Repousser l’âge de la retraite, en finir avec le salaire minimum : les recommandations d’un “think-tank” allemand devant le coût des migrants

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Nicolas Potrafke, tête pensante d’un des think-tanks allemands les mieux reconnus, vient d’annoncer que le seul moyen de faire face au coût exorbitant de l’afflux de migrants en Allemagne est de mettre fin au salaire minimum et de repousser fortement l’âge de la retraite. En réalité, c’est l’ensemble du modèle social allemand qui risque d’être bouleversé par l’arrivée de centaines de milliers de personnes ; les recommandations de l’Ifo-Institut de Munich visent à prendre les devants.
 

L’Allemagne face aux flux de migrants

 
Les 800.000 nouveaux arrivants en 2015 (c’est l’estimation basse – d’autres parlent d’1,5 million) représentent des dépenses sociales, de logement et de santé évaluées à 6 milliards d’euros ; une somme importante, sûrement minorée, et annonciatrice de dépenses dans la durée. Les 400.000 migrants arrivés l’année dernière sont eux encore largement à charge de la communauté allemande…
 

Reculer l’âge de la retraite

 
Pour éviter de faire supporter ces coûts par les générations à venir, l’Ifo-Institut propose de reculer l’âge de la retraite de 63 ans actuellement à 70 ans – une simple anticipation, dit Potrafke, sur une tendance qui de toute façon est inéluctable à mesure que la population allemande vieillit.
 
« Il n’est pas question de jouer les retraités contre les immigrés », assure l’expert : « Repousser l’âge de la retraite n’affectera pas les retraités actuels ». En attendant, annoncer à une population autochtone qu’elle doit renoncer à des droits qui semblaient acquis pour les beaux yeux d’une population de moins en moins bien acceptée, c’est carrément jeter de l’huile sur le feu.
 
Potrafke a reçu le soutien du président de l’Ifo-Institut, Hans-Werner Sinn – vu l’afflux des migrants, il a déclaré : « Nous ferions mieux d’augmenter l’âge de la retraite pour les nourrir. »
 

En finir avec le salaire minimum

 
C’est dans la même logique qu’il approuve l’idée d’abandonner le salaire minimum. « Nous devrions profiter de l’afflux de réfugiés pour créer l’occasion d’un nouvel Agenda 2010 » (du nom des réformes du travail entreprises au cours des années 2000), a-t-il déclaré. En mettant fin au salaire minimum, se réjouit-il, davantage d’entreprises vont pouvoir employer plus de migrants sans formation tandis qu’ils ne pèseront pas sur le système social.
 
C’est le scénario connu par la France dans les années 1960 : l’afflux d’immigrés avait permis de comprimer les salaires et, dans le même temps, de dévaloriser le travail manuel…
 
Où l’on comprend que les vagues d’immigration ne sont pas forcément mal vues dans un pays qui subit de plein fouet l’hiver démographique et qui voit l’intérêt de la présence d’une importante force de travail prête à se contenter de peu. A l’heure où le seul financement des versements d’assurance-retraite reviennent à 82 milliards d’euros puisés chaque année dans le budget de l’Etat, on comprend que certains veuillent tout sacrifier à l’économique – à commencer par la paix sociale, les revenus décents pour la population allemande et jusqu’à son identité.
 
Cela dit, le même Hans-Werner Simm n’est pas totalement aveuglé et il ne ménage pas ses critiques à l’égard du gouvernement fédéral allemand : « Les migrants qui sont arrivés ne sont qu’un début. Le gouvernement allemand n’a pas tenu compte du fait que ceux qui ont réussi à venir en Allemagne auront immédiatement utilisé leurs téléphones portables pour envoyer un message en direction de leurs pays d’origine, mettant en mouvement un nouveau flux de migrants. Plus vous en accueillez, plus il y en a qui se mettent en mouvement. Des pans entiers des camps de réfugiés de l’ONU en Syrie se déplacent ainsi vers l’Allemagne. »
 
A l’Europe et aux nations d’Europe elles-mêmes de fortifier leurs propres frontières et d’endiguer les flux, a-t-il insisté : « Un monde sans frontières, où chacun prend ce qu’il veut, ne peut fonctionner. C’est une partie de Wild West, avec tout ce qui l’accompagne. »
 

Anne Dolhein