Pour l’évêque de Trente, Mgr Lauro Tisi, Jésus était un « fêtard » entouré de « types borderline »

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Un Jésus « qui chantait, qui dansait, et qui faisait la fête » : c’est ainsi que l’évêque de Trente (mais oui, la ville italienne du Concile du même nom), Mgr Lauro Tisi voit Notre-Seigneur Jésus-Christ. Du moins, lorsqu’il en parle aux jeunes. C’est ce qu’il a fait en début de semaine à l’occasion de la rencontre de la Pastorale juvénile qui a attiré plus de 1.000 adolescents dans le grand complexe sportif de Pala-Trento. « Jésus riait, ce n’était pas l’homme triste que l’on vous a toujours décrit, il aimait les gens borderline, c’était un fêtard », a dit l’évêque. Et on peut le vérifier ici.
 
Voici donc la théologie du rire, celle où on arrive en partant de la théologie de la libération en passant par la théologie du peuple ; celle de l’Eglise « hôpital de campagne » où en outre tout se passe dans la bonne humeur.
 

Mgr Lauro Tisi fait de Jésus un glouton et un ivrogne

 
Mgr Tisi a parlé aux jeunes de ces vieux prêtres qui n’arrivent pas à imaginer un Jésus joyeux. Il en a cité un, pour le ridiculiser, qui avait jadis attiré son attention sur le fait que dans l’iconographie sacrée, on ne voyait jamais Jésus rire – ni dans les Evangiles d’ailleurs, ce point n’ayant pas manqué d’être relevé par les Pères de l’Eglise. Le Verbe fait chair, vrai Dieu et vrai homme, a assumé la nature humaine et a connu nos émotions : colère – sainte -, amour, tristesse devant la dépouille de Lazare, angoisse au Calvaire. Connaissant l’horreur et la dette du péché, venu pour le sacrifice de la Croix, les Evangiles n’en rapportent nul rire. Mais il faut aujourd’hui « faire la fête » au sens moderne du terme pour être dans la joie…
 
« Jésus n’était pas un homme triste, ce sont les prêtres, les catéchistes qui l’ont rendu triste. Jésus était un fêtard, on le traitait de glouton et d’ivrogne, il se réjouissait des fêtes pour rencontrer les autres. Mais je vais vous en dire plus : il faisait la fête borderline, avec des gens borderline. Autre chose que des gens avec boucle d’oreille et piercings : il s’entourait de gens qu’aujourd’hui, un videur aurait véritablement jetés dehors. Des fêtes incroyables. Et aujourd’hui aussi, il est l’ami des gens un peu du dehors, des jeunes avec des piercings, de ceux qui veulent faire la fête, hurler et danser. Parce que lui aussi dansait, chantait et faisait la fête » : on appréciera la transcription littérale de ses propos.
 

Pour plaire aux jeunes, l’évêque de Trente invente la théologie du fêtard

 
Passons sur l’extraordinaire démagogie du propos, sa vulgarité. On notera au moins que la fête à laquelle fait référence l’évêque n’est pas la réunion familière et joyeuse des noces : l’image qu’il fait surgir est celle de la rave, de l’abrutissement techno, de ces rassemblements décervelants qui durent des jours et des nuits. Ou alors celle de la discothèque…
 
« Jésus était ainsi parce qu’il avait un feeling avec son père, avec Dieu… je sais qu’avec son père et sa mère on n’est pas tellement bien et qu’on a envie d’aller bien vite ailleurs », poursuit l’évêque. Voilà les jeunes conquis. Mgr Tisi les invite à ne pas monopoliser la fête, « c’est horrible : la fête c’est très bien si vous la faites avec les autres. »
 
Après quelques autres phrases au vocabulaire trivial, voici l’évêque qui cite le héros du Nom de la rose d’Umberto Eco, Guillaume de Baskerville, moine qui dans son « abbaye de vieux cite la poétique d’Aristote : le rire n’est pas un péché ». Il est honni. « Alors, Guillaume était en rupture avec la tradition, avec l’église fatiguée et sombre du Moyen Âge », explique Mgr Tisi.
 

Jésus, l’ami des types « borderline » ?

 
Le journal local, Il Dolomiti, résume : c’est « la théologie du rire, la doctrine du piercing, l’apologie des fêtards », celles qu’on peut prêcher « dans le sillage du pape François ».
 
Il y a là beaucoup de détournement de sens : à la fois de la personnalité de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de ses actes. Bien sûr, Il est venu pour les gens « borderline » aussi : pour les pêcheurs et les malades, pour ceux qui avaient besoin non pas de continuer de « faire la fête » au sens abrutissant du terme mais qui avaient besoin de guérison, spirituelle d’abord, et de conversion. Il a demandé à chacun de prendre sa croix, non dans un esprit de déréliction mais pour trouver la vraie joie. Comme sa Mère demandrait plus tard à Fatima : « Pénitence, pénitence, pénitence ! »
 
L’Evangile est empli de la gravité de Jésus. Comme l’écrit quelque part Chesterton, il ne nous montre pas le rire de Jésus. Ce rire de Dieu que notre pauvre humanité n’aurait pas supporté.
 

Anne Dolhein