La journaliste Diane Montagna avait fait un travail remarquable après la parution de Fiducia Supplicans en poussant le cardinal Victor Manuel Fernandez, préfet du dicastère de la doctrine de la foi (DDF) à préciser lui-même les contradictions du texte. Toujours en forme, elle lui a refait le coup à propos de Mater Populi Fidelis, la déclaration qui retire certains titres à la Vierge Marie, ceux de médiatrice et co-rédemptrice. Grâce à son talent d’intervieweuse bernique : elle s’accroche à une question sans en dévier, malgré les réponses dilatoires. L’une des craintes les plus communes que suscite Mater Populi Fidelis étant que le statut et l’action éminents de la Sainte Vierge n’y soit pas assez marqués, Fernandez a prétendu que l’expression « coopération unique de Marie à l’œuvre de la rédemption » est utilisée environ 200 fois dans le document. Or Diane Montagna a compté, et le lecteur peut le vérifier, l’expression « coopération unique » n’apparaît qu’une seule fois ; le mot « unique » apparaît 29 fois, tandis que le terme analogue « singulier » apparaît six fois, y compris dans les notes de bas de page. Il faut croire que le président du DDF ne sait pas compter.
Fernandez en fuyant jette toujours des mots comme la seiche son encre
Fernandez prétend aussi que « beaucoup » de mariologues ont été consultés pour l’élaboration du document. Pourtant le P. Maurizio Gronchi, consultant du DDF, qui a présenté le document avec le cardinal Fernández, a déclaré à ACI Prensa le 19 novembre, qu’« aucun mariologue collaborateur n’avait pu être trouvé ». Et le P. Salvatore Maria Perrella, OSM, mariologue, a déclaré que Mater Populi Fidelis « aurait dû être préparé par des personnes compétentes en la matière ». Sans doute le préfet du DDF souffre-t-il de trous de mémoire. En revanche, il a fait preuve d’une fluidité verbale et d’une ingéniosité rhétorique exceptionnelles pour noyer le poisson sur un point capital : que veut dire le texte de Mater Populi Fidelis lorsqu’il écrit que le titre co-rédemptrice est « toujours inapproprié ». Diane Montagna, fidèle à son obstination, a dû répéter trois fois : « Pourquoi avez-vous utilisé le terme toujours ? Faites-vous référence au passé, d’autant plus qu’il a été utilisé par les saints, les docteurs et le magistère ordinaire ? » Enfin, Fernandez a lâché : « Non, non, non. Il fait référence au moment présent. »
En fait, « toujours » signifie : « désormais dans certains textes »
D’où une nouvelle question : « Alors, “toujours” signifie “à partir de maintenant” ? » C’est là que le cardinal a confirmé : « A partir de maintenant, sans aucun doute. » Et il ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il a expliqué que « l’expression ne sera utilisée ni dans la liturgie ni dans les documents du Saint Siège » mais qu’on « peut l’utiliser » si on en comprend la « véritable signification ». Voilà qui est clair comme du jus de boudin : « toujours » signifie « à partir de maintenant dans les textes officiels », et ne s’applique pas dans certains cas à l’usage privé. Victor Manuel Fernandez s’est fait connaître du grand public, bien avant d’être cardinal, par un livre sur la passion mystique où la confusion du vocabulaire frisait la pornographie, et qui a dû être retiré de la vente pour cela : peut-être devrait-il consacrer ses talents à autre chose que l’expression d’une pensée précise. D’autant plus quand il s’agit de foi.











