Il naquit vers 1225 dans une noble famille napolitaine, au château de Roccasecca, dans le royaume de Sicile. Ayant très jeune ressenti l’appel de la vie monastique, il fut élevé pendant neuf ans par les bénédictins à l’abbaye du Mont-Cassin. Il choisit cependant à ses 19 ans d’entrer chez les dominicains, en avril 1244, peu de temps après la mort de son père. Cette décision suscita pendant un temps une féroce opposition de sa famille, l’ordre dominicain étant un ordre mendiant.
Son choix ayant finalement été accepté, il étudia la théologie et la philosophie à Paris et à Cologne, et fut l’élève de saint Albert le Grand. Dès cette époque, il fit preuve de capacités intellectuelles hors du commun et rédigea plusieurs commentaires d’œuvres chrétiennes et des traités théologiques. Docteur en Ecriture sainte en 1256, il commença d’enseigner la théologie, d’abord à Paris jusqu’en 1259, puis en Italie (à Orvieto puis à Rome). Il écrivit durant cette période un certain nombre d’autres ouvrages, mais c’est en 1266 qu’il entama son œuvre maîtresse, la Somme théologique.
S’ensuivit un nouveau passage à Paris, entre 1268 et 1272, durant lequel il dut faire face à une crise de l’Université consécutive à la diffusion des écrits d’Aristote. Il partit ensuite pour Naples pour organiser l’enseignement des frères dominicains.
En décembre 1273, il eut une révélation surnaturelle en célébrant la Messe : il décida alors de ne plus écrire, considérant que tout ce qu’il avait fait jusqu’alors n’était qu’un « monceau de paille » par rapport à ce Dieu venait de lui révéler de Son mystère. Sa santé, mauvaise, se dégrada alors rapidement. Alors qu’il se rendait au deuxième concile de Lyon, réunit par Grégoire X, il mourut à l’abbaye de Fossanova, dans le Latium, le 7 mars 1274. Recevant le viatique, il déclara : « Je vous reçois, ô salut de mon âme. C’est par amour de vous que j’ai étudié, veillé des nuits entières et que je me suis épuisé, c’est vous que j’ai prêché et enseigné. Jamais je n’ai dit un mot contre Vous. Je ne m’attache pas non plus obstinément à mon propre sens mais si jamais je me suis mal exprimé sur ce sacrement, je me soumets au jugement de la sainte Eglise romaine dans l’obéissance de laquelle je meurs. »
Thomas d’Aquin fut canonisé le 18 juillet 1323 par Jean XXII. En 1567, saint Pie V le déclara Docteur de l’Eglise. Sa vertu et son génie lui valurent le titre de « Docteur Angélique ». Le pape Léon XIII en a fait le patron des écoles catholiques ; il est aussi saint patron des libraires. Il a donné son nom à une école de pensée catholique fondée sur sa pensée : le thomisme. Ses écrits figurent aujourd’hui encore parmi les plus importants de la théologie catholique.
On peut lire dans l’encyclique Fides et ratio, de Jean-Paul II : « Intimement convaincu que “omne verum a quocumque dicatur a Spiritu Sancto est” (“toute vérité dite par qui que ce soit vient de l’Esprit Saint”), saint Thomas aima la vérité de manière désintéressée. Il la chercha partout où elle pouvait se manifester, en mettant le plus possible en évidence son universalité. En lui, le Magistère de l’Eglise a reconnu et apprécié la passion pour la vérité ; sa pensée, précisément parce qu’elle s’est toujours maintenue dans la perspective de la vérité universelle, objective et transcendante, a atteint “des sommets auxquels l’intelligence humaine n’aurait jamais pu penser”. C’est donc avec raison qu’il peut être défini comme “apôtre de la vérité”. Précisément parce qu’il cherchait la vérité sans réserve, il sut, dans son réalisme, en reconnaître l’objectivité. Sa philosophie est vraiment celle de l’être et non du simple apparaître. »