Le pape François invente « l’inspiration divine qui habite toute foi »

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Le pape François a solennellement inscrit ses récentes déclarations sur les différentes religions « voulues » par Dieu dans leur diversité et constituant « toutes » un « chemin pour arriver » à Lui dans « l’esprit d’Assise » qu’il a longuement évoqué dans un message aux participants à la Rencontre internationale de prière pour la paix organisée par la communauté de Sant’Egidio à Paris du 22 au 24 septembre. Il les a même renforcées de manière spectaculaire en invitant les participants de multiples confessions à « se laisser guider par l’inspiration divine qui habite toute foi ».

Comment ne pas y reconnaître la doctrine maçonnique, qui refuse le dogme et par là-même la possibilité d’une vérité révélée et même d’une vérité tout court ? comment ne pas y percevoir ce point clef de la pensée des francs-maçons qui, déiste ou pas, oblige chacun à laisser entière liberté aux autres en matière religieuse, cette liberté de conscience qui nie les droits supérieurs de la vérité, et à n’imposer aux autres « frères » ni ses conceptions métaphysiques ni un quelconque livre sacré, chacun devant pouvoir y inscrire ce qu’il veut ? Leur morale est celle des droits de l’homme : est bien tout ce qui sert le bien de l’homme, l’humanisme sans Dieu et sans limites, sinon qu’il n’y a pas de liberté pour les ennemis de la liberté.

 

François voit de l’inspiration divine partout

L’infiltration de ces idées dans l’Eglise ne date pas d’hier mais François les porte à un niveau de visibilité inédit. Ses efforts en vue de la fraternité universelle – pensez à ses encycliques, à Abou Dhabi – ont pris un tournant plus spectaculaire depuis ses déclarations à Singapour à des jeunes de toutes confessions, et aux participants des Rencontres méditerranéennes à qui il affirma : « La diversité de notre identité culturelle et religieuse est un don de Dieu. »

Pas d’appel à la conversion. Pas de prédication de la vraie foi. Seulement de la philanthropie et de la bienveillance universelle ; c’est signé. En s’adressant à la rencontre parisienne de Sant’Egidio, le pape s’abstint pareillement de parler de Jésus-Christ… un « inspiré » parmi d’autres, après tout.

Il le faut pas s’étonner de ce qu’un Emmanuel Macron, qui se présente si volontiers à travers ses mises en scène comme le maître des horloges, ait honoré dimanche l’événement de sa présence en s’y attardant six heures ; une soirée complète marquée d’un discours fleuve où il affirma – au-delà d’une réflexion sur la guerre non dénuée d’intérêt – qu’« il y a des sources d’espérance. Celle par lesquelles l’unanimisme se fait qui permet de bâtir les grands accords que nous savons encore trouver, comme en effet celui pour le climat ».

L’« unanimisme », voilà le mot fort, et l’idée d’un règlement global des problèmes de notre temps. C’est l’affirmation d’un mondialisme qui contourne et dépasse les religions ; d’ailleurs Macron appelle de ses vœux un « nouvel ordre international » : « Un ordre permettant de penser tout ensemble, les questions de paix et de guerre, les questions de développement, les questions technologiques, les questions de climat et de planète, sans priorités. Ce que nous avons essayé de faire avec le Pacte de Paris pour les peuples et la planète. Et il faut le faire dans un ordre où tel ou tel ne peut pas bloquer les autres et où les pays sont dignement représentés. Donc le faire avec des instances beaucoup plus justes, qu’il s’agisse des Nations Unies, de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire international. Cela contribue à cette nécessité, en effet, d’imaginer la paix. » C’est la direction dans laquelle le monde est entraîné derrière l’ONU, avec sa spiritualité horizontale, son refus de la morale traditionnelle, son indifférentisme religieux qui s’abrite derrière la fraternité universelle.

 

La foi en l’homme aboutit au naturalisme maçonnique

Et le discours du pape François est en accord avec cette pensée, cette poussée. Il va jusqu’à dire qu’il faut « se laisser guider par l’inspiration divine qui habite toute foi ».

Qu’on n’objecte pas qu’il évoque là de la religiosité naturelle qui porte l’homme à chercher ce qui le transcende (même si aujourd’hui, l’homme se laisse plutôt porter vers l’athéisme et le refus de Dieu). Les déclarations antérieures, à Singapour ou aux participants aux Rencontres méditerranéennes à Tirana, éclairent justement cette déclaration qui les renforce en retour : il s’agit bien d’affirmer dans dans les croyances elles-mêmes des païens, des hérétiques, des adeptes des grandes religions mondiales polythéistes ou non, cette « inspiration divine » qui les justifierait en quelque sorte.

Or Dieu ne se trompe pas, et il ne nous trompe pas.

On aurait pu imaginer que le pape s’en réfère à la loi naturelle qui est en effet inscrite au cœur de l’homme, lui commandant d’adorer Dieu, d’honorer son père et sa mère, de ne pas tuer l’innocent, de ne pas mentir ni voler… Le voilà, l’héritage commun de l’humanité, abîmé certes, et obscurci dans notre nature déchue, mais terrain d’entente et de dialogue possible entre ceux qui ont reçu la grâce de la vraie foi et ceux qui ne l’ont pas, ou qui l’ont rejetée.

 

François et la confusion entre le Décalogue et la Révélation

Mais parler d’une inspiration divine, c’est autre chose. C’est dire que Dieu parle à l’homme à travers sa foi quelle qu’elle soit, non pas en lui accordant la « grâce prévenante » qui l’attirera vers Jésus-Christ, « le chemin, la vérité et la vie » qui seul peut conduire au Père. C’est à tout le moins attiser la confusion – car toute croyance qui se prétend vraie exclut par le fait même l’adhésion à la vraie foi – et cette confusion a un effet aujourd’hui très clair : elle « enmaçonne » l’Eglise. Elle y instille une manière de voir et de penser qui est celle de la franc-maçonnerie ennemie des dogmes. L’idée que chacun croit ce qu’il veut, et que ce n’est pas bien grave, pourvu qu’on fraternise !

Pie XI dénonçait ces erreurs en 1928 dans Mortalium Animos « sur l’unité de la véritable Eglise ». Il y exprimait l’aspiration des hommes à la paix :

« Jamais peut-être dans le passé, les esprits des hommes n’ont été saisis aussi fort que nous le voyons de nos jours, du désir de renforcer et d’étendre pour le bien commun de la société humaine, les relations fraternelles qui nous lient à cause de notre communauté d’origine et de nature. (…) On comprend donc aisément, et cela d’autant mieux que plus personne ne refuse d’admettre l’unité du genre humain, pourquoi la plupart des hommes désirent voir, au nom de cette fraternité universelle, les divers peuples s’unir entre eux par des liens chaque jour plus étroits. »

Mais il mettait en garde contre l’idée de transposer ces efforts au domaine des croyances religieuses, ce qui ne se ferait qu’au détriment de la foi et la véritable Eglise :

« C’est un résultat semblable que d’aucuns s’efforcent d’obtenir dans les choses qui regardent l’ordre de la Loi nouvelle, apportée par le Christ Notre Seigneur. Convaincus qu’il est très rare de rencontrer des hommes dépourvus de tout sens religieux, on les voit nourrir l’espoir qu’il serait possible d’amener sans difficulté les peuples, malgré leurs divergences, religieuses, à une entente fraternelle sur la profession de certaines doctrines considérées comme un fondement commun de vie spirituelle. C’est pourquoi, ils se mettent à tenir des congrès, des réunions, des conférences, fréquentés par un nombre appréciable d’auditeurs, et, à leurs discussions, ils invitent tous les hommes indistinctement, les infidèles de tout genre comme les fidèles du Christ, et même ceux qui, par malheur, se sont séparés du Christ ou qui, avec âpreté et obstination, nient la divinité de sa nature et de sa mission. »

Et il condamnait, sans hésiter :

« De telles entreprises ne peuvent, en aucune manière, être approuvées par les catholiques, puisqu’elles s’appuient sur la théorie erronée que les religions sont toutes plus ou moins bonnes et louables, en ce sens que toutes également, bien que de manières différentes, manifestent et signifient le sentiment naturel et inné qui nous porte vers Dieu et nous pousse à reconnaître avec respect sa puissance. En vérité, les partisans de cette théorie s’égarent en pleine erreur, mais de plus, en pervertissant la notion de la vraie religion ils la répudient, et ils versent par étapes dans le naturalisme et l’athéisme. La conclusion est claire : se solidariser des partisans et des propagateurs de pareilles doctrines, c’est s’éloigner complètement de la religion divinement révélée. »

L’Eglise une et sainte n’est pas éparpillée parmi les différentes croyances qui ont cours dans le monde ; pas même parmi les différentes confessions chrétiennes qui en sont séparées. Et c’est elle qui ouvre les portes du ciel.

 

Le pape François semble ne plus défendre la foi et l’Eglise, mais le Christ est là

C’est elle aussi qui a la promesse du Christ : « Voici que je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles » ; Il avait déjà affirmé que les portes de l’enfer ne prévaudraient pas contre elle. Ces promesses annonçaient en creux les difficultés que la barque de l’Eglise aurait à traverser du fait des hommes, et des esprits mauvais qui cherchent à perdre leurs âmes.

Aujourd’hui, le désarroi est grand, la confusion évidente, la victoire de l’idéologie maçonnique – qui est aux antipodes de la foi – semble proche sinon acquise dans le monde et pour une grande part, dans l’Eglise. Nous avons l’assurance qu’elle ne s’imposera pas absolument. Mais sans doute le devoir de s’instruire de la vérité, de la connaître et de la défendre a pris une force et une urgence nouvelles, sans se laisser ébranler par les égarements du moment, même en haut lieu.

 

Jeanne Smits