Zapad 2017 : la Russie et la Biélorussie manœuvrent le long du flanc oriental de l’OTAN

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Continuation d’un exercice réalisé en son temps périodiquement par l’URSS, les manœuvres Zapad (« Ouest ») qui se déroulent tous les 4 ans en Russie et en Biélorussie, mettent toujours en émoi les pays du flanc oriental de l’OTAN ainsi que la Suède (qui n’appartient pas à l’Alliance atlantique). Plus précisément, outre la Suède, c’est de Pologne et des Pays baltes que partent généralement les cris d’alarme face à ce déploiement de troupes simulant une grande opération vers l’Ouest. A ces pays, il faut désormais ajouter l’Ukraine qui a parlé de plus de 200.000 militaires russes et biélorusses qui seraient en réalité déployés pour la version 2017 de ces manœuvres au lieu des 12.700 déclarés officiellement. Au-dessus de 13.000, les règles de l’OSCE sont plus strictes en ce qui concerne la présence d’observateurs d’autres pays. Sans aller aussi loin, les Pays baltes, la Pologne, la Suède et l’Allemagne notamment ont parlé de 100.000 hommes environ.
 

Spéculations et réalité à propos des manœuvres Zapad en Russie et Biélorussie

 
Avant même le début de ces manœuvres qui devaient durer du 14 au 20 septembre, la ministre de la Défense allemande avait ainsi évoqué ce chiffre de 100.000 hommes, ce qui avait été fermement démenti par le ministère de la Défense russe, qui l’avait qualifié de « sans fondement ». Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg s’était quant à lui publiquement inquiété du manque de transparence des manœuvres Zapad. Qu’en a-t-il vraiment été ?
 
Les manœuvres Zapad 2017 se sont déroulées simultanément sur 9 polygones d’entraînement situés à distance des frontières des trois Pays baltes et de la Pologne : 6 en Biélorussie et 3 en Russie, dont un dans l’enclave de Kaliningrad. Une cinquantaine de journalistes et des observateurs militaires d’Ukraine, de Pologne, de Lituanie, de Lettonie, d’Estonie, de Suède et de Norvège ont pu assister à ces manœuvres. Au vu de leurs observations, les chiffres avancés par la Russie apparaissent comme tout à fait plausibles : 7.200 soldats biélorusses et 5.500 Russes, environ 200 chars, 70 avions et hélicoptères, etc. etc. Pas de quoi fouetter un chat…
 

Les manœuvres Zapad ne sont que la pointe émergée de l’iceberg

 
Mais le vrai problème, et c’est le reproche qui revient tous les 4 ans, c’est que les manœuvres Zapad ne sont en réalité qu’un élément d’un exercice militaire coordonné à grande échelle qui dure depuis le début de l’été et qui est tourné vers l’Ouest, c’est-à-dire vers les pays du flanc oriental de l’OTAN. Et si les chiffres avancés par les Ukrainiens sont totalement irréalistes, les estimations de 70.000 à 100.000 soldats engagés simultanément au cours de la semaine écoulée dans différentes manœuvres, dont Zapad 2017, sont celles retenues par les experts des pays qui se trouvent à proximité de la Russie, et ce sont à peu près les mêmes qu’il y a 4 ans.
 

L’OTAN manœuvre aussi, mais la montée en puissance actuelle est d’abord partie de Russie

 
Alors certes, l’OTAN a conduit l’année dernière ses propres manœuvres coordonnées dans les pays du flanc oriental de l’OTAN qui étaient, elles, tournées vers l’Est, mais cela s’est fait avec plus de transparence : Anaconda 2016 en Pologne (31.000 militaires), Saber Strike 2016 dans les Pays baltes (10.000 militaires), Baltops en mer Baltique (50 navires et environ 6.000 militaires), et Swift Response (exercice de projection aéroporté d’environ 5.000 soldats). C’était par ailleurs la première fois que l’OTAN organisaient des manœuvres d’une telle ampleur et le but était justement de répondre aux exercices militaires régulièrement menés par la Russie dans une optique de conflit à l’ouest (Zapad 2009 et Zapad 2013 et autres manœuvres coordonnées). De même, les manœuvres Aurora 2017 qui ont débuté le 13 septembre en mer Baltique avec 19.000 soldats suédois, sur environ 50.000, réservistes compris, que compte en tout l’armée de la Suède, ainsi que 1.500 soldats de pays de l’OTAN, sont les premières manœuvres d’une telle ampleur menée par ce pays scandinave non membre de l’OTAN depuis plus de vingt ans.
 
N’était-ce d’ailleurs pas aussi le but recherché par Vladimir Poutine ? Si l’OTAN se réarme un peu et se remet à l’entraînement, et que les chars américains sont de retour en Europe après plusieurs années d’absence, les électeurs russes ont à nouveau le sentiment que leur pays est une grande puissance à la fois crainte et respectée, comme au bon vieux temps de l’URSS.
 

Olivier Bault