérale », l’ensemble du bureau des gouverneurs de l’institution mais aussi les banques fédérales régionales privées seraient soumis à un audit de la part du contrôleur général des Etats-Unis.
 
Rand Paul – le fils de Ron – aujourd’hui porteur de l’initiative, explique : « Aucune institution dispose davantage de pouvoir par rapport à l’avenir de l’économie américaine et à la valeur de notre épargne que la Réserve fédérale, et pourtant, la présidente de la Fed Yellen refuse de rendre des comptes complets aux représentants du peuple. La chambre des représentants a répondu au peuple américain en présentant le texte “Audit the Fed” à de multiples reprises, et le président-élu Trump a fait part de son soutien à cet audit envoyant lui le texte pendant cette session du Congrès. »
 

La prochaine initiative d’audit de la Réserve fédérale est annoncée

 
En réalité, cette proposition a été plusieurs fois approuvée par la Chambre des représentants, lors de la dernière session notamment ou elle avait recueilli 333 votes positifs et seulement 92 votes contre, avec le soutien de la quasi-totalité des républicains et de plus de la moitié des démocrates. La proposition pouvait compter sur un soutien majoritaire au Sénat mais à été bloquée par des partisans du pouvoir de la Fed et des proches de « l’établissement ».
 
Les sondages montrent par ailleurs que les trois quarts des Américains sont favorables à un audit, 10 % seulement s’y disant opposés.
 
Au cours de sa campagne, Donald Trump a souvent dénoncé le pouvoir démesuré de la banque centrale qui manipule l’économie américaine à partir de motivations politiques, notamment à travers des taux d’intérêt maintenus artificiellement bas. Comme son vice-président, il a d’ailleurs insisté sur l’intérêt de revenir à l’étalon-or pour empêcher la Fed de peser à sa guise sur l’économie américaine. Hillary Clinton n’a pas manqué de le lui reprocher…
 
Le représentant républicain Thomas Massie fait partie de ceux qui demandent avec insistance la reprise du contrôle souverain sur la politique monétaire. « Derrière ces portes fermées, la Fed agence une politique monétaire qui continuera de dévaluer notre monnaie, de ralentir notre croissance économique, et de rendre la vie plus difficile pour les pauvres et pour les classes moyennes. Il est temps d’obliger la Réserve fédérale à œuvrer selon les normes de transparence et de responsabilité à l’égard des contribuables que nous devrions imposer à toutes les agences gouvernementales », a-t-il déclaré.
 

L’arrivée de Trump fait naître l’espoir de contrôler la Réserve fédérale

 
Ron Paul – longtemps partisan du démantèlement pur et simple de la Réserve fédérale – a vivement félicité son fils ainsi que Thomas Massie, assurant que l’usurpation du pouvoir monétaire a permis la mise en place d’un « cycle d’expansion et de récession économique, de l’expansion du pouvoir du gouvernement, d’une croissante inégalité des revenus, et d’une perte de plus de 90 % du pouvoir d’achat du dollar. »
 
L’audit, qui devrait être fait dans l’année suivant l’adoption du texte pour être ensuite présenté au peuple américain dans les trois mois de son achèvement, porterait notamment sur les transactions avec des banques centrales et des gouvernements étrangers, permettant de faire la lumière sur des sauvetages à milliards. Les « délibérations, décisions ou actions portant sur la politique monétaire » seraient elles aussi soumises à un devoir de transparence, tout comme les transactions réalisées sous la direction de la Federal Open Market Committee. L’audit porterait également sur toutes les discussions et communications entre employés et responsables de la banque centrale relatives à ces activités.
 
Plusieurs responsables des banques fédérales locales ont déjà dénoncé cette volonté de faire la lumière sur les décisions politiques prises en leur sein, assurant que cela porterait atteinte à leur indépendance en favorisant des « décisions hâtives fondées sur les objectifs politiques » comme l’a déclaré le président de la banque fédérale de Philadelphie – privée, bien sûr – Patrick Harker.
 

Les Etats-Unis reprendront-ils leur souveraineté monétaire ?

 
Mais les banques fédérales, contrairement à ce que laisse entendre leur intitulé, n’ont pas été créées de par la volonté du peuple américain mais sont le résultat d’une rencontre secrète de grands banquiers sur Jekyll Island au début du siècle dernier. On peut raisonnablement parler d’un cartel.
 
Celui-ci dispose depuis plus de 100 ans d’un monopole sur la monnaie américaine, avec la capacité de créer massivement de l’argent et de le distribuer à discrétion – et dans la discrétion. Création d’argent qui lui a permis de peser directement sur l’économie réelle. Alex Newman de The New American rappelle ainsi qu’au cours de la dernière crise, la Fed a tiré du néant, comme par magie, des milliers de milliards de dollars qui ont pu bénéficier aux copains, aux méga-banques, aux banques centrales étrangères, au « Big Business »… Sans que personne ne puisse contrôler ce qui s’est passé.
 
Les États-Unis sont décidément très différents de l’Europe, pour ne nommer qu’elle. Qu’une telle initiative de reprise de contrôle de la souveraineté monétaire soit connue, approuvée par l’homme de la rue et portée par une majorité d’hommes politiques prêts à s’en prendre à l’un des outils centraux de la confiscation du pouvoir national est remarquable.
 

Anne Dolhein