Elle naquit le 17 avril 1865 à Loosdorf, dans l’Empire autrichien, dans une famille noble pieuse et nombreuse. Eduquée d’abord à domicile puis chez des religieuses, elle entra en août 1886 au couvent des Ursulines de Cracovie, où sa famille avait déménagé quelques années plus tôt ; elle prit le nom religieux de sœur Marie-Ursule de Jésus. Elle nourrissait une dévotion profonde pour l’eucharistie. En 1904, elle fut élue supérieure de son couvent, charge qu’elle occupa pendant trois ans ; en parallèle, elle enseigna et ouvrit un foyer universitaire.

Profondément touchée par la révolution russe de 1905 qui, de son propre aveu, créa en elle « le désir de pénétrer dans ce pays », elle obtint en 1907 l’autorisation et les encouragements du pape saint Pie X pour s’y rendre. Elle s’installa à Saint-Pétersbourg, où elle fonda la Maison Sainte-Catherine, résidence et école pour enfants polonais catholiques. Elle vivait dans la clandestinité, portant des habits civils, les institutions catholiques étant interdites au sein de l’Empire russe, dont elle fut chassée puisque étrangère après le début de la guerre en 1914.

Réfugiée d’abord en Suède, où elle continua d’enseigner et d’où elle resta en contact avec les religieuses de la Maison Sainte-Catherine, elle installa en 1915 sa communauté à Stockholm, année durant laquelle un de ses frères fut élu supérieur général des Jésuites. Puis, en 1917, elle s’installa à Aalborg, au Danemark, et y fonda un orphelinat pour les immigrés polonais.

De retour en Pologne en 1920, elle prit possession d’un couvent à Pniewy, à l’ouest de Poznan, et y fonda la Congrégation des Ursulines du Cœur de Jésus Agonisant, dédiée à l’enseignement. Elle fut encouragée dans cette œuvre par le nonce apostolique d’alors, Achille Ratti, futur pape Pie XI. Le pape Benoît XV l’invita ensuite à Rome, où elle fonda une maison de sa communauté dont elle assurait la direction. La congrégation fut officiellement approuvée par Pie XI le 4 juin 1923, et sa fondatrice et supérieure n’eut de cesse d’en assurer l’extension, tout en prêchant ardemment pour l’indépendance de la Pologne.

Ursule Ledochowska mourut à Rome des suites d’un cancer le 29 mai 1939. Elle fut canonisée par Jean-Paul II le 18 mai 2003 : « Au cours de toute sa vie, sainte Urszula Ledochowska garda, avec fidélité et amour, le regard fixé sur le visage du Christ, son Epoux. Elle s’unissait de façon particulière au Christ agonisant sur la Croix. Cette union la comblait d’un zèle extraordinaire dans l’œuvre d’annoncer, à travers les paroles et les œuvres, la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu. (…) Portant le message de l’amour de Dieu, elle traversa la Russie, les Pays scandinaves, la France et l’Italie. En son temps, elle fut un apôtre de la nouvelle évangélisation, donnant la preuve à travers sa vie et son activité d’une constante actualité, créativité et efficacité de l’amour évangélique. »