Victoire anti-migration à Epping : l’hôtel ne devra plus accueillir de réfugiés

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Les manifestations patriotiques, la mobilisation des gens ordinaires d’Epping, petite ville jadis tranquille au nord-est de Londres, ont eu raison de l’idéologie immigrationniste. C’est une victoire majeure que vient de remporter le conseil de district qui vient d’obtenir de la Haute Cour de Londres une injonction temporaire obligeant le pouvoir britannique à cesser d’y utiliser un hôtel plusieurs fois centenaire comme lieu d’accueil pour des demandeurs d’asile. Les réfugiés, des hommes jeunes et célibataires, sans papiers, d’origine extra-européenne, devront quitter les lieux d’ici au 12 septembre, et, cerise sur le gâteau, le juge a rejeté la demande d’appel formulée par les représentants du ministère de l’Intérieur qui s’étaient réveillés à la dernière minute pour intervenir et dont l’audition avait été refusée au motif qu’elle allait inutilement prendre le temps les institutions judiciaires.

La raison invoquée pour déloger les migrants est d’ordre technique : la décision retient le fait que l’hôtel ne fonctionnait plus comme tel dès lors qu’il recevait des migrants et que cela violait le plan d’autorisations locales de fonctionnement.

La décision crée un précédent dont les opposants à la politique actuelle de migration du gouvernement travailliste de Keir Starmer entendent bien se saisir. En particulier, les 12 conseils contrôlés par le parti Reform de Nigel Farage entendent engager des actions judiciaires semblables, et d’autres à direction « tory » devraient être aussi saisir la justice.

 

La victoire d’Epping fera jurisprudence

Le conseil de Broxbourne, à majorité conservatrice, a déjà signalé sa volonté de monter un dossier alors qu’un hôtel 4 étoiles sur son territoire, le Delta Marriott, accueille lui aussi des migrants. Le gouvernement travailliste risque de se retrouver devant un casse-tête alors que la loi fait obligation aux pouvoirs publics de loger les demandeurs d’asile en attente du règlement de leur dossier. Les opposants à la politique de l’immigration en cours espèrent voir cette dernière modifiée sous la pression de la justice et des faits.

Quelque 200 hôtels sont actuellement utilisés par le ministère de l’Intérieur pour loger des demandeurs d’asile qui continuent d’arriver clandestinement par milliers, souvent par voie de mer depuis la France. Les conservateurs ont joué un rôle dans cette occupation d’hôtel dans des lieux paisible à travers le pays par des migrants : le Bell Hotel d’Epping avaient d’abord été ouvert aux réfugiés en 2020 sous l’autorité de celui qui était alors ministre de l’Immigration, Robert Jenrick, qui devait par la suite le fermer. Sous la pression des nouvelles arrivées, l’hôtel a de nouveau accueilli des migrants depuis l’élection du Labour en juillet 2024.

 

Des réfugiés mâles célibataires face à une population paisible

A Epping, tout est parti de l’agression sexuelle sur une écolière de 14 ans dont est accusé un demandeur d’asile éthiopien. Son affaire est en cours de jugement. Hadush Kebatu, 41 ans, a nié en bloc plusieurs accusations concernant des faits de harcèlement et d’incitation à l’activité sexuelle à l’égard d’une mineure, mais pour la population locale l’affaire ne fait pas de doute ; c’est elle qui a déclenché des manifestations ponctuées de drapeaux anglais et britanniques (à telle enseigne que les pouvoirs publics, dans l’est londonien, par exemple, mais aussi à Broxbourne, ordonnent ces derniers jours leur enlèvement). Les manifestations d’Epping ont duré plusieurs semaines, pacifiques dans leur grande majorité, mais ont entraîné la présence de policiers anti-émeutes qui ont arrêté 28 personnes au fil des jours.

L’argumentation développée par les avocats du conseil d’Epping mérite qu’on s’y arrête. Ils ont souligné que le fait de loger des migrants à quelques minutes à pied de cinq écoles crée un risque « inacceptable » pour les jeunes qui y sont scolarisés, et ce d’autant qu’aucune mesure n’est prise pour empêcher de nouvelles agressions. L’avocat Philip Coppel a ajouté : « C’est un grave problème et il devient incontrôlable : c’est un problème qui provoque une forte anxiété chez ceux qui habitent dans ce district. » Et de prévenir le juge, Mr Justice Eyre, que s’il n’agissait pas cela reviendrait à dire aux habitants d’Epping : « Vous n’avez plus qu’à faire avec. »

 

A qui la faute : aux réfugiés, aux habitants d’Epping ou au gouvernement ?

Le représentant du propriétaire de Bell Hotel, Somani Hotels, qui a tout à gagner de l’occupation des lieux aux frais du gouvernement, affirmait à l’inverse que si les soucis des habitants sont bien réels, les protestations ont pris un tour idéologique et politique en attirant des personnes venues d’ailleurs. Sa solution ? Que le conseil d’Epping demande plutôt une injonction contre les manifestants… Ainsi seraient évités, ajoutait-il, les effets indésirables pour le ministère de l’Intérieur et pour les migrants eux-mêmes.

Il n’a pas été entendu. Et l’affaire sera jugée au fond cet automne, dans un contexte de protestations de plus en plus vigoureuses contre la politique d’accueil qui non seulement provoque la peur au sein de populations paisibles mais représente un poids pour les services publics : ainsi les plus de 100 migrants logés à Epping ont-ils tous d’emblée été inscrits parmi la patientèle des médecins généralistes locaux.

 

Anne Dolhein