Un exemple du pluralisme du service public : Julia Cagé

 

Pour « analyser » la journée intersyndicale du 18 septembre, Ali Badou avait invité le 19 « l’économiste, spécialiste de l’économie des médias » Julia Cagé. C’est une habituée de l’antenne, où elle a déjà porté cette année six fois sa bonne parole, et du service public en général. On l’a vue aussi à C dans l’air, C ce soir, C politique, C à vous. Comme le service public est pudique, il omet de préciser que Julia Cagé est l’épouse de Thomas Piketty, chef des économistes socialistes et prof de Gabriel Zucman, l’homme à la taxe. Il ne dit pas non plus qu’elle a participé à la rédaction du programme du NFP et qu’elle a lancé l’appel au rassemblement de la gauche en 2024. Elle plaît particulièrement à l’Humanité, qui l’a saluée ce printemps sur X : « Julia Cagé sacrée meilleur économiste d’Europe » (en fait, elle avait seulement reçu le prix Yrjö Jahnsson, remis par une ONG européenne pour saluer ses travaux sur le rôle des médias dans la mobilisation politique). Julia Cagé est donc une militante de gauche socialiste, mais le service le cache pour donner plus d’autorité à sa parole. Ainsi par exemple, en juillet dernier, put-elle, sans donner de « consigne de vote » pour les futures élections, déclarer urgent de « convaincre les électeurs républicains, mais aussi les électeurs de la majorité présidentielle, d’aller voter partout contre l’extrême droite ». Dernier détail : le masquage de sa couleur politique est bien volontaire et dissymétrique. La preuve en a été donnée le 19 septembre quand Ali Badou a tenu à révéler la tendance de son contradicteur sur le plateau de France Inter, Jérôme Sainte-Marie. Lui n’était pas seulement « spécialiste des études d’opinion », mais aussi « chargé de la formation des cadres du Rassemblement national ». Comme quoi on peut à la fois agir en radio d’information et en radio d’opinion !