Dans un Etat communiste comme la Chine, tout se régule, même le taux de natalité. Le 13e plan quinquennal est en voie d’« approbation » par le Parti, après avoir été mis au point par le président Xi Jingping avec l’accord des « anciens ». Pour ce que l’on en sait – ou croit en savoir Bloomberg – ce plan vise d’abord la croissance démographique, au contraire des plans précédents qui se focalisaient sur la croissance économique. La Chine romprait ainsi de manière encore plus nette, non pas avec la politique de contrainte démographique, mais avec la politique de l’enfant unique dont elle subit de plus en plus les effets néfastes.
La planification économique chinoise a abouti à une croissance spectaculaire en jouant sur des mécanismes précis : la richesse en hommes de l’« Empire du Milieu », une force de travail incomparable qui lui a permis de devenir « l’atelier du monde ». A cette donnée se sont ajoutées une politique de salaires de misère et la disposition des autres pays du monde à profiter de l’aubaine : la Chine communiste pouvait habilement doser des éléments de liberté et de capitalisme – toujours étroitement surveillés – pour se hisser au rang de deuxième économie mondiale.
La dénatalité menace la croissance de la Chine : le 13e plan quinquennal devrait en tenir compte
Mais la planification antinataliste qui a accompagné le processus de la manière barbare et violente que l’on sait, avec son cortège d’avortements et de stérilisations forcées, et sa persécution sociale et économique à l’égard des contrevenants, porte aujourd’hui ses fruits mortels.
Si la source citée par Bloomberg dit vrai, c’est une véritable révolution que les autorités chinoises désirent mettre en place. Les faits sont là, de toute manière : la population en âge de travailler décroît déjà. En 2014, le nombre des 15-64 ans a chuté de 1,6 millions par rapport à l’année précédente. La population vieillit rapidement : les plus de 60 ans représentaient 12 % de la population en 2010, leur proportion aura quasiment triplé d’ici à 2050 selon les projections. Et la Chine manque de femmes, dans un contexte de « féminicide » dramatique qui voit des familles éliminer leurs filles par avortement ou à la naissance. Les héritiers mâles ont la préférence, mais en outre ils sont ceux qui ont la charge de s’occuper de leurs parents âgés.
Un professeur de l’Institut de Recherche sur la Population de l’université de Pékin, Mu Guangzong, explique ainsi que la seule manière d’éviter la situation d’hiver démographique où s’enfonce déjà le Japon est d’assouplir tout de suite les règles de restrictions sur les naissances afin de « renforcer le filet de sécurité sociale pour les personnes âgées ». « La réforme n’a que trop tardé et elle a été trop cauteleuse. Nous devons passer d’une restriction des naissances à leur encouragement, le plus vite possible. Nous devons faire aboutir un changement radical de notre politique de population », a-t-il déclaré.
Croissance démographique : l’assouplissement de la politique de l’enfant unique n’a pas suffi
Il s’agit en somme d’essayer de compenser le mal qui a déjà été fait par le biais d’une politique coercitive et les conséquences directes et prévisibles de la planification communiste, par une nouvelle politique étatique qui ne rompra pas avec la violation des droits premiers des parents et de leur liberté fondamentale de procréer.
Les premiers assouplissements de la politique de l’enfant unique mis en place en décembre 2013 n’ont pas eu les effets escomptés. Ils sont toujours sous le signe de la contrainte, puisque les couples pouvant prétendre à un deuxième enfant (pas un de plus !) doivent obtenir un « permis de naissance », et que les pouvoirs publics ont conservé toutes les mesures de dissuasion, d’intervention et de sanction en place pour ceux qui ne respectent pas les nouveaux « quotas ». Mais des années de « prédication » sur les méfaits de la famille nombreuse et le coût exorbitant de l’éducation d’un enfant ont fait que le nombre de couples demandeurs est resté largement en deçà des attentes officielles. 1,5 millions de demandes en 18 mois au lieu des 2 millions par an projetées… La planification communiste n’a jamais été une science exacte.
Le 13e plan quinquennal de la Chine reste dans la logique communiste
Si les jeunes couples hésitent à augmenter la taille de leur famille c’est notamment parce qu’ils savent qu’ils auront bientôt leurs ascendants à charge dans un système sans sécurité sociale. Il se dit que le prochain plan quinquennal tentera de remédier à ce problème en mettant en place des dispositifs sociaux tels l’assurance maladie, la prise en charge des personnes âgées, un régime de retraites révisé et des allocations sociales.
Toujours le socialisme et la volonté de tout organiser de manière collectiviste… La Chine ressemblera peut-être un peu plus aux socialismes occidentaux. Et elle perdra une partie de l’avantage de la faiblesse de son coût du travail. Une fois qu’on est entré dans la logique du contrôle, il est difficile d’en sortir et encore plus difficile de revenir sur ses effets néfastes.