Le pape François est allé en Asie du Sud-Est, où il a prononcé, à Djakarta et Singapour, des paroles propres à scandaliser tout chrétien, Jeanne Smits et moi-même avons parlé de ce désastre religieux. Il reste quelques mots à ajouter hélas sur le manœuvre politique en cours. Promoteur d’un monde sans frontière, François s’adresse à l’humanité non pas en chef de l’Eglise catholique, mais comme s’il était, selon le souhait de l’ancien Premier ministre israélien, à la « tête d’une ONU des religions ». Pour asseoir cet étrange pouvoir, il joue la même stratégie que Jean-Luc Mélenchon : l’alliance avec les masses musulmanes et exotiques, en Europe et hors d’Europe, la créolisation mondiale, où l’écologisme.

La fête de l’Humanité, dernier salon où l’on cause

François Ruffin a été hué à la fête de l’Humanité ce week-end parce qu’il a choisi de rompre avec Jean-Luc Mélenchon pour mieux mener sa carrière tout seul. Pour se faire bien voir au centre, lui qui fut longtemps extrémiste, il a dénoncé son ancien chef et bienfaiteur dans son livre Itinéraire. Ma France en entier, pas à moitié, déplorant le « snobisme de gauche » les « apparatchiks », et les campagnes « au faciès », de la France insoumise. Selon lui, Mélenchon lui racontait sa campagne législative de 2012 contre Marine Le Pen à Hénin-Beaumont en manifestant du « dégoût » pour les électeurs dont il briguait les suffrages : « On ne comprenait rien à ce qu’ils disaient… Ils transpiraient l’alcool dès le matin… Ils sentaient mauvais… Presque tous obèses. » Bien sûr, l’entourage du chef LFI dément ces propos, mais Jean-Luc Mélenchon lui-même a revendiqué la stratégie qui consiste à se détourner des ouvriers, employés et agriculteurs « de souche ». Filmé par Quotidien, il affirme : « Il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires (= immigrés, ndlr). Tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps. Là, se trouve la masse des gens qui ont intérêt à une politique de gauche. »

François Ruffin, François Hollande, le pape François, même stratégie

Cette stratégie, clairement exposée, est celle de Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui, mais elle a été pratiquée par François Ruffin hier et par François Hollande avant-hier pour devenir président de la République en 2012. C’est celle de toute la gauche, qui avait été recommandée au parti socialiste par le « laboratoire d’idées » Terra Nova en 2011 : remplacer le prolétariat français, de plus en plus acquis au RN, par les immigrés et les « minorités », féministes, LGBTQ + etc. C’est aussi manifestement celle du pape François qui n’hésite pas à heurter profondément le sens commun de l’Eglise avec, par exemple, Fiducia Supplicans, mais recueille l’admiration de tous les freaks communautaires, et qui frappe sans relâche sur la tradition, tant par les attaques contre les évêques, cardinaux ou religieuses qui la défendent que par Traditionis Custodes, avec l’approbation de Golias, de La Vie, de La Croix – tout en ouvrant les bras aux migrants du monde entier et en convertissant Rome à la religion de l’écologisme.

Mélenchon, Villepin et Barnier, ouvriers de l’humanité arc-en-ciel

On chicanera cependant Jean-Luc Mélenchon sur un mot : ce n’est pas une politique propre à la gauche, c’est la politique de l’arc-en-ciel. Il faut rappeler pour la nième fois que la révolution d’aujourd’hui avance sous trois drapeaux arc-en-ciel : celui de l’inversion LGBT, celui de la nation arc-en-ciel « antiraciste » de feu Nelson Mandela et de Black Lives Matter, celui de l’écologisme dont le navire amiral est le Rainbow Warrior, le guerrier de l’arc-en-ciel. François, migrantolâtre, lgbt friendly et engagé à fond dans l’écologisme amazonien, est un pape blanc à l’extérieur, arc-en-ciel à l’intérieur. Comme Mélenchon. Comme le Premier ministre Michel Barnier. Comme l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, propagandiste sans nuance de la cause arabe et frénétiquement applaudi à la fête de l’Humanité. L’Humanité qui n’est d’ailleurs plus rouge elle-même, mais arc-en-ciel aussi, on s’en aperçoit quand on prend la peine de la lire. Ou d’observer comment elle se trouve intégrée dans le système. Un seul exemple : pour essayer d’intéresser les adolescents, le gouvernement a institué en 2021 un « passe culture » qui leur permet d’acheter des billets d’opéra, cinéma, théâtre, des livres, etc. : or ce passe culture permet aussi de régler l’entrée à la fête de l’Humanité. La fête de l’Humanité, avec ses concerts et les causeries de Dominique de Villepin, fait partie de la grande Humanité arc-en-ciel dont le pape aspire à guider l’unité spirituelle.

Pauline Mille