Jeudi, les Danois étaient appelés à élire les 179 députés du Folketing, la chambre unique du Parlement. Les résultats sont une claque pour le gouvernement de l’ancien Premier ministre, Helle Thorning-Schmidt, une socialiste-démocrate qui a été obligée de démissionner en raison de la percée historique de l’extrême-droite.
Le Danemark au lendemain des élections
Son parti n’a obtenu que 26,3% des voix, soit 47 députés. La victoire est pourtant fragile pour la droite, qui obtient une majorité d’un seul siège. Le bloc de gauche a finalement obtenu 89 sièges tandis que celui de droite en obtient 90.
L’écart est faible mais le renversement de situation complet. Quatre ans après la nomination de Helle Thorning-Schmidt à la tête d’une coalition entre les sociaux-démocrates, la Gauche radicale et le Parti populaire socialiste, c’est le parti d’extrême droite qui s’est imposé sur la scène politique. Le Parti populaire danois (DF), hostile à l’immigration et dirigée par Kristian Thulesen Dahl, a recueilli 21,1%, devant le parti de droite Venstre (19,5%).
Le parti populaire danois d’extrême droite plébiscité pour ses positions sur l’immigration
Il revient pourtant à Lars Rasmussen, président du parti libéral, de former un gouvernement et le chef du parti populiste pourrait ne pas y avoir de place.
Il est prêt, quant à lui : « Nous n’avons pas peur d’entrer au gouvernement, si c’est par là que nous devons obtenir la plus grande influence politique », a déclaré Kristian Thulesen Dahl, précisant qu’aucune décision n’avait encore été prise.
Si Kristian Thulesen Dahl est intransigeant sur les questions de l’immigration, il est d’accord avec les autres partis de droite sur les questions européennes, bien qu’ayant émis plusieurs réserves sur l’Union européenne, et les dépenses publiques en matière de protection sociale.
Le plébiscite de son parti anti-immigration est significatif. Fondé en 1995, le parti DF a l’intention de protéger « l’héritage culturel danois ». Il avait par ailleurs échangé son soutien aux gouvernements de droite en exigeant l’adoption de mesures drastiques contre l’immigration entre 2001 et 2011. C’est sans doute la raison pour laquelle de nombreux Danois l’ont choisi aux dernières élections.
Il reste difficile de savoir quelle sera la place du parti d’extrême droite : au gouvernement, ou en marge, comme lors de cette période, avec un poids électoral capable de le faire peser sur le gouvernement ?
La droite devra en tous cas composer avec lui, ou au moins avec ses idées étant donné sa progression spectaculaire, contre une baisse de la droite « classique ».
Une campagne électorale concentrée sur la restriction de l’immigration, prônée par tous les partis
Le parti du Premier ministre sortant avait sans doute compris que l’immigration était un enjeu électoral important puisqu’elle avait même posé sur des affiches adressées aux immigrés sur lesquelles on pouvait lire : « Pour venir au Danemark vous devrez travailler. » Elle avait en outre passé toute la campagne électorale à rappeler que son gouvernement avait durci les règles d’accès à l’asile pour la première fois en douze ans.
A croire que les électeurs ont finalement préféré l’original.
Mais la droite s’était également emparée du sujet puisqu’elle l’a emporté en promettant notamment de diminuer l’attractivité du Danemark pour les demandeurs d’asile. Elle a promis une baisse des allocations pour les nouveaux arrivants mais également l’attribution un permis de séjour permanent aux seuls arrivants ayant un emploi et parlant couramment le danois.
Les bateaux entiers qui arrivent sur les côtes européennes ne sont peut-être pas pour rien dans ce réveil « anti-immigration » qui parcourt l’Europe de long en large.