Malgré une vague Macron un peu moins forte que des sondages démesurés ne le prédisaient, un groupe pour Mélenchon, des vieux partis qui sauvent le leur, le seul vrai fait du jour est l’abstention. Ce n’est pas un accident, c’est l’objectif que vise le système mondialiste depuis des décennies.
On le sait : tout le monde est toujours content au soir d’une élection. C’était le cas un peu plus que d’habitude hier soir. Les nationalistes corses ont fait carton plein, Marine Le Pen a évité le carton rouge, Mélenchon obtenu son groupe, le PS aussi, ce n’était pas couru, le PC, qui ne pèse rien, a plus de sièges que le FN, la droite parlementaire est heureuse de l’échec qu’elle reconnaît, elle n’a perdu que cent sièges sur 2012 (qui était déjà une catastrophe). En Marche et le Modem triomphent comme des jeunes mariés en voyage de noce. Même Dupont-Aignan, et même Valls, sont réélus.
Trois vainqueurs : Macron, Mélenchon et l’abstention
Si l’on regarde le détail, Debout la France a un siège avec 0,1 % des exprimés, le PC dix sièges avec 1,2 %, le Modem 42 sièges avec 6,11 %, le PS 29 sièges avec 5,60 %, la France insoumise 17 sièges avec 4,70 % et enfin le FN 8 sièges avec 8,95 %. En somme il faut deux fois et demie plus de voix pour faire un député mélenchonien que pour un communiste ou un debout la France. Et il faut quatre fois plus de voix pour faire un député FN que pour un député France insoumise.
Mais la vraie vedette de ce scrutin a été l’abstention. Une vedette montrée du doigt par tous. Le premier ministre Edouard Philippe a exhorté les Français à aller voter, et, une fois les résultats connus, le porte parole d’En marche Christophe Castaner a défini le fort taux d’abstention comme « un échec collectif pour la politique ».
Quand la majorité est identique à l’opposition, l’abstention gagne
Echec collectif ? Peut-être, mais qui semble en réjouir plus d’un. Tout n’est aujourd’hui qu’appels du pied et offres de services. Valérie Pécresse l’a dit clairement, elle ne veut pas d’une droite « brutale », elle souhaite une opposition « constructive » fière de ses « valeurs » mais prête à se mettre en marche vers « les réformes » pour le bien de « ce pays ».
A cette opposition constructive répond la vision de Mounir Mahjoubi, le jeune secrétaire d’Etat à l’informatique, de « contre-pouvoir » incarné à l’assemblée par le groupe la république en marche, en marche tenant lieu à la fois de majorité et d’opposition, car « ce qui fait la République en marche, c’est le débat interne ». Voilà qui n’est pas banal : c’est quasiment l’amorce d’un parti unique, qui se suffirait à lui-même et suffirait au besoin de liberté politique de tous les Français.
Un système mondialiste où concourent Macron et Mélenchon
Avec l’opposition dans la majorité et la majorité dans l’opposition, cette chambre bleu Macron aura mené à son achèvement ultime la fusion de la gauche, de la droite et du centre, que le Front national nommait naguère UMPS. Il n’y a plus de différence entre les principaux partis sur l’essentiel, c’est-à-dire la soumission au mondialisme, à l’Europe de Bruxelles, à la nouvelle morale humaniste, et pour le reste chacun est libre de débattre des questions secondaires. On pourra ainsi dégager des majorités transpartisanes de rencontre, ou des oppositions analogues, sur tous les sujets annexes qu’il plaira aux nouveaux venus de soulever.
Cette chambre est donc l’expression parfaite du projet des élites mondialistes. Il est normal en conséquence qu’elle ait suscité la plus grande abstention jamais connue en France. L’américanisation des institutions (quinquennat, législatives dans la foulée de la présidentielle, primaires) accentue nécessairement le phénomène, puisqu’elle s’accompagne de la croissance d’une indifférence à l’américaine pour la politique.
L’objectif est la fin des nations
C’est l’objectif des commanditaires de Macron. Le Nouvel ordre mondial, la gouvernance globale, entendent en finir avec le cadre national qui permet encore une certaine expression de la volonté populaire. Il était donc urgent de dégrader celle-ci. C’est ce qui vient de se passer en une trentaine d’année, avec une multiplication des scrutins qui lassent d’autant plus qu’ils ne portent pas sur les questions qui intéressent le peuple et qu’ils ne sont pas suivis d’effet quand le peuple s’exprime (referendum de 2005 sur la constitution). L’émergence de Macron à la présidentielle, l’apparition d’une majorité de Macronistes avec moins de 13 % des inscrits, et le record d’abstentions forment un moment important dans le processus de liquidation de la démocratie voulu par les élites.
Mélenchon allié et complice de Macron
En outre, la vague Macron s’accompagne, par l’effet combiné de l’abstention qui a réduit le nombre de triangulaires à un, et des consignes humanistes appelant à voter républicain (qui explique la bonne tenue relative du PC, des Républicains, du PS, et des centres), d’un effondrement du Front national. Celui-ci n’aura pas son groupe, Mélenchon sera la seule véritable opposition formelle à la chambre des députés, et cela aussi concourt à l’objectif du système mondialiste : Mélenchon est la figure française d’un mouvement européen qui combat le populisme en substituant à l’urgence du combat national, identitaire et souverain, les vieilles revendications marxistes. Mélenchon est le joker du système pour dériver la colère populaire vers le leurre altermondialiste.
Et quand l’abstention aura définitivement discrédité la démocratie électorale, on aura droit au troisième tour social, et à déplacement du pouvoir : les décisions seront prises tantôt par les technocrates du gouvernement, tantôt au cours de négociations entre syndicats et entreprises. Et les revendications populaires s’exprimeront encore moins qu’aujourd’hui.