Colonialisme : l’Afrique réclame réparations à l’Europe pour les dommages-esclavage

 

La mémoire biaisée des progressistes occidentaux porte ses fruits (pourris). Les petits Français n’ont plus la moindre idée d’un quelconque apport positif de la colonisation, et l’Afrique est plus que jamais encline à demander des réparations de tout acabit. Profitant, cette semaine, d’un sommet des dirigeants africains et caribéens à Addis-Abeba, en Ethiopie, le président de la Commission de l’Union africaine a décidé de copier ses voisins des Caraïbes en réclamant « une justice réparatrice et une véritable libération ».

Nihil novi sub sole ? Oui et non. Les demandes de reconnaissance et de réparations des pays africains à l’Europe coloniale n’ont eu de cesse de se multiplier depuis des années, confortées par l’autoflagellation du Vieux Continent drapé dans sa fausse vertu. Mais si les pourfendeurs blancs du colonialisme les écoutent religieusement, ils en restent le plus souvent là quand il s’agit de passer à l’acte : à gauche, c’est toujours la posture qui importe. Pourtant, alors que les nations des Caraïbes réclament déjà des milliers de milliards de dollars d’indemnisation pour l’esclavage, l’Afrique compte bien formuler ses propres demandes.

 

Présenter un front uni à l’Europe pour faire avancer le dossier des réparations

En janvier déjà, nous l’avions évoqué, l’Union africaine avait établi son thème pour cette année 2025 : « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine par le biais de réparations. » Le ton était donné.

Aujourd’hui, ses 55 membres réclament des « réparations significatives » de la part des « anciennes puissances coloniales » pour l’exploitation des populations, des terres et des ressources du continent. « Aujourd’hui, les descendants d’Africains réduits en esclavage continuent de faire face à des disparités économiques, à des inégalités sociales, à une discrimination systémique et à des préjugés raciaux », a dénoncé le président du Ghana. Elle charge l’impérialisme du XIXe siècle de « l’injustice systémique » qui persiste sur ses terres et réclame, en toute logique, au Vieux Continent du XXIe siècle des dommages et intérêts.

Une démarche similaire à celle des 15 Etats membres de la Communauté des Caraïbes (Caricom) qui réclament depuis plus de dix ans des indemnisations pour l’esclavage. Ils avaient présenté, en 2014, aux anciennes puissances coloniales un « plan en dix points » qui exigeait non seulement une compensation financière, mais aussi des excuses officielles, un allègement de la dette et une aide au développement économique et à l’éducation.

L’Union africaine veut agir parallèlement et y travaille depuis 2023. Elle vise la Grande-Bretagne, la France, le Portugal, l’Espagne, l’Allemagne et la Belgique. Maintenant, il faut savoir quoi réclamer…

 

Esclavage : réparer les torts du passé en Afrique

Car les accusations africaines restent bien vagues. Comme le note The Telegraph, diverses formes d’injustice nécessitant des réparations ont été évoquées, notamment les « disparités économiques entre l’Afrique et les pays du Nord », qui seraient perpétuées par les « pratiques d’exploitation » des multinationales. Il a également été suggéré que, dans le contexte du changement climatique, les « pays industrialisés du Nord portent une responsabilité historique dans la dégradation de l’environnement » et que donc ils devaient payer.

Enfin, « la restitution des objets volés à leurs propriétaires légitimes dans les pays africains constitue une étape vers la restauration et la guérison culturelles ». Le journal britannique note que des musées du Royaume-Uni ont déjà pris des mesures pour restituer, temporairement ou définitivement, des objets, notamment des bronzes du Bénin, de l’or ashanti (Ghana) et des objets sacrés de l’Eglise orthodoxe éthiopienne.

En février dernier, Anne Dolhein nous rapportait qu’un juge jamaïcain, Patrick Robinson, avait estimé les frais pour les seules îles britanniques des Caraïbes : une enveloppe de 18.000 milliards de livres, soit près de 22.000 milliards d’euros, sept fois le PIB annuel du Royaume-Uni (et il ne s’agissait que d’une « sous-estimation »)…

 

Et si le vrai colonialisme était moderne ?

L’Union Africaine doit encore chiffrer et présenter ses factures. Evidemment, elle n’en présentera aucune aux pays arabes et musulmans qui déportèrent jusqu’à 17 millions d’Africains pendant treize siècles. Bat sa coulpe qui veut. Elle ne s’offusquera pas non plus de ses propres aïeux, dirigeants africains, qui vendaient sans sourciller les leurs, déjà réduits en esclavage, aux négriers européens et supplièrent les Blancs de continuer la traite quand ces derniers voulurent y mettre fin.

Elle ne se préoccupera pas, se plaint, dans un article du Telegraph, Nigel Biggar, prêtre anglican universitaire, du coût que représenta la campagne contre l’esclavage menée par la Grande-Bretagne qui abolit la traite négrière 40 ans avant la France. A ce dernier, on rétorquera néanmoins que ses arguments n’étaient pas entièrement humanistes et qu’ils répondaient à d’autres intérêts politiques savants, à la fois extérieurs et intérieurs…

Elle ne jettera surtout pas un seul regard sur les richesses apportées par l’Occident en termes de développement civilisationnel, quoi que tout le discours de gauche puisse en dire, sans compter l’apport de la Bonne Nouvelle, de cette foi catholique, matrice de la véritable civilisation.

Malgré tout, elle peut craindre pour ses demandes un sort semblable à celui que connaissent celles de la Caricom. La Grande-Bretagne les a rejetées, tout comme la France et d’autres anciennes puissances européennes. Le concept de « justice réparatrice » invoqué n’est ni plus ni moins qu’un révisionnisme woke, qui a vocation à demeurer une belle vertu officielle plutôt qu’un programme tangible. La colonisation condamnée d’hier s’est muée en un colonialisme hypocrite qui sert la gouvernance mondiale.

 

Clémentine Jallais