Retour sur le spectacle “Fiat Lux” sur Saint-Pierre de Rome : entre New Age et symboles occultes

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Oeuvre digitale d’Andrew « Android » Jones : « Union »

 
Dès le lendemain de la projection du spectacle sonore et lumineux Fiat Lux sur la façade de Saint-Pierre de Rome pour marquer à la fois l’ouverture du Jubilé de la Miséricorde, reinformation.tv vous en avait proposé une première analyse inquiète. « Sacrilège », « New Age » : tels étaient les mots qui venaient d’emblée à l’esprit. Un visionnage plus précis de la vidéo du spectacle, tournée par le Centre de télévision du Vatican (CTV) et mise en ligne ici, par de fins connaisseurs de la symbolique occulte, confirme cette première impression.
 
LifeSiteNews s’est fait l’écho de leurs commentaires il y a deux jours. Le site pro-vie a également mis en ligne une pétition à Mgr Rino Fisichella, président du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, exprimant l’inquiétude de nombreux catholiques devant ce détournement de la basilique centrale de la chrétienté à des fins partisanes – la lutte contre le « changement climatique » selon le plan d’action de la COP21 – et en collusion avec certains écologistes radicaux qui prônent une forte baisse de la population humaine afin de préserver les droits des autres espèces.
 
A ce jour, le Vatican n’a pas apporté de clarification. Le vaticaniste Edward Pentin tweetait ce jeudi : « Pas de réponse du Vatican à mes questions sur le spectacle de lumière “changement climatique”. » On en reste aux premières explications de Mgr Rino Fisichella. Il annonçait avant l’événement proposé notamment par la Banque mondiale – qui prône la contraception, l’avortement « légal et sûr » et qui consacre de savantes études au « coût mondial de l’homophobie » – que la projection s’inspirerait « de la Miséricorde, de l’humanité, du monde naturel et des changements climatiques ».
 

Aborigènes et gens de toutes religions : le catholicisme qui s’adresse à tous « oublié » ?

 
Les images de l’humanité étaient pour la plupart celles d’Aborigènes ou de personnes du tiers monde en costume traditionnel des pays musulman, bouddhistes, musulmans. Pour le changement climatique, c’étaient des photos d’espèces en voie de disparition – mais pas toutes, comme on voit le voir – et de glaciers, de mers, de forêts. La « Miséricorde » ? Si elle était symbolisée, on se demande bien par quoi, car de Dieu-Trinité il n’y avait pas trace, ni même de sa Très Sainte Mère qui était pourtant fêtée ce jour-là en son Immaculée Conception. Immense fête en vérité.
 
Pour autant l’ambiance de la projection était religieuse, empreinte de nostalgie, de crainte, de peur – et si espérance il y avait, c’était uniquement en l’action de l’homme appelé à sacrifier son mode de vie pour cette Planète en danger. Et non à renoncer au péché, ou à faire pénitence alors que le saccage des âmes est bien plus grave que celui du monde qui nous entoure, ni même à louer Dieu pour la beauté de sa Création… Si la dimension du spectacle était religieuse, c’était pourtant cela seulement qui pouvait le justifier.
 

Banque mondiale et New Age au cœur de “Fiat Lux”

 
Le premier scandale de « Fiat Lux » réside dans le choix du partenariat avec la Banque mondiale qui se comporte dans le monde en ennemie de la loi naturelle et du respect de la vie.
 
Le deuxième, palpable dans son imagerie et dans son illustration musicale, se rapporte à l’idéologie du New Age, à l’attente d’un changement, à la glorification de la Vie avec une majuscule : quelle qu’elle soit. A première vue, c’est un émerveillement devant la nature : pourquoi pas ? Mais au bout du compte, il provoque une forme d’adulation. Cela est très perceptible dans le compte-rendu minute par minute mis en ligne par un catholique américain sur le blog dailytheology.org et qui s’achève sur ces mots : « Une fin en demi-teinte, je suppose. Pas de fanfare, on ne voit pas François sourire, pas d’explosions. Rien que la vie. La vie : belle, belle. »
 

Retour à une spiritualité païenne et panthéiste

 
A y regarder plus près on perçoit en effet une abondante symbolique. Il ne suffit certes pas de montrer un lion, un papillon ou un soleil levant pour se voir taxer d’occultisme : ce sont des réalités matérielles, des êtres créés. Et cela fait bien longtemps que les lieux de culte chrétiens comportent des décorations végétales ou animales, sans compter les gargouilles qui crachent l’eau de pluie depuis les hauteurs des cathédrales et des églises médiévales.
 
Mais l’existence d’un symbolisme occultiste n’en est pas moins réelle et en l’occurrence, les réalisateurs de Fiat Lux n’ont pas caché leur volonté de faire référence à des divinités païennes ni leurs penchants New Age. Cela est à mettre en perspective avec cette déclaration de Travis Threlkel, fondateur et directeur artistique d’Obscura, la société qui a opéré la « mise en lumière » de la basilique Saint-Pierre : il a expliqué à la chaîne américaine NBC le niveau de « contribution » du Vatican au scénario – « étonnamment minimal ». « Je n’arrive pas à croire à quel point ils nous ont soutenus », dit-il.
 
Cela dénote pour le moins une extraordinaire naïveté de la part de ceux qui ont autorisé que ce « cadeau » en guise de « performance architecturale » soit fait au pape François.
 

“Fiat Lux”, l’œuvre d’une équipe qui revendique le psychédélisme

 
Que pouvaient-ils savoir, ces responsables du Vatican ? Beaucoup de choses. Il se trouve en effet que le spectacle du 8 décembre a été préparé par une mise en lumière sur le même thème de la lutte sur le réchauffement climatique sur l’Empire State Building à New York au mois d’août : un « tour de chauffe » en vue de l’événement romain, comme l’ont appelé ses créateurs.
 
« On sent l’énergie palpable du moment. Quelque chose de grand va se passer ici », dit Threlkel à Ann Thompson de NBC à la veille de la projection. Elle commente à propos des artistes : « Ils sont inspirés, comme d’autres avant eux, par une puissance plus élevée. »
 
Mais voilà, à New York, cette « puissance plus élevée » était-elle présente au cœur de la performance ? Il y avait des images de déesses au cours d’une séquence impressionnante. C’est Threlkel lui-même qui l’expliquait au cours d’un entretien le 1er août, au moment de la projection : « Nous avons fait des trucs amusants. Un singe argenté qui grimpe le long de l’Empire State, et qui invoque la Terre Mère. Nous avons Gaia, et Aya, et la Terre Mère apparaît. (…) Je suis descendu dans la rue et il y a des milliers de personnes, tellement aimables. Il y a comme ce silence, cette « vibration » zen qui est là. Tout le monde parle des animaux. Ça marche. Nous allons toucher un million de gens. »
 

La basilique Saint-Pierre, achèvement d’un spectacle commencé à New York

 
Gaia, c’est la déesse de la Terre des Grecs. Aya est la déesse-mère babylonienne associée au soleil levant et à l’amour sexuel. Mais il y a aussi Kali, la déesse hindoue de la mort, de la destruction et de la renaissance : elle a une longue langue rouge sang, et l’on l’appelle « la Noire ». Elle récompense ceux qui lui sacrifient des êtres humains par des richesses ici-bas. Dans la spiritualité New Age, elle est la divinité de la Terre Mère.
 
Que ces images soient profondément dérangeantes s’explique sans doute le mieux par ce qu’en dit l’artiste digital qui les a créées : Andrew, dit Android Jones, qui travaille aux confins du « réalisme généré par ordinateur » et le psychédélisme abstrait, comme l’explique un journaliste qui l’interviewait le 18 novembre dernier.
 
Il participe régulièrement au festival New Age d’art totalement « libre », Burning Man. Il a travaillé pour la famille royale d’Abu Dhabi. Il « réifie les immenses paysages oniriques mystiques et artistiques qu’il a acquis par le voyage et l’exploration transcendantale ». Il se réclamé de « la Force » à la manière de George Lucas. Pour lui, Burning Man est comme « les Jeux Olympique de la créativité qui change l’esprit.
 
A la question de savoir s’il a fait l’expérience des substances psychédéliques, il répond : « Là je répondrais affirmativement. J’ai le sentiment qu’en tant qu’êtres humains, la liberté nous est accordée d’explorer personnellement les zones frontalières et les limites de notre conscience. (…) J’aimerais mieux être damné que de voir quelqu’un empêcher la souveraineté de mes capacités d’explorer l’espace intérieur, les dimensions infinies de l’esprit, la créativité et le mystère qui ne peut être connu. Ce sont des outils qui offrent des portails et l’accès à des royaumes différents que je n’ai pas encore pu pleinement saisir et dont je ne peux dire que j’ai compris toutes leurs significations. Je considère que beaucoup d’entre eux sont des facilitateurs. Ils ont facilité ma capacité à faire le tour du monde, ils ont facilité ma capacité à résoudre les problèmes, ils m’ont appris à découvrir des combinaisons d’énergie et de matière nouvelles et intéressantes. Certains m’ont donné un regard sur les plus hauts aspects de mon propre être et d’autres m’ont montré les pires cauchemars que je ne pourrai jamais dépeindre et dont je ne souhaite pas me souvenir. Je crois qu’ils ont approfondi mon humanité sur cette planète. »
 

New Age, nouvel art et projection sur le cortex frontal

 
Voilà l’artiste. Le même rêve d’un avenir proche où lui et ses semblables pourront faire paraître leurs expériences directement dans le cortex frontal de leurs spectateurs : « Des mondes pleinement réalises et coordonnés avec un son 3D. Cela va nous redéfinir. »
 
C’est le maître mot : celui de la « redéfinition » de l’humain, transporté dans un univers visuel d’expériences immédiates. Il n’y a pas de doute, ce changement anthropologique ainsi que d’autres l’ont appelé fait partie de cette « nouvelle ère », ce New Age qui rejette les religions d’hier et rêve d’un syncrétisme tout oriental. Android Jones ne se dit-il pas fasciné par l’hindouisme et l’orientalisme ? « Leurs divinités… ne sont que des facettes différentes de l’Innommable. Des expressions de la Source, de Dieu, du créateur, du Grand Esprit, du Monstre en spaghettis volant », dit-il. Il a pour chacune une certaine « révérence, un respect ». Certaines divinités lui paraissent plus difficiles à représenter que d’autres : « Je comme le sentiment qu’il faut ressentir une permission plus profonde et une bénédiction pour explorer tout cela de manière significative… »
 
Cette spiritualité très particulière, alimentée par des drogues psychédéliques et qui produit des images très dérangeantes renvoie fortement à l’occulte, mais n’a rien de caché. Cela n’a pas dérangé ceux qui ont accepté que cet « art » recouvre la basilique qui abrite Jésus dans le tabernacle, et les ossements de saint Pierre qui fut martyrisé là il y a bientôt 2000 ans.
 

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« Harmony of Dragons »

 
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« Shiva Boom »

 
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« 2,015 Ram »

 

Le risque d’assimilation paganiste

 
Le spectacle de la basilique Saint-Pierre ne comportait pas d’images explicites de déesses. Mais les connaisseurs du New Age y ont vu l’influence de sa spiritualité.
 
Michael D. O’Brien, l’auteur catholique canadien bien connu du public français pour sa trilogie du Père Elijah, y a vu une spiritualité vidée de toute substance chrétienne : « Le tableau était implicitement religieux, proposant une spiritualité qui est censée sauver la planète, comme pour dire : voici la “femme” (la Terre mère, la déesse Gaia) à qui nous devons révérence, sinon un culte. Il est donc particulièrement dérangeant que cet événement ait été planifié pour avoir lieu lors de la fête de l’Immaculée Conception, où l’Eglise fête de la manière la plus éminente la vraie Femme, la Mère de tous les Peuples. »
 
O’Brien a critiqué cette forme d’« inculturation » où celui qui veut évangéliser « perd la vision de sa propre identité et de son propos missionnaire en tant que porteur de l’unique vraie Lumière qui sauvera le monde ». « Là où la prudence et la clarté font défaut, l’inculturation subit facilement une mutation qui la fait assimiler par le paganisme », a-t-il ajouté.
 
Le prêtre et écrivain catholique George Rutler note pour sa part que l’un des parrains de l’événement, Vulcan, Inc. voué à la dénonciation des « péchés contre le climat », utilise abusivement le mot. « Il peut y avoir des offenses et même des crimes contre l’équilibre de l’écosystème, mais non des péchés, à moins que la science ne soit vraiment devenue une religion. L’ironie est là : nombreux sont ceux qui imputent des péchés à ceux qui portent atteinte à l’équilibre de la nature sont les mêmes qui soutiennent et promeuvent des actes contre nature parmi les êtres humains. »
 

Les symboles occultes mis à nu dans le spectacle “Fiat Lux”

 
LifeSite cite encore Cornelia Ferreira, diplômée en sciences et fin connaisseur du mouvement New Age, pour qui Fiat Lux était « certainement lié au New Age et à l’occulte ». Elle a vu dans le spectacle des techniques de théâtre du contrôle de l’esprit qui ouvre les spectateurs aux influences occultes, qui ne sont pas immédiatement perceptibles puisqu’on peut ne voir que les images de surface : des animaux projetés sur un fond. « Mais il y a un niveau plus profond que l’on peut voir en tenant compte de qui a créé le spectacle et l’“écran” qu’ils ont utilisé. Et il y a un sens encore plus profond lorsque vous étudiez l’étrange symbolisme et la séquence des événements au sein du spectacle. »
 
Des symboles qui peuvent avoir une influence par les techniques d’ouverture de l’esprit… Ils étaient d’ailleurs accompagnés de cris et de grognements d’animaux et de sonorités stridentes ou planantes typiques du New Age.
 
Il serait naïf, dit Cornelia Ferreira, de ne pas voir les symboles occultes qui semblent avoir été insérés dans le scénario de manière délibérée. Au début, un soleil levant gigantesque semble recouvrir toute la façade de Saint-Pierre. Cela renvoie vers le « nouveau jour » qui se lève sur les masses, un « changement de direction ».
 
Suivie de la lune éclipsée, de ciel et de nuages, puis d’eau recouvrant la façade et d’une multitude de bougies, les premières images regroupent les quatre éléments « adorés par les peuples indigènes » : la terre (ou la lune également objet de cultes païens), l’air, l’eau et le feu.
 
« C’est une spiritualité qui a été reprise à son compte par le mouvement écologiste, dont les racines plongent dans la spiritualité indigène et occulte. Ces symboles ne sont qu’un signe de plus de celui qui dirige le spectacle et de ce qu’ils adorent vraiment », dit-elle.
 

La basilique Saint-Pierre de Rome couverte de papillons et de colombes en vol arrière

 
Parmi les animaux projetés il y en avait qui n’étaient nullement menacés d’extinction. Le lion et le dauphin «  ont aussi une signification occulte en ce qu’ils sont fréquemment utilisés comme guides spirituels ». Les abeilles sont très présentes dans la « pensée occultiste ». Tout comme les papillons qui « signifient le changement, une transformation puissante ». A certains moments ce sont des images de hordes de papillons qui recouvraient la façade basilique.
 
S’agissait-il de promouvoir le culte de la Terre plutôt que celui de Dieu ? Il est clair en tout cas que les auteurs du spectacle ont pour objectif affirmé de « modifier la conscience et la pensée ».
 
Pour Cornelia Ferreira, le « beau spectacle de son et lumières conduit les spectateurs sur un chemin spirituel qui court-circuite la pensée rationnelle et le jugement humain normal », dit-elle – c’est exactement l’effet des pédagogies globales, pourrait-on ajouter. « Evidemment tout cela est déguisé en “changement climatique” » – il faut « sauver les océans », « sauver la planète », « sauver les animaux » : « c’est ce qui est tellement dangereux : les gens entrent là-dedans sans savoir ce qu’ils font ».
 
Pour Michael Hichborn du Lepanto Institute, qui a lui aussi étudié l’occultisme, le spectacle contenait des scènes et des images qui se prêtent à une interprétation occultiste et ce d’autant que la croix chrétienne était totalement absente.
 
« C’est tout le problème : le symbolisme occulte est destiné à être exactement cela – occulte, caché, secret. Ceux qui ont des yeux pour voir comprendront ce qui pavane en pleine vue, mais ceux qui ne croient pas en l’existence de l’occulte se moqueront », dit-il.
 
Ainsi ceux qui pratiquent l’occultisme mystique savent parfaitement le sens des symboles et s’ils les utilisent, c’est de manière pleinement délibérée. Hichborn a vu pour sa part quelques scènes qui se prêtent à une interprétation occulte, notamment celle où l’on voit des moitiés de visages humains, focalisée sur un seul œil – « l’œil d’Horus, le symbole le plus en vue de la franc-maçonnerie, des Illuminati et de la magie noire ». Ces images-là ne correspondent à aucun symbolisme chrétien.
 
Hichborn note aussi la scène où l’on voit des colombes blanches qui volent en arrière : « Normalement, le Saint-Esprit est représenté par une colombe. Mais dans ce spectacle, nous entendons crépiter l’électricité juste avant de voir une colombe qui vole, en reculant vers l’arrière. De plus, la lumière monte de bas en haut et ne descend pas depuis le ciel, pour montrer cette colombe voler vers l’arrière. » Il ne craint pas d’ajouter : le démon « aime singer Dieu » mais le fait « en le copiant à l’envers » – c’est ainsi que se déroule une messe noire.
 
A quoi s’ajoutent d’étranges formes qui n’ont rien à voir avec la nature : des sortes de squelettes stylisées en lumière dorée, des visages totémiques, des yeux qui brillent, et bien des symboles qu’il faudra sans doute décrypter eux aussi.
 

Anne Dolhein