Une découverte historique relève souvent de l’évidence, voir l’œuf de Christophe Colomb. La plus haute cour du Royaume-Uni a tranché à l’unanimité de ses cinq membres un litige opposant le gouvernement écossais, impliqué à fond dans une politique transgenre marquée par le slogan Diversité, équité, inclusion, à l’association féministe For Women Scotland, qui entend défendre les femmes et les distingue des hommes pour cela : elle limite la définition juridique de la femme à la femme biologique, donnant raison aux féministes de For Women Scotland. Cette décision de la Cour suprême britannique a secoué le milieu transgenre et les nombreux politiciens, journalistes, juristes et militants qui le soutiennent : au royaume de l’idéologie, la réalité n’a rien à faire. Et la controverse est repartie.
Cour suprême et stratégie de Trump
Une femme est donc bien officiellement une femme, le bon sens le soufflait, des milliers d’années d’expérience le confirmaient, la science l’avait établi, des juges le disent aujourd’hui, tant mieux. RITV déplore suffisamment l’aide constante et quasiment unilatérale qu’apportent les juges de toute juridiction à la révolution arc-en-ciel, dont ils sont devenus les prétoriens, pour ne pas se réjouir quand une décision va dans le bon sens. C’est un indice, peut-être, que la stratégie de Donald Trump n’est pas si mauvaise : puisque la dictature des rois-juges s’installe, un moyen efficace de la contrer est de mettre la main sur des juridictions importantes quand c’est possible. Avec le jugement de la Cour suprême américaine abrogeant l’arrêt Roe contre Wade, la pitrerie sanglante du massacre des innocents érigé en droit de l’homme a cessé, de même qu’aujourd’hui la décision de la Cour suprême britannique rappelle qu’une femme est une femme, quoi qu’en prétende la bêtise existentialiste.
La décision britannique définit la femme et protège les trans
Regardée de plus près, la décision de la Cour suprême britannique se veut à la fois générale et limitée : « La décision unanime de cette Cour est que les termes “femme” et “sexe” dans la loi sur l’égalité de 2010 se réfèrent à une femme biologique et à un sexe biologique. » Elle protège cependant les transgenres « contre la discrimination directe, la discrimination indirecte et le harcèlement liés à leur genre acquis ». Concrètement, il sera légal d’exclure les transgenres qui se disent femmes de certains espaces réservés aux femmes, centres d’hébergement, hôpitaux, prisons, clubs sportifs. Les questions des toilettes publiques, des écoles, n’ont pas été nommément citées, ce qui promet de belles controverses à venir.
Une femme est une femme : le droit rejoint le fait
Elles ont commencé. La vice-présidente de Women for Scotland, Susan Smith, s’est réjouie : « Les juges ont dit ce que nous avons toujours pensé : les femmes sont protégées par leur sexe biologique. » La patronne de l’opposition conservatrice écossaise, Kemi Badenoch, l’a suivie : « Dire que “les femmes trans sont des femmes” n’a jamais été vrai dans les faits, et ne l’est plus non plus en droit. » Et l’auteur d’Harry Potter, J.K. Rowling, égérie des TERF (trans-exclusionary radical feminists) s’est félicitée de voir « protégés les droits des femmes et des filles » britanniques. A l’inverse l’ONG LGBT+ Stonewall, l’une des principales en Europe, a exprimé la « profonde inquiétude suscitée par les répercussions » de cette décision, « incroyablement inquiétante pour la communauté transgenre ». Pour Equality network et Scottish Trans elle « semble limiter la portée de la reconnaissance de genre, de sorte que le genre des personnes trans ne sera plus reconnu dans de nombreuses situations ».
Malgré l’historique des cours, une décision historique
Au bout du compte, subsiste une impression mitigée. Tout ce bruit pour 8.500 personnes, qui ont obtenu depuis 2004 de la couronne britannique leur certificat de changement de sexe ! Et pour un jugement qui fait la part encore belle, en sous-main, à l’idéologie trans ! On pourra d’ailleurs épiloguer sur la nouvelle autorité que la décision donne au gouvernement des juges chez ceux-là mêmes qui le critiquent. Le fait n’est pas nouveau. Dès le dix-huitième siècle, Montesquieu, magistrat lui-même, venant à peine d’exposer le principe de la séparation des pouvoirs, les Parlements, en qui se confondaient ces pouvoirs, se poussèrent tant du col que Louis XV dut les chasser – et leur rappel par le jeune Louis XVI fut l’une des causes de la Révolution. On pourra aussi se réjouir d’une décision qui prend l’arc-en-ciel à contre-pied pour remettre la réalité au centre du village. Une femme est une femme, cela va sans dire mais cela va mieux quand les juges suprêmes britanniques le disent. Ce n’est pas demain la veille qu’une amatrice de rugby comme moi le répètera, mais c’est le moment de l’écrire : Vive l’Angleterre !