“Les Français jihadistes” de David Thomson, pièce maîtresse de la désinformation sur l’islam

Francais jihadistes David Thomson
 
Le journaliste de RFI David Thomson a donné une pièce maîtresse à la déformation sur l’islam menée par le système avec son livre, les « Français djihadistes ». Aussi son ouvrage a-t-il été largement promu et élevé au rang de référence indiscutable. L’auteur, parade à la télévision pour faire la publicité de son livre en tant que spécialiste reconnu et ne reçoit à ce titre aucune contradiction réelle.
 
Ne dites pas à David Thomson que, du Mali à l’Afghanistan, en passant par la Libye, la Centrafrique, la Somalie, l’Egypte, la Syrie, etc., sévit, au pouvoir ou dans une opposition virulente et terroriste, une lecture rigoriste de l’islam, primitive et agressive. Une lecture qui se place hélas à juste titre dans la stricte filiation de Mahomet, avant tout homme de guerre, pillard, avant d’être, secondairement un chantre d’Allah, poète coloré à la mystique peu sophistiquée. Cette réalité nuirait à son propos – ou doit-on mieux dire sa propagande ? Il s’inscrit en effet dans la promotion hystérique d’un « bon » islam, voire, c’est nouveau, d’un « bon » islamisme, opposé à des fous terroristes qui ne seraient, eux, que la manifestation d’une dérive très marginale. C’est ce biais idéologique qui plombe son enquête pour faire concourir son livre à la désinformation sur l’islam.
 

Du bon islam au bon islamisme

 
On connaît la ligne générale de cette désinformation dominante dans les médias occidentaux : il s’agit de distinguer le bon islam de l’islamisme. Mais avec David Thomson on va plus loin sur ce chemin, il faut faire le départ entre le bon islamisme, pacifique, le « salafisme saoudien », et le mauvais salafisme, agressif !
 
C’en est involontairement drôle, et n’explique évidemment rien, en toute méconnaissance de l’Arabie Saoudite ! En effet, le premier producteur de pétrole mondial reste un régime religieux sunnite très strict, son sunnisme wahhabite étant la forme péninsulaire, et l’une des premières, dès le XVIIIème siècle, du salafisme, piétisme musulman fondamentaliste qui se développe en de nombreux endroits aux XIXème et XXème siècles. Tout culte autre que le wahhabisme, en particulier le christianisme, même dans un cadre privé, est strictement prohibé. Les châtiments corporels, la prison, la mort, frappent régulièrement les contrevenants aux règles musulmanes les plus strictes. Evidemment, du fait du parti-pris des grands médias internationaux, cette situation est moins connue du grand public que la République Islamique d’Iran qui servit si longtemps d’épouvantail à l’Amérique. Le régime iranien n’est pas un modèle désirable non plus, mais occupe un degré en-dessous quand même dans le fanatisme légal : il observe une tolérance certes restreinte mais réelle pour les pratiques religieuses des petites communautés chrétiennes historiques.
 

Désinformation sur les convertis et les anciens prisonniers

 
Voyons maintenant la désinformation propre à David Johnson. Son enquête porte sur seulement 18 témoignages de djihadistes partis en Syrie. Est-elle représentative de la grande masse des centaines de départs pour le djihad en provenance de France ou Belgique au moment du recueil des récits il y a 6 mois-un an, et plusieurs milliers aujourd’hui ? Ce n’est pas évident. Il y a une surreprésentation visible des « convertis », mais avec un tiers sur 18, on ne saurait tirer une simple extrapolation mathématique sur 2.000 ou 3.000 cas. Or c’est ce qui se passe couramment lorsque les journalistes désinformateurs des grandes chaînes parlent d’un tiers, ou d’une moitié de « convertis » dans les djihadistes. En outre, cette estimation est d’autant plus fausse que parmi les 18 cas évoqués dans les Français djihadistes, les convertis sont surtout des converties, des épouses de djihadistes, qui effectuent un djihad d’accompagnement, ne combattent nullement, chose rigoureusement prohibée par les salafistes. En effet, il ne serait pas venu à l’idée de Mahomet et ses compagnons d’employer des amazones. Donc parmi les combattants effectifs sur le front du djihad, même sur les 18 trop peu représentatifs, les convertis sont marginaux.
 
A l’inverse de la désinformation qui grossit artificiellement la proportion des convertis, s’oppose la minimisation volontaire des anciens prisonniers parmi les djihadistes. Sur les 18, il ne s’en rencontre pratiquement pas. Une lecture attentive permet cependant de retrouver des délinquants multirécidivistes, qui ne s’en cachent nullement, condamnés pour trafic de drogue ou violence, mais qui, on veut bien hélas le croire, n’ont jamais été incarcérés. Il y a tout lieu d’imaginer que les anciens prisonniers, qui en France, ont commis des actes graves, ne communiquent pas vraiment volontiers avec un journaliste. En outre, les réseaux djihadistes, qui ont tenté de réaliser une opération de communication avec cette enquête, ont vraisemblablement sélectionné les profils les plus « gentils », « inoffensifs », si l’on ose dire pour des apprentis djihadistes. Bref, le dangereux islam des prisons, école du salafisme, qui existe bel et bien, n’apparaît nullement dans cette enquête mal échantillonnée.
 

David Thomson a recueilli de véritables témoignages

 
A priori, il serait inutile de se plonger dans une énième manifestation de propagande la plus imbécile. Pourtant, le livre offre un intérêt réel. Il réside non dans ces analyses involontairement comiques, débiles, mais dans les témoignages, sincères, édifiants, non-censurés, de ces djihadistes partis pour la Syrie. Ils ne font qu’imiter Mahomet, un grand guerrier assurément, et compétent pilleur de caravanes, comme le rappelle justement un émir sénégalais combattant à Alep. Sur le plan historique, ils ont raison. Si certains musulmans sont quand même des êtres très raisonnables, ils le sont assurément malgré leur culte, et non grâce à lui. Ces témoignages semblent d’autant honnêtement transcrits qu’ils font frémir le lecteur normal, et sont l’objet de gloses du journaliste qui tente, dans la mesure du possible de minorer leurs propos, ou de leur donner un sens contraire.
 

Le Français djihadistes sont-ils vraiment français ?

 
Faisons maintenant un sort au titre, des « Français djihadistes » ! Comme s’il s’agissait de parcours singuliers, de départ pour le djihad en Syrie, en famille, s’expliquant par notre longue histoire française via Vercingétorix, Clovis, Jeanne d’Arc, etc. ! Or, évidemment, ces départs, significativement présentés comme des retours dans le berceau de l’islam par les militants eux-mêmes constituent une manifestation d’une culture issue des sables d’Arabie, et qui tend d’ailleurs à y retourner. Ces « Français », malgré la complaisance de l’auteur la plus affichée pour l’immigrationnisme, même nés sur notre sol, viennent d’ailleurs pour la plupart d’ailleurs. Si pour la grande majorité des témoignages, ils ne manifestent aucune haine pour la France, ce qui peut tenir de la dissimulation (la taqiya), du mensonge tactique, pour ne pas nuire à la cause, ils ont toujours vécu certes sur le sol français mais hors de la communauté nationale, dans la contre-société islamique ou islamisée de nos banlieues.
 
Ces banlieues fournissent aussi un cadre de défrancisation pour des populations en grande détresse sociale, donc parquées là-bas, mais d’origine française. Certains Gaulois, surtout des Gauloises, ont ainsi vécu leur assimilation à l’envers au monde arabo-musulman, à travers la culture allochtone dominante des banlieues, et le plus souvent via des couples mixtes, avec conversion de la femme d’origine européenne.
 

De la culture salafiste au passage à l’acte djihadiste

 
La culture salafiste, version radicale et littérale de l’Islam, tend à se répandre en France. Loin de se dés-islamiser, de se dissoudre dans l’athéisme républicain dominant, suivant le discours de la gauche, les populations musulmanes de deuxième, troisième générations, renforcées par un afflux continu de populations musulmanes ferventes et le soutien financier d’Etats du Golfe, tendent au contraire, depuis les années 1990, à se fortifier dans une pratique régulière voire rigoriste de leur croyance. On frémit en découvrant cette culture salafiste en pleine expansion parmi les millions de musulmans en France, dont quelques milliers s’engagent effectivement dans le djihad, des dizaines de milliers s’en vantent sans passer à l’action, avec certainement des centaines de milliers de sympathisants au moins. Les commentaires absurdes de David Thompson ne rassurent nullement, bien au contraire.
 
A la distinction courante, et déjà discutable, entre islam et islamisme, l’auteur en vient à distinguer bon ou mauvais islamisme, vantant le bon, un salafisme de pure contemplation intérieure, qui serait hautement estimable…Le « bon salafisme » reproduirait le modèle de l’Arabie Saoudite, qui d’ailleurs contribue à le financer. Devant tant d’idiotie ou d’aveuglement volontaire, on reste sans voix. Tout au plus faudrait-il établir une distinction entre des rodomontades très courantes, concernant des dizaines de milliers de musulmans en France, et des passages à l’acte, au final beaucoup plus rares, tout en restant significatifs et en croissance.
 
Aussi s’explique la difficulté pour les services policiers français d’intercepter les djihadistes sur le départ vers la Syrie. Comment distinguer le velléitaire du candidat sérieux ? On peut en outre supposer que les plus dangereux sont d’ailleurs les moins bruyants, donc les plus difficiles à détecter, suivant un paradoxe sociologique bien connu. Le livre donne des témoignages de discrétion, de fuite des individus trop fichés ou suivis par la police. Est-ce à dire que les réseaux djihadistes authentiques sont vraiment discrets ? Non, puisqu’ils recrutent souvent sur les réseaux sociaux, ce qui suppose d’être facilement joignables, avec des astuces à la portée des informaticiens pour contourner les législations existantes, à l’étranger comme en France, et des procédures de prudence minimale pour les rencontres physiques.
 
Ces djihadistes soutiennent la thèse complotiste de la complicité des autorités françaises, qui souhaiteraient leur départ pour la Syrie, pour se « débarrasser » d’eux, tant ils ont passé facilement contrôles et formalités. Non, il y a plus simple. Il est vraisemblablement quasiment impossible de distinguer entre des musulmans en France partant en vacances en Turquie, destination touristique courante, crédible, et développant le marché des séjours hallal sur place pour une clientèle pieuse mais pacifique, et d’autres en transition vers leur djihad en Syrie, surtout en famille. Imaginons un douanier français zélé ; il serait vite accusé de racisme évidemment ! Devant le calvaire prévisible, il s’abstient de tout acte qui pourrait lui nuire, briser sa carrière.
 
Les choses étant de qu’elles sont, ce n’est pas forcément plus mal, en dépit des interdictions de François Hollande, si ces dangereux individus quittent la France. Le danger est que les survivants reviendront – encore enivrés de sang.
 

Que deviennent les Français djihadistes sur le terrain ?

 
Certains djihadistes demeurent enthousiastes, tentent à travers les entretiens, fidèlement reproduits, de recruter encore. D’autres laissent percer leur désenchantement. Ceux qui trouvent la mort, les hommes sur le front, sont supposés heureux. Ils ont trouvé ce qu’ils cherchaient. Par contre beaucoup d’autres ont été déçus. Les djihadistes ne savent guère, sur place, s’ils doivent s’affilier à Al-Qaïda, via le Front-al-Nosra, ou à l’EIIL, Etat Islamique en Irak et Levant, depuis le Califat d’Abou Bakr II. Ils hésitent, changent d’obédience, y gagnent une réputation de manque de sérieux. En effet ces deux obédiences sont pourtant l’une comme l’autre formées de salafistes sérieux, et, pour des motifs incompréhensibles aux volontaires venus de France, en sont à s’affronter violemment, en particulier autour d’Alep.
 
Les femmes parfois regrettent la vie en France. Même dans le cadre peu esthétique de la banlieue française, il n’y avait de problème de logement, d’approvisionnement en eau, nourriture, d’hygiène…Ces réflexions rappellent qu’une nombreuse population qui évolue dans un univers mental totalement étranger aux traditions de notre pays, se multiplie, vit de la solidarité nationale française. Et cette vie est au final plus confortable que dans les villes ravagées par les combats de Syrie, dans les quartiers contrôlés par les salafistes locaux. Au mieux, ces femmes s’ennuient. Au pire, elles craignent pour la vie de leurs enfants, si elles-mêmes seraient heureuses de mourir pour Allah.
 
Un jour, ces djihadistes déjà parmi nous, à travers leurs réseaux de sympathisants au moins, attaqueront directement, massivement, la France. Même si les 18 interrogés se sont gardés de provocation explicite sur ce point. Vu ce que les djihadistes en Syrie font subir à d’autres musulmans, y compris parfois de leur sensibilité mais d’un groupe concurrent, il y a tout lieu de s’inquiéter pour les Chrétiens de France, de voir apparaître dans notre pays une barbarie modelée sur celle de l’Arabie des débuts du VIIème siècle.

David THOMSON Les Français jihadistes, les Arènes, 2014, 229 pages, 18€