En Espagne, un prêtre critique du dialogue inter-religieux jugé coupable d’islamophobie

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Custodio Ballester, ce prêtre qui avait osé remettre en cause l’opportunité du dialogue inter-religieux avec l’islam, vient d’être jugé coupable d’« incitation à la haine » par la cour provinciale de Malaga. C’est l’« islamophobie » que l’on a sanctionné chez ce prêtre, à l’encontre duquel le procureur, Maria Theresa Verdugo, avait « requis » trois ans de prison avant l’audience à laquelle elle n’a pas assisté en annonçant au préalable ses intentions à la presse. Celle-ci s’est déroulée le 1er octobre dernier, et son jugement sera complété dans les semaines qui viennent d’une décision sur la peine applicable au prêtre. Celui-ci a déjà déclaré que s’il était condamné à de la prison, il portera l’affaire jusque devant la Cour européenne des droits de l’homme. Il faut ajouter que selon ses amis, il a refusé malgré les pressions du ministère public de transiger pour obtenir une réquisition plus clémente en plaidant coupable.

La condamnation est venue censurer, après une longue procédure, ces remarques faites dans un article de 2016 portant le titre « L’impossible dialogue avec l’islam », et un entretien en ligne donné l’année suivante par le P. Ballester, dans lequel il confirmait ses propos. Dans cet article, il mettait notamment face à face Mahomet le guerrier et le Christ crucifié.

 

En Espagne, un prêtre jugé coupable islamophobie encourt trois ans de prison

Ce n’est certes pas par anticléricalisme qu’une cour civile fait peser la rigueur de la justice sur un prêtre catholique. Custodio Ballester avait dans un premier temps répondu sur son blog Germinans Germinabit à une lettre pastorale du cardinal Juan José Omella de Barcelone, appelant à un dialogue islamo-chrétien renouvelé. Le P. Ballester, incardiné dans ce diocèse, arguait qu’un tel dialogue est « impossible » en soulignant que les chrétiens sont persécutés dans de nombreux pays où les musulmans sont majoritaires. Mais son texte n’appelait aucunement à la violence, et encore moins à la persécution des musulmans, se tenant plutôt sur un terrain théorique et culturel appuyé sur la manière dont l’Eglise évoque les hérésies.

L’Association des musulmans espagnols contre l’islamophobie, subventionnée par les autorités catalanes et présidée par un Espagnol converti à l’islam, Ibrahim Miguel Angel Pérez, s’en était émue et avait déposé plainte contre lui et contre un autre prêtre, Jesús Calvo et le journaliste Armando Robles, accusés de méfaits similaires pendant la même interview en ligne de 2017.

 

L’islamophobie sert à bâillonner la libre expression de la vérité

Les lourdes réquisitions du procureur Verdugo (en espagnol, le mot veut dire « bourreau » !) ont provoqué une forte émotion en Espagne et lors de l’audience, des dizaines de manifestants se sont amassés, brandissant des pancartes réclamant la relaxe de l’abbé Ballester. L’association de défense des chrétiens Abogados cristianos affirme avoir recueilli plus de 28.000 signatures dans une pétition de soutien au prêtre, réclamant l’annulation des poursuites, tandis que l’association HazteOir et l’Observatoire pour la liberté de religion et de conscience, condamnaient les poursuites en déclarant qu’il s’agissait d’une attaque politique contre le christianisme lui-même.

Cette situation a fait déclarer au P. Ballester lui-même que la législation « antiraciste » espagnole est entachée d’une application sélective, puisqu’elle est utilisée contre les chrétiens, alors que les déclarations semblables ou pires les visant, jouissent de l’impunité. Cette législation ressemble fortement aux lois antiracistes françaises, créant des délits allant jusqu’à quatre années de prison et de fortes amendes, peines aggravées lorsque les propos sont diffusés par les médias ou par internet. En France aussi, ces lois sont largement utilisées à sens unique contre les Français – mais grâce aux actions judiciaires de l’AGRIF, l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne, on arrive tout de même à les faire appliquer en faveur des Français et des Chrétiens en France.

 

Espagne : le prêtre coupable d’islamophobie a dit avoir la conscience tranquille

Alors qu’il était sur le point d’embarquer à l’aéroport de Barcelone, le 30 septembre, pour se présenter à l’audience à Malaga, le P. Ballester a répondu aux questions d’InfoVaticana, se disant « résigné et serein ». Il avait été frappé par le psaume récité le matin même : « Remets ton sort à Yahweh et confie-toi en Lui : Il agira : Il fera resplendir ta justice comme la lumière, et ton droit comme le soleil à son midi. » Il rappela comment l’Eglise primitive priait pour « Pierre qui, emprisonné par Hérode, dormait, et qui allait être exécuté le lendemain ; les portes se sont ouvertes et, guidé par un ange, il s’est retrouvé libre et dehors ». « Cela peut se produire aujourd’hui aussi, si nous avons la foi », affirma le P. Ballester.

Même s’il a été jugé coupable, celui-ci avait déclaré à InfoVaticana :

« Dieu ne perd jamais de bataille. Jésus est là, sur la Croix, tirant de l’échec le plus cuisant la plus grande victoire. Nous, ses disciples, ne pouvons espérer un autre chemin. Dieu écoute les prières de son peuple. Les anges les portent jusqu’à l’autel du Ciel comme de l’encens parfumé et Dieu accueille cette offrande. Quoi qu’il arrive, la mort ou la vie, la prison ou la liberté, tout nous sera donné pour notre bien. J’ai la conscience tranquille. »

Et d’ajouter :

« Ce que j’ai dit de l’islam, et non de chaque musulman en particulier, est la pure vérité. L’apôtre Paul dit que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, même ce qu’il y a de plus douloureux. Cherchons le Christ, rencontrons-le et aimons-le d’un amour de gratitude… et nous verrons sa gloire. »

 

Les évêques d’Espagne n’ont pas pris la défense de Custodio Ballester

Notons que le cardinal Omella n’a à aucun moment pris la défense de son prêtre. Selon InfoVaticana, l’archevêque se serait borné à l’appeler au téléphone et à lui dire, sur le ton de la plaisanterie, qu’il lui rendrait visite en prison. Du côté de la Conférence épiscopale espagnole, on a choisi d’observer un silence complet, et dans les grands médias catholiques, le procès a certes été évoqué, mais comme s’il s’agissait de quelque chose de banal.

Décidément, l’Espagne a oublié la Reconquista, dont on rappelle qu’il s’est agi non pas d’une agression vis-à-vis de l’islam, mais de la repoussée d’un islam conquérant.

 

Jeanne Smits