Né le 20 juillet 1583, à Bury St Edmunds, dans le Suffolk, à l’ouest de Cambridge, il fut élevé dans le protestantisme. Alors qu’il était étudiant à Cambridge et qu’il visitait St Albans, au nord de Londres, il eut vent de la présence d’un prisonnier catholique dans la ville et décida d’aller le voir pour le convertir.
Pourtant, en parlant avec ce catholique, il fut rapidement convaincu de ses propres erreurs et se convertit aussitôt à la vraie foi. Il voulut désormais faire connaître la vérité à tous. Ainsi, en vue de devenir prêtre, il passa sur le continent en 1607 et commença d’étudier au collège anglais de Douai. Toutefois, en raison d’un tempérament trop fort, il fut expulsé du séminaire en 1611. Deux ans plus tard, soutenu par de nombreux moines, il entra au noviciat du monastère bénédictin anglais de Saint-Laurent, à Dieulouard, en Lorraine ; il y fut ordonné prêtre en 1615. Tout laisse à penser qu’il s’était désormais plié à la discipline.
Après son ordination, il rentra en Angleterre pour exercer son ministère auprès des catholiques persécutés. En 1618, il fut arrêté et emprisonné comme prêtre catholique et agent du pape, une accusation qui pouvait lui valoir la peine de mort. Il fut pourtant libéré en 1623, à la faveur d’une amnistie générale prononcée par le roi Jacques Ier. Il fut cependant banni et s’exila sur le continent.
En 1625, toujours animé par sa mission d’évangélisation, il retourna en Angleterre, et fut arrêté dans l’année. Il fut d’abord emprisonné à St Albans, là-même où il s’était converti. Ses amis parvinrent à le faire déplacer à la prison de la Fleet, à Londres, où les conditions de détention étaient moins pénibles, et d’où il pouvait sortir le jour pour exercer son ministère. Pour évangéliser, il se rendait dans les tavernes et jouait aux cartes avec les clients, les enjeux n’étant bien entendu pas de l’argent, mais des prières. Il recevait aussi de nombreux visiteurs, et traduisit en langue anglaise plusieurs traités qu’il fit publier.
Tout cela agaçait les protestants, qui finirent, en 1641, après la réunion du Long Parlement par Charles Ier, qui régnait jusqu’alors sans parlement et ne faisait pas exécuter les prêtres, par le déplacer à la prison de Newgate, située aussi à Londres, mais beaucoup plus stricte. Il fut jugé en 1642. A son juge qui lui promettait la libération s’il abjurait, il dit : « Mon sauveur a souffert bien plus pour moi que tout cela ; et je suis prêt à subit le pire des tourments pour Lui. » Il fut alors condamné à mort pour trahison, son seul crime étant d’avoir été prêtre catholique.
Alban-Barthélémy Roe, après avoir célébré sa dernière messe, fut conduit à la potence en compagnie d’un autre prêtre, Thomas Reynolds, le 21 janvier 1642. A Tyburn, lieu de l’exécution, il prêcha à la foule avec éloquence. Il fut ensuite pendu et écartelé. Béatifié par Pie XI le 15 décembre 1929, il fut canonisé par Paul VI le 25 octobre 1970, dans un groupe de 40 martyrs d’Angleterre et du Pays de Galles : « Voici comment pria saint Alban Roe peu de temps avant d’être pendu : “Pardonnez-moi, ô mon Dieu, mes innombrables offenses comme je pardonne à mes persécuteurs.” »