« L’Europe fait face aujourd’hui à la menace terroriste la plus importante depuis plus de 10 ans », a déclaré Rob Wainwright, chef britannique d’Europol, dans une interview au quotidien allemand Neue Osnabrücker Zeitung. Selon l’organisation qu’il dirige, le nombre de citoyens de l’Union européenne qui ont réussi à rentrer dans l’UE après avoir été entraînés par l’Etat islamique pourrait atteindre les 3.000, voire les 5.000, autant de « djihadistes dormants » dont l’objectif est de passer à l’acte.
« Nous pouvons nous attendre à ce que l’Etat islamique ou d’autres groupes terroristes religieux organise un attentat quelque part en Europe, dans le but de provoquer une tuerie massive au sein de la population civile », a-t-il déclaré, assurant que les Etats de l’UE font aujourd’hui face à des « défis totalement inédits. »
Rob Wainwright, chef d’Europol, estime qu’il y a 3 ou 5.000 djihadistes dans l’EU
En revanche, Rob Wainwright assure qu’il n’y a pas lieu de s’affoler à l’idée que la crise des migrants puisse faciliter ce flux. « Il n’y a pas de preuves concrètes selon lesquelles les terroristes utilisent systématiquement le flux de réfugiés pour infiltrer l’Europe », a-t-il déclaré.
Ce qui – si c’était vrai – ne serait pas rassurant. Cela voudrait dire que la surveillance des « radicalisés » faisant longuement étape en Syrie est décidément très insuffisante, s’ils peuvent rentrer dans l’Union européenne de manière classique. Une surveillance à éclipses – sinon comment Europol peut-il avancer avec autant d’assurance des estimations sur le nombre de djihadistes présents sur le territoire et sur leurs objectifs ?
Entraînés par l’Etat islamique, et pas capables de profiter du flux de migrants vers l’UE ?
Ses déclarations interviennent d’ailleurs au moment où l’on apprend que deux suspects dans l’attentat du 13 novembre à Paris sont actuellement retenus en Autriche : un Algérien de 28 ans et un Pakistanais de 34 ans, tous deux entrés en Europe en se faisant passer pour des réfugiés… Les deux hommes ont avoué, sans reconnaître un rôle éventuel dans les attentats, qu’ils étaient passés par la Grèce, avec d’autres djihadistes impliqués dans les attaques. Ils étaient tous arrivés à bord d’un bateau transportant une quarantaine de demandeurs d’asile.
Les deux hommes actuellement retenus en Autriche avaient pu lors de leur arrivée en Grèce avancer par la voie terrestre, mais s’étaient vu retardés lorsqu’un contrôle (enfin ?) avait permis de constater qu’ils étaient porteurs de faux passeports. Les autorités grecques les avaient relâché 25 jours plus tard, leur laissant tout loisir pour poursuivre leur route. Ils ont été arrêtés dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile en Autriche le 10 décembre dernier seulement.
Les affirmations du chef d’Europol en apparaissent d’autant plus curieuses. Tout se passe comme s’il fallait terroriser la population de l’Europe tout entière, tout en contredisant son intuition – pourtant confirmée par nombre de faits concrets – que la crise des migrants facilite grandement l’implantation des terroristes.