L’ancien directeur du FBI, Mueller, a fait de l’obstruction dans l’enquête du Congrès sur la participation de l’Arabie saoudite au 11 septembre

11 septembre Mueller Arabie saoudite
 
Le ministre de la justice sous Obama parlait d’un homme « incorruptible ». Celui qu’on appelle complaisamment le cauchemar de Trump, l’homme-qui-peut-destituer Trump, le super-adversaire de Trump, a pourtant des choses à cacher. Robert Mueller, alors directeur du FBI, aurait volontairement perturbé, voire empêché certaines enquêtes opérées après le 11 septembre par le Congrès, sur l’implication de l’Arabie saoudite. L’arroseur arrosé ?
Des zones d’ombre pourraient s’éclaircir avec les procès en cours intentés par les familles des victimes contre Riyad – on n’a pas fini d’en parler, et d’en découvrir.
 

Les bâtons dans les roues de Robert Mueller

 
Dans un long et riche article, publié le 10 septembre dans le Harper’s Magazine, le journaliste Andrew Cockburn rapporte les confidences de l’ancien sénateur Bob Graham qui avait contribué à la rédaction du rapport originel de la Commission d’enquête. Il raconte qu’un jour où la commission avait voulu envoyer une équipe à San Diego pour enquêter sur un lien potentiel entre le gouvernement saoudien et les activités de certains pirates de l’air, le directeur du FBI, Robert Mueller, avait émis « les plus fortes objections »…
Malgré ces dernières (ou à cause d’icelles!) l’équipe de recherche avait maintenu son projet et s’était rendu à San Diego où elle avait rapidement découvert que deux des pirates de l’air, Nawaf al-Hazmi et Khalid al-Mihdhar, arrivés en Californie de Malaisie et pris sous l’aile d’agents saoudiens, « avaient vécus pendant deux mois avec un informateur du FBI »… !
Persuadés que ce dernier avait tout plein de choses à leur raconter, les enquêteurs ont cherché à joindre l’agent. Et bien, Robert Mueller leur en refusa toujours l’accès, quand bien même la demande serait soutenue par une assignation à comparution du Congrès…
Aujourd’hui, Bob Graham croit que Mueller agissait sous les ordres de la Maison Blanche, pour cacher cette implication de l’Arabie saoudite.
 

Les « 28 pages » sur l’implication de l’Arabie saoudite dans le 11 septembre

 
Depuis la validation, en septembre 2016, par le Congrès, de la « Justice Against Sponsors of Terrorism Act », JASTA, (en dépit du veto d’Obama), les Américains sont autorisés à poursuivre un État étranger pour son implication dans le terrorisme. Plus de 6.500 plaignants blessés et proches des victimes de l’attaque terroriste du 11 septembre à New York ont par conséquent intenté un procès en dommages-intérêts contre l’Arabie saoudite, un pays dont 19 des terroristes étaient des ressortissants – et qui, pourtant, a drôlement été laissé de côté jusque-là, ignoré ou préservé
C’est grâce, en partie, à ces actions en justice en cours, qu’on en apprend davantage. Car la campagne concomitante visant à révéler les parties expurgées du rapport de la commission d’enquête américaine sur le 11 septembre publié en 2003, a payé en partie : en juillet 2016, le Congrès a finalement cédé à la pression croissante en publiant les fameuses « 28 pages » qui avaient été censurées sur les liens de Riyad avec certains pirates de l’air (bien que de nombreux passages en aient été encore apriori retirés…)
La loyauté envers Riyad primait visiblement sur tout, pour Bush comme pour Obama. Le rapport final de la commission, publié en 2004, déclarait d’ailleurs in fine que n’avait été trouvé aucune preuve que le « gouvernement saoudien en tant qu’institution ou les hauts fonctionnaires saoudiens ont financé individuellement Al-Qaïda »….
Restait au directeur du FBI, Robert Mueller, à préserver cette scandaleuse alliance sans trop faire de vagues – et on apprend qu’il l’a bien fait !
 

L’arroseur arrosé

 
Déjà, en avril 2016, l’ancien sénateur Bob Graham avait jeté un pavé dans la mare lors d’une émission sur CBS News, en déclarant que le soutien venait « essentiellement » d’Arabie saoudite. Et que c’est Robert Mueller qui ne voulait pas, en 2003, de la publication des fameuses « 28 pages » censurées du rapport original de la Commission.
Cette protection systématique soulève bien évidemment des questions, fort nombreuses, sur les intérêts du gouvernement américain à couvrir ses « alliés de Riyad ».
Mais aussi, il est très ironique de voir Robert Mueller dans cette posture dissimulatrice, alors même qu’il a été nommé en mai pour « enquêter de manière indépendante » sur le président des États-Unis pour la « collusion » avec la Russie et l’entrave éventuelle de la justice…. Lui qui, très visiblement, a fait, en son temps, obstruction à la justice !
On nous dira certainement que c’était une question de realpolitik pour les Etats-Unis…
 

Clémentine Jallais