Des Jésuites ont distribué une prière à la Pachamama pour le « Jour de la Terre »

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Infovaticana met au jour la manière dont la province d’Espagne de la Compagnie de Jésus a célébré, le 31 mars dernier, le « Jour de la Terre ». Les Jésuites d’Espagne, ès-qualités, ont distribué un livret destiné aux jeunes et comprenant une prière à la Terre-Mère, la Pachamama nommément désignée.

Une telle invocation adressée non à Dieu ou à ses saints mais à la matière que l’on dote ainsi d’une volonté propre et d’une capacité d’action sur l’homme est en soi païenne et panthéiste. Mais cette évidence n’a pas sauté aux yeux de ces religieux – à moins qu’ils ne l’aient pleinement assumée.

Hélas, la deuxième explication est la plus vraisemblable, tant l’ensemble du livret reprend les thèmes de l’écologisme idéologique et multiplie les références religieuses – la « conversion écologique » promue par feu le pape François, par exemple, et la mise en place de la « durabilité dans notre vie quotidienne ». C’en est même caricatural.

Si on échappe à une énième représentation des fameuses statuettes « Pachamama » qui avaient sévi au synode sur l’Amazonie, les prières proposées ne laissent aucun doute sur l’orientation prise.

 

La prière des Jésuites à la Terre-Mère

Voici celle « à la Terre-Mère » :

« Terre-Mère, apprends-nous à nous aimer comme des frères et à prendre soin de toi avec amour. Guide-nous pour donner lumière, être rayonnants comme le soleil. Pachamama, Pachamama, nous venons te remercier pour toutes les richesses que tu nous donnes. Reçois cette offrande afin que la terre soit bonne. Merci Pachamama et bonne mère. »

Derrière le charabia, que cette traduction tente de rendre exactement, l’intention est nette : non seulement l’oraison est adressée à la planète, à la nature personnifiées, mais il est question d’une « offrande » qui leur est présentée, tel un sacrifice dans le cadre d’un culte religieux. Mais ce n’est pas un culte rendu à Dieu, et dès lors il ne peut qu’être idolâtre.

« On ne sait pas si cette “offrande” comprend des feuilles de coca ou si on peut faire des virements par Bizum [banque en ligne espagnole], mais ce qui est sûr, c’est que la spiritualité proposée par ces Jésuites n’a besoin ni du Calvaire ni de la Croix. Il suffit d’un peu de compost », ironise Diego Lanzas d’Infovaticana.

Au 31 mars dernier – la Semaine Sainte n’était pas loin – une oraison à Dieu était également proposée, mais sans référence à Jésus-Christ ni de mention de la Sainte-Trinité. Elle interpelle le « Dieu des personnes pauvres » : « Aide-nous à sauver les abandonnées et les oubliés de cette terre qui ont tant de valeur à tes yeux. Assainis nos vies, afin que nous soyons protecteurs du monde et non des prédateurs, pour que nous semions de la beauté et non contamination et destruction. » Et cela s’arrête là.

 

La Pachamama souffre de ses 8 milliards d’habitants

Le « Dieu des pauvres » se serait-il trompé en commandant à nos premiers parents de « croître et multiplier » pour remplir la terre ? A en croire ces Jésuites, oui, nous sommes trop nombreux. Sous le titre « Notre foi nous enseigne à transformer le monde », le livret met en garde : « Avec une population mondiale qui avoisine les 8 mille millions d’habitants, la Planète Terre, notre “Maison commune” (LS, Laudato si’) montre des signes toujours plus visibles de dégradation et de mort. La planète Terre, notre foyer commun, est gravement malade. Cela constitue un énorme “signe des temps” pour toute l’humanité d’aujourd’hui… »

Le rapprochement entre le niveau de la population mondiale est sans équivoque. L’homme est l’ennemi de la planète, et c’est d’abord par son importance numérique.

A chacun, prêchent les Jésuites, de réduire sa consommation ; à tous de reconnaitre « la nécessité d’un changement de notre style de vidachamama ». Le néologisme est curieux ; erreur de montage, peut-être ? A moins qu’il ne s’agisse d’une manière de montrer que « tout est lié ». Il est soutenu par une dizaine de citations de Laudato si’.

Le tout est couronné par une proposition d’examen de conscience quotidien « en clef de “résidus zéro” ».

Il commence par un remerciement à Dieu pour la Terre-Mère, et une question : « Où ai-je ressenti aujourd’hui la présence de Aita-Ama-Dieu dans la Création ? » Ce sont les mots basques pour dire « Père-Mère », et il semble que les « ignatiens » aient inventé leur application à un « Dieu » bien particulier. On retrouve l’expression sur le site des Communautés de vie chrétienne (CVX) liées aux Jésuites et à leur spiritualité. Lesdites CVX s’engagent notamment au service de l’arc-en-ciel : « La diversité sexuelle et de genre comme Eglise qui accueille en égalité. »

 

Les Jésuites proposent un examen de conscience centré sur la Pachamama

Mais revenons à l’examen de conscience. C’est une invitation à « écouter le cri de la terre et des personnes pauvres » ; à prendre conscience de la manière dont « mes actions quotidiennes affectent la Terre-Mère et les pauvres » : « Je passe en revue mes actes, un à un, et j’essaie de voir leur relation avec le soin de la Maison commune, et avec la solidarité vis-à-vis des personnes pauvres… »

Suit une demande de « grâce de conversion à l’égard de la justice écologique et de la réconciliation », avec sa liste de péchés :

« Qu’ai-je utilisé aujourd’hui dont j’aurais pu me passer ? Ai-je acheté quelque chose dont je n’ai pas réellement besoin ?… Certaines de mes actions étaient-elles en lien avec l’un des trois “r” (recycle, réduis, réutilise) ? Est-ce que je participe à la culture du déchet ? »

On ne détruit bien que ce que l’on remplace. En soumettant chaque acte de la vie à cette nouvelle morale, ce sont la sainteté et le salut centrés sur le Christ qui passent au second plan. Infovaticana résume : « Disons-le clairement : ce n’est pas que la Compagnie ait perdu le nord ; elle a changé de boussole. Désormais elle pointe vers le sud, vers la selve, vers ce qui est ancestral et panthéiste. Et avec de l’encens recyclé, ça va de soi. »

Gageons que la disparition de l’auteur de Laudato si’ n’aura pas pour effet de tempérer les ardeurs pachamamistes de ces Jésuites. Il ne faudra pas oublier qu’ils se tiendront toujours en embuscade.

 

Jeanne Smits