Mgr Vincenzo Paglia salue la mémoire et l’esprit de Marco Pannella, l’homme de la culture de mort en Italie

Vincenzo Paglia salue Marco Pannella
 
Le nouveau président de l’Académie pontificale pour la vie, dont le pape François vient de renvoyer tous les membres, a participé ces jours-ci à la présentation d’un livre sur Marco Pannella, fondateur du Parti radical italien. Mgr Vincenzo Paglia était l’un de ses proches amis, et c’est avec émotion qu’il s’est épanché sur cette amitié. Cette proximité existait également, de manière moins personnelle, avec le pape François – le livre s’ouvre sur le jour où Marco a reçu un coup de fil du pape François, que Paglia a rappelé avant de livrer ses impressions personnelles. Antonio Socci a mis en ligne la vidéo de cette présentation véritablement ahurissante, eu égard aux idées politiques et à l’activisme révolutionnaire de Marco Pannella.
 
De celui-ci, Mgr Paglia rappelle, admiratif, qu’il « avait au cœur le souci de l’avenir du Parti radical », ainsi que « la dimension de l’idéal qui l’animait de manière particulièrement forte, c’est cela qui m’a le plus frappé ». « Dès le début, au cours des années 1990 au moment où nous nous sommes rencontrés autour de la figure d’Ibrahim Rugova qu’il appelait le Gandhi des Balkans, nous avons parlé de la force de l’idéal, et j’aime dire de Pannella que c’était un homme de grande spiritualité, de grande spiritualité. Vers la fin il disait : je n’ai pas choisi la matière sainte mais l’esprit saint, non la propriété mais la spiritualité… Ce livre fait ressortir cela de manière vraiment belle… »
 

Marco Pannella, promoteur de la culture de mort

 
Quels étaient donc ces idéaux de Pannella ? Le socialisme, la non-violence, le laïcisme, l’anticléricalisme, en un mot tous les poncifs de la maçonnerie. Le Parti radical que Pannella a fondé et qui accueille également Emma Bonino, l’avorteuse partisane de la révolution sexuelle, plusieurs fois saluée par le pape François, a participé à tous les combats de la culture de mort, depuis la légalisation du divorce et de l’avortement en passant par le droit au blasphème revendiqué sur Radio Radicale. Pannella lui-même a mobilisé son parti au service du nudisme, du « mariage » homosexuel, des droits transgenres, de l’amour libre, de la législation des stupéfiants du démantèlement de l’OTAN et de l’éducation sexuelle obligatoire. En novembre dernier, le Parti radical organisait une marche réclamant l’amnistie pour tous les prisonniers – mais il est vrai que la Conférence épiscopale italienne avait envoyé une délégation.
 
Voilà l’homme porté aux nues par Mgr Paglia. Celui-ci se rappelle, en riant : « Il disait que nous autres catholiques laissions un peu de côté l’Évangile alors que c’est la force qui peut changer le monde – et il m’invitait à rejoindre le Parti radical ». Et d’ajouter que la mort de Panella, disparu en mai dernier, avait été « une grande perte, non seulement pour les gens du parti radical, mais aussi pour notre pays ».
 
Paglia estime qu’il y a grande urgence à construire une unité avec les personnes les plus diverses, comme Pannalla, évoquant son combat pour la libération des prisonniers.
 

Mgr Vincenzo Paglia admire « l’esprit » qui souffle en Marco Pannella

 
Quand le prélat apprend par téléphone que Marco est au plus mal, il est en réunion avec le pape François. Il raconte que celui-ci lui dit : « Vas-y tout de suite, et salue-le pour moi… » « En juillet – Marco était déjà mort – le pape m’a remercié de ce que j’avais fait : “Marco a vécu en croyant, et en payant de sa personne pour ce qu’il croyait” », poursuit Paglia à propos de cet homme qui a vécu en adversaire déterminé de l’Eglise et de tout ce qu’elle enseigne…
 
Paglia, à son tour, peine à contenir son admiration : « Son histoire montre comment un homme peut aider la marche de l’histoire vers la défense de la dignité de tous, et spécialement les plus marginalisés, les plus éloignés. » Les fameuses « périphéries » ? Le prélat poursuit : « J’ai grand plaisir à le dire : Marco était véritablement un homme de spiritualité qui a combattu et espéré contre toute espérance, alors qu’il voyait un monde en décomposition et que cela n’est pas facile. » Son message ? « Nous ne devons pas nous résigner… Nous devons recueillir sa vitalité », insiste Mgr Paglia.
 
Il faut retenir également cette présentation que fait l’actuel président de l’Académie pontificale pour la vie d’un homme qui a mis toute sa force au service de la culture de mort : « Il rêvait d’un couvent établi non selon les règles des autres mais sur les siennes, les règles de la pensée radicale…Il était contre la transcendance, disant que les règles ne descendent pas du ciel, ce sont les hommes qui les créent et qui veillent sur leur observance. Si par la transcendance, il désignait quelque chose d’extérieur, de lointain, de platonique, il est évident que nous devons être d’accord avec Marco, parce que les idées doivent s’incarner dans notre chair ! »
 

Marco Pannella, comme Emma Bonino, salué par François et ses proches

 
Et de raconter l’anecdote de Lesbos : le jour de l’anniversaire de Panella, Paglia lui apporte un livre du pape François et une image que celui-ci donne volontiers à ses amis. C’est le jour, précisément, où le pape s’envole pour Lesbos. Panella, « très ému » selon Vincenzo Paglia, prend aussitôt la plume pour écrire au pape et lui dire : « J’aurais voulu être avec toi ! » « Car il comprenait – raconte Paglia – que c’était là la manière de transformer le monde et l’Italie face à tant de murs qui continuent de se construire. Alors que d’autres arrivent depuis sa mort pour construire de nouveaux murs, le langage de Marco doit continuer d’être entendu, le langage de l’universalité ».
 
Mais à quoi pense-t-il donc en concluant, s’adressant aux auteurs de ce qui semble bien être une sorte d’hagiographie : « C’est un homme qui nous aide à espérer malgré les nouvelles du jour. Je crois qu’aujourd’hui, Marco, plein de l’esprit, continue de souffler, et il nous demande d’aider l’esprit dont le souffle fait bouger l’histoire. Par votre livre, d’une certaine manière, Marco est encore vivant, inspirateur d’une vie plus belle non seulement pour l’Italie mais pour notre monde, qui a besoin plus que jamais d’hommes qui sachent parler comme lui, et il y en a de moins en moins… Je me réjouis de ce que l’esprit de Marco nous aide à vivre dans cette même direction ! »
 
Ce panégyrique aux relents maçonniques est une véritable injure à tous ceux qui se mobilisent pour le respect de la vie et de la loi naturelle que Pannella a combattue avec la dernière énergie. Qu’il émane du président de l’Académie pontificale pour la vie est un signe de l’œuvre de déconstruction actuellement entreprise à Rome.
 

Anne Dolhein